La Russie profitera la semaine prochaine d'une réunion avec l'Otan, une première en 22 mois, pour protester contre le renforcement militaire «absolument injustifié» de l'Alliance dans les pays baltes depuis la crise ukrainienne, a indiqué vendredi son ambassadeur à Bruxelles. «L'Otan a décidé, usant du prétexte de la crise ukrainienne, de changer d'attitude (envers la Russie) et aujourd'hui nous avons un renforcement militaire dans la zone balte, qui de notre point de vue est absolument injustifié», a déploré l'ambassadeur russe auprès de l'Alliance, Alexandre Grouchko, devant des journalistes à Bruxelles. «Les relations entre l'Otan et la Russie sont très mauvaises. De fait, nous n'avons pas d'agenda positif» depuis que l'Otan a suspendu toute coopération pratique avec Moscou pour protester contre l'annexion de la Crimée en mars 2014, a-t-il ajouté. L'Otan avait alors promis de garder les canaux, de dialogue politique, ouverts, mais de fait, le Conseil Otan-Russie, organe d'échange et de coopération, ne s'était plus réuni depuis juin 2014. Signe d'un léger réchauffement, les 28 pays de l'Otan et la Russie ont convenu de se réunir à nouveau le 20 avril à Bruxelles au niveau des ambassadeurs. «L'Otan a décidé de s'élargir, de s'approcher des frontières russes», a rappelé l'ambassadeur. Puis, en réponse à l'annexion de la Crimée puis de l'offensive des séparatistes prorusses en Ukraine, «l'Otan a déployé des forces supplémentaires, augmenté son activité militaire sur une base de rotations, elle a amené de l'équipement, créé des sites de stockage pour ses armes et matériels militaires, augmenté la taille et le nombre de ses exercices qui ont lieu dans des zones adjacentes à la Fédération russe», a-t-il énuméré. «Cela change bien sûr la situation militaire dans la région (...) qui pendant des années a été l'une des plus sûres en termes de menaces militaires classiques, sans conflits gelés ou problèmes majeurs», a insisté M. Grouchko. «L'Otan doit choisir quelle genre de relation elle veut avec la Russie sur le long terme», a plaidé M. Grouchko, déplorant la «logique de dissuasion» de l'Alliance. L'Otan décrit le renforcement de sa présence militaire, qui devrait encore être accrue dans les mois à venir et bénéficie d'un fort engagement américain en troupes et en équipements, comme une «réponse proportionnée» à de «nouvelles menaces» sur son flanc, découlant d'une attitude «plus ferme» de la Russie. Un avion militaire américain intercepté par un chasseur russe Un avion militaire américain de reconnaissance a été intercepté par un chasseur russe «de façon dangereuse et non professionnelle» lors d'un vol de routine dans l'espace aérien international au-dessus de la mer Baltique, a annoncé samedi le Pentagone. «L'avion américain opérait dans l'espace aérien international et à aucun moment il n'est entré en territoire russe», a affirmé une porte-parole du Pentagone, Laura Seal, en précisant que l'incident entre l'engin américain, un Boeing RC-135, et le russe, un chasseur Soukhoï Su-27, avait eu lieu jeudi. Cet incident est le deuxième de la semaine entre les armées américaine et russe. Des avions russes n'ont cessé de survoler le destroyer américain USS Donald Cook cette semaine, notamment mardi lorsqu'un bombardier Soukhoï SU-24 était passé à seulement neuf mètres au-dessus du navire dans une «configuration d'attaque simulée», selon le centre européen de commandement de l'armée américaine. La Russie a nié le caractère provocateur ou imprudent de cette action. «Ces interceptions aériennes dangereuses et non professionnelles peuvent potentiellement blesser gravement tous les équipages de pilotes impliqués», a estimé Mme Seal à propos du plus récent incident, celui de jeudi. Et «plus grave, les actions dangereuses et non professionnelles d'un seul pilote peuvent potentiellement provoquer une escalade inutile des tensions entre nos pays», a-t-elle ajouté. «Il y a eu des incidents répétés depuis l'an dernier avec des avions militaires russes qui sont venus suffisamment près d'autres véhicules aériens et maritimes pour soulever de sérieuses inquiétudes sécuritaires, et de tels comportements nous laissent très inquiets», a ajouté le Pentagone. Jeudi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait eu des mots très forts pour condamner le survol du destroyer américain. «Nous condamnons ce genre de comportement. C'est inconscient. C'est provoquant. C'est dangereux. Et aux termes des règles d'engagement, l'avion aurait pu être abattu», avait déclaré John Kerry à la chaîne en espagnol de CNN à Miami. «Nous avons informé les Russes du danger que cela représente et nous espérons que cela ne se reproduira plus», avait ajouté le chef de la diplomatie américaine. Le porte-parole du ministère russe de la Défense, le général Igor Konachenkov, a affirmé jeudi qu'il s'agissait d'un «vol d'entraînement» dont l'itinéraire passait au-dessus de la zone où naviguait le destroyer. Les manœuvres russes ont commencé lundi, alors que le destroyer se trouvait à 70 km des côtes russes selon Moscou, à 130 km selon Washington, au large de l'enclave russe de Kaliningrad. «C'est plus agressif que tout ce que nous avons vu depuis un certain temps», a ajouté un responsable militaire américain sous couvert d'anonymat, précisant que l'un des Su-24 était «si près qu'il a provoqué des remous dans l'eau». La Russie voit d'un mauvais œil toute manœuvre américaine ou de l'Otan dans la mer Baltique, qu'elle considère comme sa zone d'influence, étant l'héritière de l'URSS dont faisaient partie les trois pays baltes, Lettonie, Lituanie, Estonie. Les Etats-Unis auraient pu abattre l'avion russe Les Etats-Unis auraient pu, en vertu de leurs règles d'engagement, abattre l'avion de chasse russe qui a survolé un destroyer américain qui croisait dans les eaux internationales de la Baltique au large de la base russe de Kaliningrad, a déclaré jeudi John Kerry Le destroyer Donald Cook naviguait dans les eaux internationales de la mer Baltique, au large de l'enclave russe de Kaliningrad, lorsqu'il a été survolé mercredi à plusieurs reprises par deux avions russes Su-24, l'un d'eux descendant à moins de 9 mètres du bâtiment, comme pour une «attaque simulée», a indiqué le commandement des forces américaines en Europe (Eucom). En réponse au Pentagone qui a dénoncé des survols «agressifs», la Russie a démenti jeudi toute provocation de ses avions de chasse. Le secrétaire d'Etat John Kerry a exprimé jeudi son vif désaccord. «Nous condamnons ce genre de comportement. C'est inconscient. C'est provoquant. C'est dangereux. Et aux termes des règles d'engagement, l'avion aurait pu être abattu», a déclaré John Kerry à la chaîne en espagnol de CNN à Miami. «Les gens doivent comprendre qu'il s'agit d'une affaire grave et que les Etats-Unis ne se laisseront pas intimider en haute mer», a-t-il insisté. «Nous avons informé les Russes du danger que cela représente et nous espérons que cela ne se reproduira plus», a précisé M. Kerry Le porte-parole du ministère russe de la Défense, le général Igor Konachenkov, a affirmé jeudi qu'il s'agissait d'un «vol d'entraînement» dont l'itinéraire passait au-dessus de la zone où naviguait le destroyer. «Lorsqu'on se trouve proche d'une base marine de la flotte (russe) de la Baltique, le principe de liberté (de circulation) des navires américains ne limite pas le principe de liberté de voler des forces aériennes russes».