Pour la troisième fois en trois ans, l'Argentine disputera la finale d'un grand rendez-vous grâce à l'inévitable Lionel Messi qui a ensorcelé les Etats-Unis, dominés 4 à 0 en demi-finale de la Copa America 2016, mardi à Houston (Texas). L'Albiceleste est fidèle à son désormais traditionnel rendez-vous de la finale: comme lors de la Coupe du monde 2014 au Brésil et de la Copa America 2015 au Chili, elle n'est plus qu'à 90 minutes du titre. Et sur ce qu'ils ont montré depuis le début du tournoi et, plus encore, contre les Etats-Unis, Messi et ses coéquipiers peuvent espérer dimanche contre le Chili ou la Colombie, opposés mercredi dans la seconde demi-finale, une issue plus heureuse que lors de leurs deux précédentes finales. Avec Messi, à son meilleur niveau, l'Albiceleste peut oublier les désillusions du Mondial-2014 et de la Copa America 2015 où elle a laissé échappé le titre, en prolongation face à l'Allemagne (1-0), puis aux tirs au but face au Chili (0-0 a.p. 4 tab à 1). La longue attente de toute un peuple passionné de football, mais sevré de trophée depuis la Copa America 1993, est peut-être bientôt terminée. Messi dépasse Batistuta Messi fait en tout cas tout pour, comme ont pu le constater des joueurs américains qui n'ont rien pu faire pour stopper le phénomène. Il ne lui a fallu que trois minutes pour faire redescendre sur terre "Team USA" et ses supporters qui s'étaient pris à rêver d'un exploit à domicile. La "Pulga" (littéralement la "Puce") a pris à contrepied la défense américaine avec une astucieuse remise en feuille morte, reprise de la tête au premier poteau par Ezequiel Lavezzi. Son but à la 32e minute, sur un coup franc direct de près de 25 mètres en pleine lucarne du but américain, est un autre de ses chefs d'oeuvre qui ont fait sa légende : il a laissé sans réponse le gardien américain Brad Guzman avec un tir d'une précision et d'une puissance diaboliques. Il lui a aussi permis d'écrire une nouvelle page de l'histoire du football argentin : avec son cinquième but du tournoi, il a en effet dépassé Gabriel Batistuta (54 buts) pour devenir le meilleur buteur de l'histoire de la sélection argentine. Moins de cinq minutes après le retour des vestiaires, Gonzalo Higuain assommait définitivement les Etats-Unis en exploitant une erreur défensive (50). ‘Trop de respect' Malgré l'entrée en jeu du prodige Christian Pulisic, les Etats-Unis, privés de trois joueurs importants (Jones, Bedoya, Wood) sur suspension, n'ont jamais réussi à inquiéter un adversaire bien trop fort et serein. Pire, à cinq minutes du coup de sifflet final, Messi punissait une dernière fois les Etats-Unis en récupérant une relance hasardeuse: il servait dans la surface de réparation Higuain pour son deuxième but de la soirée. Les statistiques sont sans pitié pour les Etats-Unis: ils n'ont cadré aucun tir quand l'Argentine a monopolisé le ballon (68%, 622 passes réussies) et a mis à contribution à huit reprises le portier américain. Mais fidèle à son tempérament et échaudé par les échecs de 2014 et 2015, le quintuple Ballon d'Or qui disputait son 112e match sous le maillot argentin, refuse de s'emballer: "Depuis le premier jour du tournoi, nous jouons de façon spectaculaire et nous méritons d'être là, nous travaillons. Pourvu que cette fois soit la bonne", a-t-il espéré. Le sélectionneur des Etats-Unis Jürgen Klinsmann a souligné de son côté la prestation "exceptionnelle" de Messi et de ses coéquipiers: "On a vu pourquoi cette équipe est la meilleure du monde (...) elle est vraiment spéciale", a noté l'ancien international allemand. "Mais j'ai trouvé qu'on leur avait montré bien trop de respect", a-t-il regretté.