Lionel Messi touche au but: âgé depuis vendredi de 29 ans, la star argentine peut s'offrir le plus beau des cadeaux, la Copa America 2016 ce dimanche contre le Chili, et mettre fin à une longue et indigeste attente de vingt-trois années. Messi n'est plus seulement la «Pulga» (la puce), ce surnom enfantin qui l'accompagne depuis son arrivée en Europe à l'âge de 13 ans.Il est en train de devenir le «barbudo», en référence à cette barbe très «hipster» qu'il arbore depuis son arrivée aux Etats-Unis et qui fait beaucoup parler en Argentine. Cette barbe est plus qu'une simple déclaration de style et symbolise peut-être son entrée dans la période de la maturité dans sa carrière internationale. Cette Copa America 2016 avait pourtant mal débuté: éprouvé par une longue saison avec le FC Barcelone, touché au dos et sorti prématurément lors du seul match de préparation, contre le Honduras, il avait en plus dû faire un crochet par l'Espagne pour comparaître dans son procès pour fraude fiscale. Du coup, il a suivi du banc des remplaçants l'entrée en lice de l'Argentine, contre le Chili (2-1), avant de faire une pige remarquée contre le Panama (5-0) avec un triplé en moins de trente minutes de présence sur le terrain. Contre la Bolivie (3-0), dans un troisième et dernier match de poules sans grand enjeu, Gerardo Martino l'a aligné pendant la seconde période où il a fait souffrir la défense bolivienne, sans marquer. Mais depuis sa titularisation contre le Venezuela en quarts de finale (4-1), il est intenable: il a brisé le rêve de la «Vinotinto» en offrant à Gonzalo Higuain le premier but argentin dès la 8e minute, puis en portant le score à 3-0 en début de seconde période. - Trois finales, aucun but marqué - Rebelote contre les Etats-Unis en demi-finales mardi (4-0) avec un but et deux passes décisives: mieux, encore, d'un splendide coup-franc, il a inscrit son 55e but sous le maillot ciel-et-blanc pour devenir le meilleur buteur de l'histoire de l'Albiceleste, devant Gabriel Batistuta (54) et Hernan Crespo (35), loin devant le légendaire Diego Maradona (34). Il ne lui reste plus qu'à briser la malédiction des finales alors que l'Argentine n'a plus remporté de titre depuis la Copa America 1993. Car s'il a été élu meilleur joueur du Mondial-2014 et de la Copa America 2015, il est reparti du Brésil et du Chili sans le trophée le plus important, celui de champion, récupéré par l'Allemagne (1-0 après prolongation) il y a deux ans et par le Chili (0-0 a.p., 4 tirs au but à 1) en juillet dernier. Point commun de ces deux finales --trois si l'on inclue la finale de la Copa America 1997 perdue 3 à 0 contre le Brésil--, l'Argentine n'a pas marqué. Messi est très attendu alors qu'on souligne régulièrement le déséquilibre entre ses palmarès en club avec le Barça (huit titres de champion d'Espagne, quatre éditions de la Ligue des champions, autant de la Coupe du Roi) et en sélection (un titre de champion du monde des moins de 20 ans en 2005, un titre olympique en 2008). En cas d'échec, Diego Maradona ne l'épargnera pas, lui qui regrettait il y a peu encore son «manque de personnalité»: «Si nous perdons, qu'ils ne rentrent pas !», a déjà lancé le «Pibe de Oro», vainqueur de la Coupe du monde 1986. «Espérons cette fois que ce soit la bonne», veut croire l'intéressé.