« Désolé pour le retard, mon téléphone n'a pas sonné » Cette excuse a été entendu un peu partout ce matin, samedi 4 juin, aux portes des centres d'examen régional unifié de la première année du Baccalauréat. En effet, du fait d'un bug, l'horloge des Smartphones s'est automatiquement ajustée au changement d'heure, et le logiciel qui gère l'alarme a suivi, mais malheureusement 24 heures avant le passage officiel à l'heure GMT qui était prévu pour la nuit du samedi - dimanche. Conséquence immédiate, les réveils ont sonné avec une heure de retard et des élèves qui se sont présentés eux aussi aux centres d'examens avec une heure de retard, une situation angoissante pour les candidats et leurs familles et une perturbation du déroulement des examens. Catastrophés, des candidats courent vers les centres d'examens, dans l'espoir d'arriver à temps mais les responsables des centres leur en fait savoir que conformément aux instructions du ministère de l'éducation, aucun retard ne peut être toléré, et leur refusent, l'accès aux centres. La réponse est venue justement du ministère, qui a été très réactif et pédagogique. Un communiqué du ministère, rendu public via son service de communication, a précisé que le ministère a pris en compte cette variation d'horaire imprévue et qu'il compte y remédier en permettant aux retardataires qui n'ont pas pu rejoindre les centres d'examen à 08h00 de bénéficier d'un examen de rattrapage la matinée du vendredi 10 juin tout en maintenant l'horaire fixé initialement pour cet examen. Décision très pertinente pour rassurer les familles, préserver les droits des candidats et éviter à des élèves une sanction qu'ils auraient jugée injustes vu qu'ils se voient eux-mêmes victimes des opérateurs téléphoniques. A noter que les fameuses pages « Tassribat » toujours très actives cette année, défiant le ministère de l'éducation et annonçant des fuites qui se sont avérées fausses et infondées, n'ont pas jugé opportun de prévenir leurs visiteurs, comptés par milliers, de ce changement d'horaires. Un raté qui en dit long sur les véritables motivations des administrateurs de ces pages qu'on ne peut que condamner. Hassan BENMAHMOUD +++ Soupçonnées d'implication dans des fuites des épreuves du bac Arrestation de 21 personnes dans plusieurs villes du Royaume La police judiciaire, appuyée par les services régionaux et centraux de lutte contre la criminalité informatique, ont procédé, vendredi et samedi, à l'arrestation de 21 personnes soupçonnées d'être impliquées dans des opérations de fuite des épreuves du baccalauréat, à Rabat, Salé, Témara, Kénitra, Tanger, Marrakech, Oujda, Fès, Meknès, Taza et Safi, a indiqué la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Ces arrestations s'inscrivent dans le cadre des investigations menées par les services de la sûreté nationale pour lutter contre les actes de fraude aux examens du baccalauréat, a précisé la DGSN dans un communique. Selon les premiers éléments de l'enquête, les personnes arrêtées, parmi lesquelles figurent des candidats aux examens du baccalauréat et des étudiants aux instituts et facultés d'informatique, sont soupçonnées d'être impliquées dans la création et la gestion de pages sur les réseaux sociaux dédiées aux fuites des épreuves tout en offrant des réponses moyennant des sommes d'argent. Les opérations de fouille, menées par les services de sécurité, ont permis la saisie de matériel informatique connecté à Internet, outre des téléphones portables et des écouteurs utilisés pour faciliter l'opération de fraude. Les suspects ont été placés en garde à vue sur instructions des parquets compétents, alors que les opérations préventives menées par les services de la DGSN se poursuivent en vue de lutter contre toutes les formes de fuite des épreuves des examens, a souligné la même source +++ Baccalauréat et Ramadan La session de tous les défis Par Meriem RKIOUAK* Hamza, un étudiant en deuxième année du baccalauréat, branche sciences mathématiques, ne sait pas à quel saint se vouer. A mesure qu'approche la date fatidique des examens du baccalauréat, qui coïncideront cette année avec le mois de Ramadan, le jeune homme est pris d'une angoisse invincible qui lui ôte sommeil et appétit. Car, le jeûne semble être une véritable épreuve d'endurance qui s'ajoute aux épreuves de ce jour tant redouté et à la pression de la famille pour qui le baccalauréat est plus qu'une étape de la vie scolaire, une porte d'avenir. Dans de telles conditions, Hamza, à l'instar de plusieurs parmi les 432 mille candidats environ attendus à la session du baccalauréat de juin 