Le bureau exécutif de l'Association Driss Belmamoun pour la recherche et la création dans l'art du Melhoun a choisi de rendre hommage à la pyramide de cet art séculaire en la personne du grand poète et chercheur inénarrable, de par ses nombreuses et importantes créations dans le domaine : le vétéran Hadj Ahmed Souhoum. Il suffit de prononcer ce nom dans n'importe quelle réunion culturelle ou artistique, qu'un débat approfondi se lance entre les assistants, tellement ce personnage a marqué durant des décennies par son savoir le monde magique de cet art mythique. Car, à travers les ondes de la radio et l'écran de la télévision, son apparition était synonyme d'apprentissage, tels des cours académiques de haut niveau. Ce qui incitait les étudiants des Facultés des lettres et des sciences humaines à s'approcher de plus près de ce legs longuement marginalisé, par l'étude et la réalisation de mémoires soutenues brillamment, constituant un riche répertoire auquel nos générations futures s'intéresseront de plus près. Ainsi, grâce au soutien du département de la Culture et de quelques bonnes volontés, ce noble héritage national reprend avec force son élan et se fait remarquer aux quatre coins du pays et dépasser les frontières pour s'illustrer avec faste. Je me souviens de mes premières rencontres amicales avec ce personnage unique en son genre, au début des années soixante du siècle dernier, chez mon oncle Ahmed Zellou au domicile de mes grands parents maternels au quartier Bab Chaâfa à Salé. Lors de ces rencontres instructives, je savourais avec intérêt ce flot de connaissances étendues que j'ignorais dans ma jeunesse, en tant qu'étudiant au conservatoire Dar Moulay Rachid pour la musique andalouse. Grâce à cette amitié sincère, je découvrais le monde magique du Melhoun et je commençais à joindre l'utile à l'agréable, en mêlant les deux formes d'art dans nos soirées du jeudi, organisées à tour de rôle dans les grandes demeures des notabilités slaouies. Vingt ans après, quelques bonnes volontés nous poussent à créer une entité propre à cet art. Ahmed Souhoum était derrière cette initiative et proposa l'étude du projet créateur de l'Association Slaouie pour la Renaissance du Melhoun au mois de Janvier 1982. La présidence fut confiée à feu Moulay Driss Belmamoun, et le bureau fut constitué par des noms du domaine à savoir : Hadj Mhammed Benghanem, Hadj Mhammed Nadem, Hadj Abdallah Hassouni, Hadj Mohammed Bensaïd, Hadj Larbi Zellou, l'auteur de ce billet en tant que secrétaire général, et bien sûr notre conseiller artistique, l'éminent professeur Hadj Ahmed Souhoum. Celui-ci proposa même de louer un local à ses propres frais pour nos réunions mensuelles tellement il était engagé, corps et âme, à voir ce projet se réaliser pour assurer l'avenir à cet art qu'il affectionne et pour lequel il bataillait sur plusieurs fronts. Aujourd'hui, en rendant hommage à cet illustre personnage dans le cadre de ces quatrièmes journées nationales de la N'zaha, nous sommes convaincus qu'un tel événement sera l'occasion d'inciter les académies des lettres et des sciences humaines et les autres départements concernés, d'organiser des journées d'études dignes de ce grand homme de la culture et des arts...A bon entendeur, salut !