De temps en temps, il serait bon, d'autant plus en ce mois de toutes les bontés (bien que, décidemment indétectables chez certains, mois sacré ou pas...) de faire montre d'une pincée de tolérance face, justement à des relents d'intolérance qu'on s'applique à essaimer ci et là. Dans ce registre ; la grille télévisuelle ramadanienne en prend pour son grade et de tous les coups ! Normal, dira-t-on : une télévision est, par définition, trop visible. Et en plus, elle nous regarde. Au Ramadan, on achève bien les productions nationales. Qui aime bien, châtie bien. Oui, mais quand même ! Les réalisateurs, les « équipes d'écriture », les boites de prod' engrangent un sacré pactole. Mais qu'ils fassent au moins preuve de rigueur et de bonne volonté vis-à-vis d'un public aussi peu dupe que plus exigeant, c'est tout ce que demande le bon peuple. Le cru, ou la potion 2014 ont eu ceci d'exceptionnel que menaces de procès et de manifestations devant le siège du ministère de la Communication sont brandies et font désormais partie du décor. Oula ! Ne poussez pas ! Au risque de sembler à contre-courant, malgré cette pratique à la mode érigée en système genre machine à sous où les bingos sont devenus plus fréquents rue El Brihi et à Aïn Sbäa qu'à Las Vegas, eh bien, cette grille nous semble vouloir agir en bonne intelligence avec un téléspectateur branché et moderne. Oui, si l'audimat explose, c'est qu'on nous propose de bonnes choses. Si le contraire s'avérait, ce serait la harira et la chabakia qui volerait la vedette à « Kenza f'douar », à « Zeina » », à « L'couple », à « Al Ghalia »... Comme son titre indique autre chose, c'est-à-dire un simple prénom, la bien nommée série «Al Ghalia », par exemple, mérite plus, dira-on, d'affection. Critiquée, à tort, et en même temps adulée, « Al Ghalia », diffusée par 2M chaque mercredi, est un de ces produits créatifs qui laissent transparaitre l'effort collectif. Un effort consenti, justement pour éviter ce gouffre de l'indifférence, voire de l'oubli, suprême punition aux yeux de son ou de ses auteurs. Ce serait faire injustice envers cette « Al Ghalia », qui mériterait un sort comparable à celui d'une « Bnat lalla Mennana », qu'on re-revoit avec autant de plaisir. Un seul critère, une seule justification, la qualité et la rigueur. Le thème de cette série lui aussi séduit, de par son ouverture d'esprit et de son champ de liberté, l'histoire de la jeune Al Ghalia qui, contre vents et marées, tente de construire un monde propre à elle, où elle jouira de sa liberté dans ce monde d'exclusion anti femme. Elle se révolte, donc, contre les dogmes ambiants et veut briser les chaînes des coutumes qui entravent son épanouissement, et par conséquent celui de la femme marocaine. Réalisé conjointement par Ahmed Bouaroua et Redouane Kacimi, cette création rassemble ce qu'on qualifierait ailleurs de casting de rêve, composé d'acteurs et de comédiens de différentes générations : Naïma Lamcharki, Fatima Khaïr, Mohamed Kheyi , Mustapha Dassoukine, Yassine Ahajjam, A. Moutâa, A. Chennaoui, A. Khattab... Si, en général, notre audiovisuel fait tout pour s'auto-ensevelir avec une persévérance ubuesque, il serait salutaire de dénicher, s'il le faut, ce bon grain caché sous massive ivraie décidemment omniprésente. En somme, de voir cette »maudite » télévision bien en face. Et de l'aimer, si elle le mérite et même si la chose s'avèrerait bien rare !