La question de la mise en œuvre du droit des Marocains résidant à l'étranger au vote et à l'éligibilité, et partant à la représentativité politique au sein des instances élues, notamment à la Chambre parlementaire des Représentants, demeure une revendication ajournée depuis des décennies, non tranchée en dépit des multiples promesses formulées dans ce sens. Ainsi s'est exprimé Maître Khalid Trabelsi, Président de l'Observatoire national des droits de l'électeur, à l'ouverture d'une conférence organisée, avant-hier mardi à Rabat, en collaboration avec l'institut allemand Konrad Adenauer, sous le thème « Quelle participation des MRE aux législatives 2016 ? ». Cependant, a-t-il poursuivi, la Constitution 2011 a consacré ce droit, comme le stipule son article 17, de même que le discours royal, à l'occasion du 30ème anniversaire de la Marche Verte, qui a décliné quatre décisions importantes, allant de la représentativité authentique et rationnelle des MRE à la Chambre des Représentants, à la création du Conseil supérieur des Marocains de l'étranger, présidé par le Souverain, passant par la mise en place d'arrondissements législatifs et par la garantie de l'accessibilité des nouvelles générations marocaines de l'étranger au vote et à l'éligibilité. La parole a été, ensuite, donnée aux intervenants, dont en premier le spécialiste des questions de l'immigration, le professeur Abdelkrim Belguendouz, qui a imputé au gouvernement un manque de volonté manifeste de faire avancer les choses sous le prétexte invariable des conditions non encore mûres. « Les conditions ne vont jamais mûrir, a-t-il soutenu, dans la mesure où rien n'est sérieusement entrepris pour ce faire. Et tant que les partis politiques suscitent la question de la participation lorsqu'ils sont dans l'opposition, quitte à l'abandonner, une fois aux commandes ». Pour sa part, le député parlementaire du PJD, M. Abdelali Hamiddine, a cité l'exemple de l'Algérie, de l'Egypte et de la Tunisie, dont les ressortissants à l'étranger participent à la vie politique nationale, avant de prêcher pour que la liste nationale, réservée aux femmes et aux jeunes, soit étendue en trois volets pour comprendre également les MRE, précisant que la majorité des 5 millions de Marocains du Monde se trouve en France. Quant au député parlementaire istiqlalien, M. Adil Benhamza, il a mis en évidence la lecture particulière donnée par le ministre de l'Intérieur à l'article 17 de la Constitution 2011. Lecture qui ne fait pas de la participation des MRE aux législatives un impératif constitutionnelle. Il a recommandé le recours au Conseil constitutionnel pour trancher cette question, rappelant que le groupe istiqlalien à la Chambre des Représentants avait présenté, en 2014, une proposition de loi pour la création d'arrondissements législatifs dans les pays de résidence.