Griots, photos, banderoles, projection de films: les organisations caritatives n'ont pas lésiné sur les moyens pour faire parler davantage la crise humanitaire qui frappe Diffa, ville du sud-est du Niger à la frontière du Nigeria d'où Boko Haram lance des raids meurtriers. « Ici, c'était au moment où l'aide affluait pour les réfugiés ! », commente la jeune Aïcha, une visiteuse de l'exposition photos commémorant la célébration de la Journée mondiale de l'action humanitaire, délocalisée ce weekend pour la première fois à Diffa, capitale régionale proche du lac Tchad qui abrite quelque 300.000 réfugiés nigérians et déplacés internes du groupe islamiste. « Ces gens vivent l'enfer car la communauté internationale les oublie petit à petit », déplore Aïcha dont la famille héberge une dizaine de déplacés, ayant fui les toutes premières attaques des islamistes nigérians contre le Niger en février 2015. Officiels nigériens, travailleurs de la soixantaine d'ONG intervenant dans la zone et des responsables onusiens ont assisté à cette manifestation avec pour devise : « Une seule humanité ». Pour les humanitaires, célébrer cette journée à Diffa devrait permettre de focaliser les bailleurs de fonds sur le conflit du bassin du lac Tchad - principal refuge des combattants islamistes - à cheval entre le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun. D'après l'ONU, le conflit de Boko Haram, qui a fait plus de 20.000 morts depuis 2009, a aussi engendré "la plus grande crise de déplacés en Afrique" avec plus de 2.4 millions de déplacés.