Accroitre la compétitivité des pays de l'Afrique du Nord en s'appuyant sur les recommandations du dernier Rapport sur la compétitivité en Afrique, tel était l'objet d'une journée de réflexion organisée par la Banque Africaine de Développement (BAD), récemment à Tunis. De nombreux participants représentant le secteur public, les partenaires techniques et financiers, le secteur privé, la société civile et des institutions de recherche, issus de chacun des pays francophones de la région dont le Maroc ont y pris part. Objectif : débattre des questions relatives à la compétitivité économique dans la région. Analyses, points de vue et perspectives ont ainsi été échangés sur des enjeux majeurs, outre les principales réformes à mettre en œuvre pour améliorer la compétitivité dans chacun des pays représentés et, plus globalement, à l'échelle régionale. Cet ateliera été aussi l'occasion de présenter et de discuter les conclusions du Rapport 2015 sur la compétitivité en Afrique, co-publié la BAD, le Forum économique mondial, la Banque mondiale et l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE). Intitulée « Transformer les économies d'Afrique », le rapport 2015sur la compétitivité en Afrique passe au crible les performances des économies du continent. L'atelier a également permis de nourrir, pour chacun des pays représentés, un dialogue entre acteurs du secteur privé, du secteur public et partenaires techniques et financiers, dans le but de définir, ensemble, les priorités à même d'améliorer la compétitivité de leurs économies respectives. A l'ouverture de cette rencontre, Jacob Kolster, directeur du Département régional Afrique du Nord de la BAD, dont le siège est à Tunis, a souligné : «En Afrique du Nord, la contribution du secteur privé au développement socio-économique s'avère largement inférieure à son potentiel, en raison précisément d'un manque de compétitivité ». Il a affirmé aussi, un avis partagé par tous les intervenants, que les pays d'Afrique du Nord, ayant connu des bouleversements politique, économique et social majeurs, sont tous soucieux d'améliorer leur climat des affaires et de restaurer la confiance des investisseurs. C'est le cas du Maroc qui a engagé un processus de réformes économiques d'ampleur, ce qui lui a permis de booster sa compétitivité économique, et de distancer même ses voisins en la matière. Dans sens, Audrey Verdier-Chouchane, économiste en chef du Département de la recherche de la BAD, a souligné les disparités existant entre les pays d'Afrique du Nord de la région en matière de compétitivité. Le Maroc y occupe la meilleure place (72e place mondiale sur 144 pays recensés), suivi de l'Algérie (87e), de la Tunisie (92e), la Mauritanie (138e) clôturant la marche dans la région. Malgré ces avancés, le Maroc et ses voisins sont appelés, pour créer davantage d'emplois pérennes et asseoir une croissance de qualité, d'accomplir davantage de progrès et d'efforts. Le Rapport en question met en effet en lumière les principaux freins qui y entravent pratique des affaires. L'accès au financement, l'inefficience de l'administration et la prévalence de la corruption figurent en tête des faiblesses qui altèrent l'environnement des affaires dans la région. L'édition 2015 du Rapport met également l'accent sur les secteurs de l'agriculture, l'industrie manufacturière et des services. L'agriculture, qui souffre encore d'une trop faible productivité, pourrait ainsi profiter de l'intégration dans les chaînes de valeur agricoles, qui faciliterait la création d'entreprises agroalimentaires à même d'accroître la valeur ajoutée des biens exportés. S'agissant du secteur des services, qui joue un rôle croissant dans la compétitivité des économies de la région – notamment dans les exportations –, il faut assouplir la règlementation des services pour le rendre plus compétitif. En somme, cette journée de travail a permis de formuler plusieurs recommandations et actions prioritaires pour doper la compétitivité des pays de la région, parmi lesquelles figurent le renforcement de la transparence et la bonne gouvernance ; la promotion de la concurrence et l'ouverture des marchés ; la réduction de la bureaucratie administrative, l'intégration davantage des chaînes de valeurs, notamment dans le secteur agricole et l'industrie agroalimentaire ;un enseignement de meilleure qualité, l'investissement dans la R&D et l'innovation ; le développement de la culture de l'entrepreneuriat ; et le renforcement des infrastructures avec des plateformes logistiques adaptées aux exigences des industries...