Au chapitre de l'inflation, M. Jouahri précise que celle-ci demeure modérée et continue d'être rythmée par la variation des prix des produits alimentaires frais, qui représentent 12,1% du panier de l'IPC, et des prix des carburants, après la libéralisation de leurs prix. L'inflation sous-jacente continue d'osciller autour de 1%. Pour ce qui est des finances publiques, le Wali de Bank Al-Maghrib précise que le déficit budgétaire poursuit son amélioration après le dérapage de 2012, favorisée par -le recul des cours des produits pétroliers qui s'est traduit par une baisse sensible de la charge de compensation, celle-ci étant passée de 54,9 milliards de dirhams en 2012 à 14 milliards en 2015, soit de 6,5% du PIB en 2012 et 1,4% en 2015. - les entrées des dons en provenance des pays du CCG. Toutefois, l'endettement du Trésor s'est inscrit sur une tendance haussière passant de 45,4% du PIB en 2008 à 64 % en 2015 (dont 49,6% du PIB en dette intérieure et 14,4% en dette extérieure), un niveau élevé par rapport à la moyenne des pays ayant la même notation. Le déficit du compte courant s'est inscrit en nette atténuation depuis 2012, reflétant : - essentiellement l'allégement de la facture énergétique ; - la performance à l'export de la construction automobile et, dans une moindre mesure, des ventes de phosphates ; -les entrées en dons des pays du CCG. Favorisés par la stabilité politique du pays, les IDE continuent d'affluer avec un montant annuel moyen de 38 milliards de dirhams depuis 2013, orientés principalement vers l'immobilier et l'industrie notamment les industries alimentaires. L'encours des réserves de change continue de se renforcer. Il est passé de 4 mois d'importations en 2012 à 6 mois et 24 jours en 2015 et devrait continuer à s'améliorer à hauteur d'un mois de couverture additionnel par an. En conséquence, la situation de la liquidité bancaire s'est nettement améliorée passant d'un besoin de 40,6 milliards de dirhams en 2014 à 16,5 milliards en 2015, et devrait passer à une situation excédentaire à partir de cette année. Malgré la détente des taux débiteurs et l'amélioration de la liquidité bancaire, le crédit bancaire, notamment celui destiné aux entreprises, évolue à un rythme faible en lien avec : - le ralentissement des activités non agricoles ; - le désendettement de certains grands groupes ; - la baisse des financements liés aux arriérés de la caisse de compensation et aux importations de produits énergétiques ; - la montée des risques dans certaines branches. Concernant les perspectives de l'économie nationale, M. Jouahri note qu'en 2016, l'activité économique devrait enregistrer un net ralentissement, avec une croissance autour de 1%. Elle devrait reprendre pour avoisiner 3,9% en 2017, sous l'hypothèse d'une récolte céréalière moyenne de 70 millions de quintaux. Cette forte décélération en 2016 reflète une baisse de 13,8% de la valeur ajoutée agricole, compte tenu d'une production céréalière estimée à 38 millions de quintaux. La croissance non agricole devrait rester atone autour de 3%. L'inflation devrait ressortir à 0,5% en 2016, en lien avec l'affaiblissement de la demande intérieure et la faible inflation importée. En 2017, elle devrait augmenter à 1,4%. Le déficit budgétaire devrait ressortir en ligne avec les objectifs du gouvernement à 3,7% du PIB en 2016 et à 3,1% du PIB en 2017, favorisé par le niveau bas des prix du pétrole et les entrées des dons CCG. Ces même facteurs, conjugués à la poursuite de la performance à l'export, notamment de l'automobile, devraient se traduire par une atténuation du déficit du compte courant à 0,1% du PIB en 2016 et à 0,3% en 2017. Les réserves internationales nettes devraient se renforcer, pour assurer la couverture de 7 mois et 21jours d'importations en 2016 et 8 mois et 15 jours en 2017. M. Jouahri prévoit une amélioration de la situation de la liquidité bancaire qui deviendra excédentaire à partir du deuxième trimestre 2016 et une progression du crédit bancaire au secteur non financier limitée en 2016 mais qui devrait s'accélérer en 2017, reflétant l'amélioration de la demande intérieure.