Ahmed Cherkaoui est un peintre marocain (Boujad, 2 octobre 1934 - Casablanca, 17 août 1967). Il est considéré comme l'un des précurseurs de la peinture moderne au Maroc. Issu par son père de la grande famille Cherkaoui dont un des aïeux, Mohamed Cherki, est un soufi célèbre, et par sa mère, qui meurt alors qu'il est encore jeune, d'un village berbère du Moyen Atlas, Ahmed Cherkaoui passe son enfance à Beni-Mellal. Il s'initie à la calligraphie et étudie le Coran puis poursuit ses études secondaires à Casablanca, approfondissant auprès d'un maître réputé son apprentissage de la calligraphie. Désirant partir pour Paris, il exécute différents travaux, panneaux publicitaires, affiches et peintures d'enseigne. Arrivé à Paris en 1956, Cherkaoui s'inscrit à l'Ecole des Métiers d'Art dans la section arts graphiques où il étudie les techniques de la lettre, de la décoration et de l'affiche. Son diplôme obtenu en 1959, il dessine pour la maison Pathé Marconi les maquettes des pochettes de disques du département orienta. Ses premières peintures, figuratives, sont des paysages marocains. Il éprouve un choc lorsqu'il découvre la peinture de Bissière au Musée d'Art Moderne de Paris : « Lorsque j'ai vu Bissière pour la première fois, j'ai été tellement ému que j'ai pleuré. J'ai éprouvé un choc terrible devant ses œuvres. J'avais devant moi la beauté incarnée », confiera-t-il. La même année, il expose pour la première fois ses peintures, faisant le choix de la toile de jute comme support. En 1960 Cherkaoui entre à l'Ecole des Beaux Arts de Paris. Associé aux peintres de l'Ecole de Paris, il tente la synthèse entre les traditions artistiques populaires marocaines et la modernité artistique européenne. Il expose pour la première fois au Maroc, au « Salon de la jeune Peinture » de Rabat. Ayant reçu en 1961 une bourse d'un an pour étudier à l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie, sa peinture évolue au contact des recherches graphiques polonaises et son vocabulaire de signes s'enrichit. En juin, juste à la fin de son séjour polonais, il expose ses nouvelles œuvres à Varsovie. De retour au Maroc en août 1961, Ahmed Cherkaoui traverse une période de doute et d'interrogations. Il s'intéresse alors au monde des signes étudiant les graphismes des tatouages, des poteries. Bientôt il brise la structure de ces signes en les intégrant, en marge de toute allusion figurative, à ses compositions et se constitue son langage personnel. Participant à plusieurs expositions collectives, à Paris comme à Casablanca, il est encouragé par Gaston Diehl, président fondateur du Salon de Mai et alors attaché culturel auprès de l'Ambassade de France au Maroc. La même année Cherkaoui s'installe pour l'hiver à Paris où il travaille à une série de gouaches. En 1962, il présente une exposition personnelle et il participe à l'exposition «Peintres de l'Ecole de Paris et Peintres Marocains» organisée par Gaston Diehl à Rabat. Invité au Salon de Mai, il y rencontre Ludmilla qu'il épousera l'année suivante. Il fait également partie des expositions «Ecole de Paris 1962», à la Galerie Charpentier, et «Dix peintres du Maghreb», présentée en 1964 par Pierre Gaudibert à la galerie Le Gouvernail, avec Benanteur, Bouqueton, Guermaz et Khadda. Cherkaoui est par la suite présent dans de nombreuses expositions collectives notamment en France et au Maroc, mais aussi en Algérie, en Espagne, au Japon et en Suède. En mai 1965 il prend un poste de professeur de dessin d'art au collège d'enseignement technique de Beaumont-sur-Oise. Il participe en 1966 au «Festival International des Arts Nègres» de Dakar et à l'exposition «Six Peintres du Maghreb » à Paris, présentée en 1967 à Tunis, avec notamment Benanteur et Guermaz. Il envisage alors de rentrer au Maroc : « Je cherchais à Paris la célébrité, j'y renonce, je rentre au Maroc, je veux former les enfants de chez nous; si nous voulons sortir du sous-développement, il nous faut tous mettre la main à la pâte ». À moins de trente-trois ans, il meurt à Casablanca des complications d'une crise d'appendicite. De nombreux hommages à Cherkaoui sont organisés dans les années suivantes. En 1991 une exposition «Peintres du Maroc : Belkahia, Bellamine, Cherkaoui, Kacimi», est présentée à l'Institut du monde arabe de Paris, qui réalise en 1986 une rétrospective «Cherkaoui ou la passion du signe».