Le président du Niger a appelé mercredi son peuple à la «mobilisation générale» contre Boko Haram après une série d'attaques contre son pays, son homologue nigérian se disant confiant dans la lutte contre le groupe islamiste armé. Le peuple doit soutenir les forces de défense et de sécurité, notamment par le renseignement, dans la lutte contre Boko Haram, a déclaré le président nigérien Mahamadou Issoufou depuis Bilma (nord), dans un discours diffusé par la radio nationale. Le Niger, longtemps épargné par Boko Haram, a été la cible de plusieurs attaques depuis vendredi, dont un attentat-suicide manqué ce mercredi. Le Parlement nigérien a voté lundi à l'unanimité l'envoi de 750 soldats au Nigeria contre les insurgés islamistes, qui contrôlent une large partie du territoire frontalier côté nigérian. Au Nigeria, le président Goodluck Jonathan, largement critiqué pour son inaction et son incapacité à réduire l'insurrection islamiste active depuis six ans et qui tient désormais une partie du nord-est du pays, s'est voulu rassurant, à un mois et demi des élections. «Nous avons très bon espoir que dans les semaines à venir, les opérations militaires s'accéléreront» contre Boko Haram, a-t-il déclaré dans un entretien télévisé en direct sur plusieurs chaînes nationales. «Au départ, nos voisins n'étaient pas très engagés» contre le groupe islamiste, mais la donne a changé, a ajouté M. Jonathan. Pour pallier l'inefficacité de l'armée nigériane, le Tchad voisin, s'estimant directement menacé, s'est lancé dans la bataille le 3 février, intervenant au Cameroun, au Niger puis au Nigeria. Et l'ensemble des pays de la région (Tchad, Niger, Nigeria, Cameroun et Bénin) se sont mis d'accord le 7 février pour mobiliser 8.700 hommes dans une force militaire régionale contre Boko Haram. L'insurrection de Boko Haram a fait depuis 2009 plus de 13.000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria. Le groupe, qui a proclamé un califat dans les territoires qu'il contrôle et qui affiche sa proximité idéologique avec Al-Qaïda et le groupe Etat islamique, multiplie les raids meurtriers dans les pays voisins. Deux femmes, probablement des "kamikazes", se sont faites exploser, mercredi 11 février, dans un quartier réputé être le fief de Boko Haram, à Diffa, dans le sud-est du Niger, aux frontières nigériennes, apprend-on auprès d'une source médicale nigérienne. « Alors que des militaires nigériens procédaient à des fouilles des maisons dans le quartier, une femme est sortie de l'une d'entre elle, recouverte d'un long voile. Au moment où elle a retiré celui-ci, pour actionner sa bombe, un militaire lui a tiré dessus, la neutralisant, mais n'empêchant pas l'explosion ", a expliqué Dr Mamadou Alio, responsable médicale. En revanche, la seconde est parvenue à se faire exploser, a expliqué la même source sans fournir de précision quant aux pertes en vie humaine provoquées. Un habitant du quartier a affirmé avoir entendu "deux explosions de bombes" mais "ignore s'il y a eu des morts ou des blessés". En raison d'attaques et explosions répétées de Boko Haram au sud-est du Niger depuis cinq jours, Niamey a décidé d'instaurer un état d'urgence mardi soir, dans la région de Diffa, pour un délai de 15 jours à compter du mercredi 11 février, à minuit. Par cette décision, le gouvernement nigérien a accordé aux forces de sécurité, la permission de procéder à des perquisitions à domicile de jour et de nuit. Les fouilles sont systématiques dans des maisons suspectes», a déclaré un cadre gouvernemental, pour qui armée et police nigériennes auraient procédé à «de nombreuses arrestations». Environ 3 000 militaires nigériens sont déjà déployés dans la région. Ils sont épaulés par plus de 2 000 Tchadiens. Des contrôles de sécurité renforcés et des fouilles ont été mis en place à toutes les entrées de la ville de Diffa. Les forces de sécurité se montrent particulièrement vigilantes sur les engins à deux roues, utilisés par les combattants de Boko Haram pour mener leurs attaques, et qui sont désormais interdites dans la ville.