par Mustapha Labraimi Autant les membres du gouvernement pratiquent l'autosatisfaction chaque fois qu'il prennent la parole que leur discours devient inaudible tellement il réitère des phrases classiques pour donner à l'action gouvernementale une vigueur qu'elle n'a pas pu avoir; autant on trouve dans les rapports et publications des institutions constitutionnelles des éléments qui éclairent la progression du royaume vers le meilleur mais aussi des données qui relèvent les déficits et les dysfonctionnements et des recommandations pour le dépassement de ces derniers. Chacun son rôle, pourrait-on rétorquer ; sauf que l'enthousiasme s'érode par le décalage qui s'observe entre la satisfaction exaltée et la réalité vécue par la très grande majorité de la population. A ce propos, une série de publications du Haut-Commissariat au Plan abordent les principaux résultats du recensement général effectué en septembre 2024. La transition démographique se confirme et augure des dispositions qui s'imposent aux politiques publiques pour promouvoir le bienêtre du capital humain national. Pèle mêle, qu'il s'agisse de l'éducation nationale et de la formation, de la santé, du logement et de la politique de la ville ; de la reconnaissance des droits de la femme; de l'accélération du vieillissement et de la composition des ménages, de plus en plus nucléarisée; de l'accès au numérique face à une administration qui se digitalise, notre société a besoin d'un développement humain qui tarde à se concrétiser parallèlement à son évolution. La problématique de l'emploi est pesante. Son recul ne peut s'expliquer par la seule conjoncture et les contraintes qu'elle impose, il est lié à des choix structurels de notre économie nationale. C'est dans ce cadre qu'il faudrait agir pour que l'activité entrepreneuriale puisse être capable de fournir un travail à ceux qui le demandent. La réponse aux défis majeurs révélés par le recensement général impose l'exécution totale des politiques publiques initiées et non une procrastination conduisant à accumuler le retard d'une période à l'autre. Entre autres, et depuis l'indépendance,l'analphabétisme résiste à s'éradiqueret la corruption corrompt encore les efforts de transparence nécessaires.La société évolue à des vitesses différentes selon l'environnement où elle se situe alors que le temps est de permettre à tout(e) marocain(e) de profiter des avancées réalisées pour un Maroc meilleur et de voir se réaliser ses aspirations légitimes au bienêtre social, à l'exercice des libertés individuelles et collectives et à son émancipation générale. Les disparités sociales et territoriales deviennent un handicap au développement équilibré du royaume. Les conditions de la ruralité s'aggravent alors que l'urbanité se dilue dans un étalement qui ne profite qu'à ses promoteurs. C'est par un effort national mobilisateur que la société marocaine évoluera dans son ensemble. Il ne peut se faire par l'expression d'une satisfaction béate à tout moment. Il nécessite l'entreprise d'une politique saine visant à «Libérer les énergies et restaurer la confiance pour accélérer la marche vers le progrès et la prospérité pour tous» pour reprendre le mot d'ordre d'un modèle de développement reclus. La consolidation du processus démocratique, dans tous ses aspects, s'impose par l'assainissement du processus électoral et l'établissement d'institutions représentatives aptes à la reddition des comptes. Le moment est opportun pour ce faire.