Les obsèques de l'écrivaine et sociologue marocaine Fatima Mernissi qui s'est éteinte, ce matin, à l'âge de 75 ans des suites d'une longue maladie, ont eu lieu, lundi dans l'après midi au cimetière de Sidi Messaoud dans le quartier Hay Riad à Rabat. Après les prières d'Al Asr et du mort à la Mosquée Abelhakim Guédira, la dépouille de feue Fatima Mernissi a été inhumée, en présence notamment des membres de la famille de la regrettée, de MM. Omar Azziman et Mohamed Moatassim, conseillers de SM le Roi, de M. Youssef Amrani, chargé de mission au Cabinet Royal, du ministre des Habous et des Affaires islamique Ahmed Toufiq, du ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Politique de la Ville Nabil Benabdallah, du ministre du Tourisme Lahcen Haddad, du ministre de la Culture Mohamed Amine Sbihi, et d'autres personnalités du monde de la culture, en plus des amis et proches de la défunte. A cette occasion, l'assistance a récité des versets du Saint Coran et élevé des prières au Très- Haut pour le repos de l'âme de la défunte, L'implorant d'accueillir la disparue en Sa sainte miséricorde et de lui accorder ample rétribution pour ses contributions louables dans les domaines de la culture, de la recherche et de la littérature. M. Sbihi a relevé que le Maroc a perdu une grande écrivaine dans le domaine de la pensée et des sciences sociales, notant que la défunte avait une présence remarquable dans le champs culturel et académique, contribuant à l'enrichissement de la bibliothèque marocaine avec ses recherches et études sociologiques, en particulier celles traitant de la question de la femme et des relations sociales. Il a mis l'accent également sur la présence distinguée de la défunte au sein de la société civile, à travers sa lutte en faveur de l'égalité des sexes et la promotion du statut de la femme au sein de la société, mettant en avant l'audace intellectuelle et la maitrise scientifique ayant caractérisé ses travaux, ainsi que ses qualités humaines et sa modestie. Dans une déclaration similaire, M. Haddad a souligné que feue Fatima Mernissi était une figure de proue de la sociologie marocaine moderne comme en témoignent ses multiples écrits en arabe, anglais et en français, qui ont été traduits dans plusieurs langues, ajoutant que la défunte a contribué grandement à l'instauration de règles sociologiques pour le débat sur la question de la femme et les relations humaines en général. Il a salué la mémoire d'une femme qui s'est distinguée par son audace intellectuelle et qui a influencé toute une génération des pionniers de la sociologie marocaine dont elle est une figure incontestable au vu de sa contribution riche et unique. Pour sa part, l'écrivain et acteur associatif, Salah El Ouadie, a affirmé que Fatima Mernissi marquera à jamais la recherche marocaine de par ses hautes compétences scientifiques et méthodologiques et sa présence à l'échelle nationale et internationale, mettant en exergue son soutien aux nouvelles compétences, notamment les jeunes et l'élite, à travers des programmes communs, des sessions et des ateliers qu'elle supervisait jusqu'aux dernières années de sa vie. Il a estimé, à cet égard, que le Maroc a besoin aujourd'hui, plus que jamais, d'une telle audace intellectuelle et d'une telle compétence scientifique voire simplicité dans ses relations avec l'environnement social. Née en 1940 à Fès, Fatima Mernissi a fait ses études à Rabat puis en France et aux Etats Unis. Elle est devenue enseignante, depuis les années 80, à l'Université Mohammed V de Rabat. La défunte s'est intéressée dans ses écrits à l'islam et à l'analyse de l'évolution de la pensée islamique, ainsi qu'à la question de la femme, ses droits et l'égalité des sexes, où elle crée les "Caravanes civiques" et contribue au lancement du collectif "Femmes, familles, enfants". Elle travaillait aussi en tant que chercheur à l'Institut universitaire de recherche scientifique et à la Faculté des lettres et des sciences humaines de l'Université Mohammed V à Rabat. Elle était également membre du Conseil d'université des Nations Unies. La défunte a écrit plusieurs ouvrages an langue française qui ont été traduits dans plusieurs langues, dont l'Arabe et l'Anglais. En 2003, elle a été choisie membre du Comité des sages pour le dialogue des civilisations, mis sur pied par la Commission européenne sous la présidence de Romano Prodi.