La représentation chez Abdellah Lyamani est plus qu'un choix, c'est un langage qui lui colle à la peau, sens et essence. Figuratif dont la pensée plastique a donné lieu à une série de thèmes qui varient par leur singularité, l'artiste a fait de la forme féminine un noyau fédérateur. La femme prend toujours les devants de la scène, elle est à la fois imaginaire et sensuelle, et n'en demeure pas moins spectaculaire. L'exposition actuelle se décline sous le thème de la danse, la danse comme prétexte à une scénographie à multiples connotations. En optant pour ce registre plastique universel et la rythmique qui qualifie ses mouvements, Lyamani voit converger vers sa toile diverses tendances figurales, diverses façons de colorier ses personnages et de les positionner. Primordiale, la couleur va focaliser sur une ambiance dynamique et sur une distribution de la lumière à même de spécifier son répertoire. Autrement, l'artiste agit en un ethnologue tant soit peu esthète, mettant en relief les modes d'expression chorégraphiques qu'il décrit, dans un sens de la proximité significatif d'harmonie et révélateur d'identité. Certes, la danse est un phénomène social qui procure bonheur et joie, c'est l'une des voix lyriques par laquelle s'exprime la sensibilité humaine. A travers les poses que l'artiste assigne à ses personnages, il en ritualise l'exercice et en souligne l'éloquence. Le style emprunté confine à un impressionnisme figuratif mariné dans une palette documentaire. Sans trop de démonstration et nonobstant quelques influences occidentales venant du début du siècle dernier, Lyamani reste un « réaliste » d'une sensibilité poétique avérée.