Le musicien, compositeur et musicologue Belaïd El Akkaf continue sa petite croisade personnelle, mais qui ne manquera point de jeter son ombre sur le tissu culturel marocain, compte tenu des révélations qu »il sème ici et là, et les critiques, forcément acerbes qu'il ne se gène nullement d'émettre sur un domaine, vaste, qu'il connait de l'intérieur et sur le bout de ses doigts de virtuose depuis plus de cinq décennies. Dans son dernier ouvrage autobiographique, « Du quartier yacoub el Mansour à la mondialité », il égrène au compte-gouttes les bribes de son existence depuis ce quartier populaire de la capitale, dont il est l'enfant malgré ses origines amazigh, jusqu'à la reconnaissance, en passant par les multiples et innombrables rencontres et les tracas kafkaïens de l'Administration etc. « La principale motivation qui m'a incité à écrire ce livre, c'est de plonger dans les détails des souffrances qu'à connu chacun de ceux qui appartiennent à la génération des « Anciens Jeunes ». J'ai voulu écrire sur mon temps parce que j'ai vécu les évènements que je relate dans les chapitres de ce livre, avec une langue quotidienne simple de tous les marocains. Le courage de l'écriture, assure l'ex leader d'Ousmane, m'a poussé à décrire avec détails tout ce que j'ai vu pendant mes voyages partout dans le monde, avec l'espoir que le lecteur soit ouvert sur la culture de l'autre et croire en le droit à la différence ». L'écriture de cet « autolivre » lui a demandé trois an de labeur et de réflexion, entre 2012 et 2015, s'appuyant essentiellement sur sa propre mémoire (soit 56 ans de matière brute), ne disposant pas des moyens logistiques nécessaires pour archiver ou encore séquencer : « heureusement que j'ai gardé les photos que j'ai prises depuis mon bas âge ». Le livre n »a pu voir le jour qu'en 2016 vu le manque de moyens financiers réservés à l'édition. « Dans certains chapitres du livre, je parle des obstacles que je confrontais chaque jour, et aussi de ceux qui m'ont mis les bâtons dans les roues, surtout après mon retour de l'ex Union Soviétique. Mais je croyais en la citation : « tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir »... je relevais les défis avec résistance et je bosserais dur contrairement à ceux qui ont abandonné l'aventure de l'art après avoir été battus... Il y en a ceux qui ont quitté définitivement le Maroc pour vivre dans des pays d'accueil qui savaient profiter de leur talent pour atteindre des objectifs. C'est vraiment une perte pour le Maroc ! « Quand on a essayé, nous les « Anciens Jeunes » de réparer ce qui est encore réparable, on fut affrontés à des arrivistes qui ont trouvé « la route goudronnée » et croyaient qu'on n'était pas compétents et dépassés... « Une fois le Maroc réveillé de son sommeil, on s'est retrouvé devant une nouvelle vague de jeunes (pour ne pas généraliser) qui n'aimaient pas leur identité, et ne connaissaient pas leur culture et leur patrimoine à cause de l'influence occidentale sur eux, vu leur maitrise de la nouvelle technologie qui a envahi leurs idées ; voilà qui les a poussé à perdre leur identité et à juger que toute production artistique marocaine est sous-développée par rapport aux autres pays occidentaux ». Dans cette épaisse autobiographie, le musicien raconte, le long chemin parcouru en partant de rien, de la cité Yacoub El Mansour, quartier populaire mais pas populeux de Rabat, jusqu'à son arrivée à l'universalisme, en gagnant des médailles d'or et autres et des diplômes de reconnaissances (USA, France) et honoré par d'hommages nationaux et Internationaux et participé à des concours internationaux de musique de haut niveau, ainsi qu'à plusieurs festivals dans plusieurs pays... Des titres de noblesse et une carrière qui ne semblent pas encore prêts d'atteindre la ligne d'arrivée.