2016, n'est pas sûr de pouvoir assurer. Cela fait plusieurs années que la session normale du baccalauréat ne s'est pas tenue pendant le mois de Ramadan. Entre la faim, la soif (le Ramadan coïncide aussi avec la période estivale), le stress et le manque de sommeil, la partie sera difficile et les bacheliers devraient mettre les bouchées doubles pour la gagner. Si certains tentent de garder leur sang-froid et de mettre toutes les chances de leur côté en multipliant les heures d'études et les cours supplémentaires, convaincus que leur ambition et détermination auront raison de la faim, de la soif et de tous les autres obstacles, d'autres broient du noir en voyant le "Jour J" approcher à grands pas, et sombrent de plus en plus dans l'anxiété, voire la dépression. Cette situation s'avère aussi pénible pour les bacheliers que pour leurs parents. Face à la détresse de son fils, la maman de Hamza, une femme au foyer, est complètement désemparée. "Mon fils, d'habitude social, jovial et pas du tout sédentaire, a beaucoup changé durant ces dernières semaines. Il sort maintenant rarement, passe le plus clair de son temps enfermé dans sa chambre et a des cernes sous les yeux. A table, il est absent, silencieux et ne finit jamais son assiette. Quant aux études, il les a désormais en horreur, lui qui était si brillant et si estimé par ses professeurs. Je suis très inquiète pour lui", confie-t-elle. Sans doute, la perspective de passer à jeûne – et avec obligation de résultat - un examen aussi déterminant que le baccalauréat, avec toute la charge symbolique et tout l'aura et le "prestige" que lui confèrent à tort ou à raison les familles marocaines, ne peut que rajouter aux soucis de Hamza et de ses "confrères" qui se sentent pris dans un engrenage qui les dépasse. Que faire ? Abandonner la partie et sacrifier tout une année d'études ? "Reporter" le jeûne après les examens, quitte à éprouver des remords et devenir la risée de la famille et des camarades ? On dirait que les élèves et leurs parents sont devant un choix cornélien entre le devoir religieux qui doit être accompli, et l'avenir estudiantin et professionnel qui doit être construit et dont le baccalauréat est la pierre angulaire. Si pour la maman de Hamza, il n'est pas question que son chérubin faillisse au quatrième pilier de l'Islam sous quelque prétexte que ce soit, Mohamed, cadre supérieur dans la fonction publique, ne voit rien de mal à ce que les élèves rompent le jeûne durant les jours des examens puisqu'il s'agit, pour reprendre ses termes, d'un "cas de force majeure". Il en a même fait la proposition à sa fille bachelière. "J'ai beau lui expliquer que dans pareils cas, la nécessité fait loi et qu'elle peut compenser les jours qu'elle n'a pas jeûnés après le Ramadan, rien n'y est fait. Elle est déterminée, coûte que coûte, à se présenter à jeûne aux examens. Il semble qu'elle prend cela comme un défi personnel et je ne peux que lui souhaiter bon courage", dit-il non sans fierté. Le professeur Abdelmajid Loukili, directeur du Centre Najah de formation, coaching et conseil, n'est pas contre la rupture du jeûne par les élèves qui passent les examens pendant le Ramadan. Si, pour lui, il était plus judicieux et plus logique de reporter la date des examens pour permettre aux élèves de faire le Ramadan, il n'empêche que les candidats peuvent, à défaut, arrêter le jeûne durant la période des examens s'ils sont fragiles physiquement et si le jeune, couplé à la fatigue et au stress, est susceptible de leur causer des problèmes de santé (évanouissement, fièvre...). "Je reçois dans mon cabinet plusieurs élèves et parents pour qui cette question – baccalauréat et Ramadan – constitue une source d'occupation principale. D'autant plus que les épreuves se dérouleront les premiers jours du ramadan, une période qui se caractérise par tout un chamboulement du rythme de vie et du système alimentaire, une baisse de la concentration...pour pouvoir tenir le coup, je leur conseille de manger bien et équilibré après la rupture du jeûne et avant l'aube, et d'emmener avec eux, à la salle d'examen une bouteille d'eau et quelques dattes afin de parer à tout incident de santé". En attendant le 7 juin, date de début des examens, nos braves bacheliers n'ont qu'à prendre leur courage en main et bien se préparer, scolairement mais aussi mentalement et psychiquement parlant, tout en observant quelques règles d'or : bannir, autant que faire se peut, le stress, l'anxiété et les idées noires, s'armer d'espoir et d'optimisme et, surtout, ne pas surestimer la tâche et garder confiance en soi.