L'économie nationale connaîtrait un sensible mouvement de ralentissement au premier trimestre 2016, puisqu'elle ne va enregistrer qu'une timide hausse de 2%, au lieu de 4,1% une année plus tôt. C'est ce que prévoit, en tout cas, le HCP (Haut Commissariat au Plan), soulignant que cette croissance, freinée par le retournement à la baisse des activités agricoles, après une campagne 2014-2015 exceptionnellement bonne, va être soutenue par les activités non-agricoles, affichant un accroissement de 2,2%. La production végétale serait, en effet, comprimée, sur l'ensemble de l'année 2016, par une baisse conjuguée des rendements et des superficies semées des cultures précoces, sur fond d'une contraction de plus de 51% du cumul pluviométrique automnal, en comparaison avec la même période d'une année normale. Les récoltes des céréales, des légumineuses et des cultures fourragères se replieraient, mais celles des agrumes et des cultures fruitières afficheraient une croissance soutenue. La production animale poursuivrait, pour sa part, son évolution positive, favorisée par une légère reprise des activités avicoles et des produits annexes à l'élevage. Dans l'ensemble, et sous l'hypothèse d'une récolte céréalière en dessous de la moyenne d'environ 15% et d'une croissance modérée des autres productions végétales, la valeur ajoutée agricole s'infléchirait de 3,4%, en variation annuelle, au premier trimestre 2016. Par ailleurs, et dans un contexte d'amélioration attendue du commerce mondial et de la poursuite de la modération des cours internationaux des matières premières, la demande mondiale adressée au Maroc devrait enregistrer une hausse de 3%, en variation annuelle, au premier trimestre 2016. Cette augmentation serait de nature à impulser les exportations de certains secteurs industriels, comme l'automobile dans ses branches construction et câblage, alors que le reflux des cours mondiaux du pétrole, aux alentours de 45$/baril, continuerait à profiter à la balance commerciale dont le déficit continuerait à s'alléger. Toutefois, la poursuite de la dépréciation de l'euro par rapport au dollar risquerait de peser sur les exportations à destination de l'Europe et de renchérir les importations de produits libellés en dollar. Face aux perspectives favorables du renforcement de la demande étrangère, le rythme de progression des industries manufacturières devrait légèrement accélérer, pour atteindre +2,1%, au premier trimestre 2016, en variation annuelle, au lieu de 1,8% une année plus tôt. Le secteur minier connaîtrait, également, un mouvement de croissance plus soutenu (+6,1%, en variation annuelle), sur fond du raffermissement des exportations des minerais non-métalliques. Quant aux services, leur valeur ajoutée croîtrait au même rythme que celui enregistré au quatrième trimestre 2015, contribuant pour presque la moitié à la croissance économique globale. Principaux indicateurs pour le 4ème trimestre 2015 Le HCP note, par ailleurs, dans sa note d'information, faisant état de la situation des principaux indicateurs économiques conjoncturels estimés pour le 4ème trimestre 2015 et relatant les anticipations pour le 1er trimestre 2016, la croissance économique nationale se serait établie à 4,7%, au quatrième trimestre 2015, au lieu de +2,2%, lors de la même période l'année précédente. Cette performance est due à la croissance de la valeur ajoutée hors agriculture (industrie manufacturière, textile, chime et para-chimie, construction, industrie minière...) qui se serait légèrement améliorée au quatrième trimestre 2015, pour atteindre 2,1%, au lieu de +1,7% un trimestre auparavant. Elle est due aussi au rythme de progression des activités agricoles qui se serait légèrement modéré au quatrième trimestre 2015, atteignant +14,5% après avoir culminé à +15,9% au troisième trimestre. Cette modération se serait accompagnée par une hausse des prix hors céréales et arboriculture ; l'indice des prix à la consommation des légumes frais ayant augmenté de 8,7% au cours des mois d'octobre et novembre 2015, en variation annuelle. Les prix de la production animale auraient, également, poursuivi leur expansion amorcée au mois de juillet. Ils auraient été, particulièrement, affectés par le ralentissement des abattages du grand cheptel, dans un contexte de décélération de la demande et du renforcement du mouvement de stockage de la part des éleveurs, plus accentué après la fête du sacrifice. Autre élément soulevé par le HCP est l'allégement du déficit de la balance commerciale de 0,6%, en glissement annuel, en raison de la hausse plus conséquente des exportations par rapport aux importations. Cette situation se serait, également, traduite par une amélioration du taux de couverture estimée à 2,2 points, pour atteindre 57,3%. La demande intérieure privée serait restée, quant à elle, dynamique. Les dépenses de consommation des ménages se seraient affermies, au quatrième trimestre 2015, de 3,5%, en variation annuelle, au lieu de 3,3% un trimestre auparavant, dans un contexte d'amélioration de l'emploi rémunéré et de décélération des prix à la consommation (+1%, au lieu de +1,9% un trimestre plus tôt). Cet affermissement, alimenté, en partie, par un accroissement d'environ 5,1% des crédits à la consommation et de 4,2% des transferts des MRE, aurait profité aux importations de consommation, dont la hausse se serait établie à 5%, au quatrième trimestre 2015. De son coté, l'investissement productif aurait affiché un accroissement de 3,7%, au quatrième trimestre 2015, en variation annuelle, suite à un léger redressement des investissements en construction et travaux publics. D'autre part, la masse monétaire aurait évolué, au quatrième trimestre 2015, au même rythme que celui enregistré au troisième trimestre (+5,3% en glissement annuel), après une phase de croissance ascendante amorcée à la mi-2014. Le déficit de la liquidité des banques se serait allégé et leurs trésoreries auraient poursuivi leur amélioration, à la suite de la hausse des réserves de change, dont la couverture aurait assuré près de sept mois d'importations. Les créances sur l'économie auraient, pour leur part, évolué au ralenti, affichant une hausse estimée à +0,9%. S'agissant des taux d'intérêts, leurs évolutions auraient été différemment orientées. Ainsi, si le taux interbancaire se serait maintenu à des niveaux proches du taux directeur (+2,50%), ceux des adjudications des bons du Trésor auraient marqué une inflexion à la baisse, après une hausse relevée au deuxième trimestre. Dans le même sillage, les taux créditeurs et débiteurs auraient poursuivi leur repli. Au niveau du marché boursier, le HCP indique que les indices MASI et MADEX auraient régressé d'environ 7,2% et 7,5% respectivement, en glissements annuels. Par conséquent, la capitalisation boursière aurait fléchi de près de 6,5% et la liquidité du marché boursier aurait sensiblement reflué, suite au recul de plus de la moitié du volume des transactions.