Poursuivant une intense semaine diplomatique, il s'entretient dans la matinée à Paris avec l'Italien Matteo Renzi, après l'Allemande Angela Merkel, et des discussions avec l'Américain Barack Obama et le Britannique David Cameron qui doit présenter ce jeudi à son Parlement un plan pour participer au combat en Syrie contre le groupe EI. Lancé dans un marathon diplomatique pour bâtir une coalition élargie anti-Etat islamique (EI), François Hollande a obtenu mercredi de Berlin la promesse de s'engager «vite» et «au côté de la France» dans la lutte contre le groupe jihadiste, avant de rencontrer hier jeudi Vladimir Poutine à Moscou. La coordination de la lutte contre l'organisation jihadiste, déjà au centre d'une visite la veille du président français à son homologue américain Barack Obama, est ardue, surtout après la destruction mardi d'un chasseur russe par la Turquie, pays de l'Otan et membre de la coalition anti-EI, au motif que l'avion aurait violé son espace aérien. Avant d'entamer des discussions sur la lutte contre le terrorisme et la question des réfugiés en Europe, le président français et la chancelière allemande Angela Merkel se sont rendus Place de la République à Paris, lieu emblématique des hommages rendus par les Parisiens aux 130 victimes des attentats du 13 novembre, revendiqués par l'EI. Les deux dirigeants ont déposé une rose au pied de la statue au centre de la Place, débordant d'inscriptions, de fleurs et de bougies. «Je souhaite que l'Allemagne puisse s'engager encore davantage dans la lutte contre Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique) en Syrie et en Irak», a souligné le président Hollande lors d'une déclaration à l'Elysée au côté de la chancelière allemande. «Nous serons au côté de la France», lui a répondu cette dernière en promettant d'agir «vite». L'Allemagne, qui ne fait pas partie de la coalition alliée engagée en Irak et Syrie, a annoncé vouloir envoyer jusqu'à 650 soldats supplémentaires au Mali afin de soulager l'effort de guerre de la France mené parallèlement au Sahel et au Moyen-Orient. Les 27 partenaires de la France au sein de l'Union européenne vont tous apporter un soutien militaire direct ou indirect aux opérations françaises extérieures, a annoncé de son côté le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sans plus de précisions. Le Parlement français a massivement voté dans la soirée pour autoriser la poursuite des frappes aériennes en Syrie, décidées début septembre et intensifiées depuis les attentats de Paris. «Il n'y a pas d'alternative: nous devons anéantir Daech», a lancé le Premier ministre Manuel Valls. Pour un rapprochement Poutine-Obama Le président français François Hollande s'est rend hier jeudi à Moscou pour tenter de rapprocher les positions russe et américaine sur la Syrie et la lutte contre le groupe Etat islamique, responsable des attentats de Paris, qu'il veut atteindre «au coeur» grâce à une coalition internationale élargie. «Nous devons agir sur la source (...), sur le groupe Daech, sur l'Etat islamique, en Syrie et en Irak» et l'objectif est que «ce groupe puisse être atteint en son coeur», a déclaré mercredi soir François Hollande en demandant à son principal partenaire en Europe, l'Allemagne, de participer au combat Après avoir rallié les Etats-Unis à une intensification des frappes, obtenu que les 27 partenaires de la France au sein de l'Union européenne aident à la lutte au Moyen-Orient de manière directe ou indirecte, le président français est attendu à 16H00 GMT par son homologue russe Vladimir Poutine à Moscou. Jusqu'à présent, la Russie, qui a été le premier pays à réclamer une «coalition» internationale contre les jihadistes de l'EI, joue sa partition en solo au Levant, plus ou moins en accord avec l'Iran. L'Occident demande que ses interventions militaires ne touchent plus l'opposition modérée, bénéficiant au régime de Bachar al-Assad, mais participent efficacement au ciblage de l'organisation Etat islamique. Moscou pour « un état-major commun » La Russie serait «prête» à «constituer un état-major commun» contre le groupe Etat islamique (EI), incluant la France, les Etats-Unis et même la Turquie en dépit de la poussée de tension entre Ankara et Moscou, a affirmé mercredi l'ambassadeur russe à Paris. «Nous sommes prêts à (...) planifier ensemble des frappes sur les positions de Daech (ndlr, acronyme arabe de l'EI) et constituer pour cela un état-major commun avec la France, avec l'Amérique, avec tous les pays qui veulent bien aller dans cette coalition», a déclaré le diplomate, Alexandre Orlov, sur la radio française Europe 1. «Les Turcs s'ils veulent aussi, sont les bienvenus», a-t-il ajouté. Le président américain Barack Obama a cependant émis des fortes réserves mardi, après un entretien avec son homologue français François Hollande, sur les possibilités de coopérer avec la Russie, rendant très hypothétique la possibilité de faire une grande «coalition» incluant Moscou Tant qu'il n'y aura pas de «changement stratégique» de la part de M. Poutine, la coopération sera «très difficile», a clairement averti M. Obama. Si la priorité des Russes «est d'attaquer l'opposition modérée (en Syrie) qui pourrait faire partie d'un futur gouvernement syrien, la Russie n'aura pas le soutien de notre coalition», a-t-il expliqué. Washington et Paris reprochent à la Russie d'avoir concentré ses frappes sur l'opposition modérée syrienne, et non sur les positions de l'Etat islamique (EI), et de soutenir le président Bachar al Assad, dont les Occidentaux réclament le départ. François Hollande multiplie cette semaine les contacts de haut niveau - il doit rencontrer Vladimir Poutine jeudi - pour tenter de rassembler une grande «coalition» contre l'EI, qui a revendiqué les attentats du 13 novembre à Paris (130 morts, 350 blessés). L'espoir de former une telle coalition s'est encore amenuisé mardi, lorsque des avions de la Turquie, pays membre de l'Otan et qui fait partie de la coalition anti-EI, ont abattu un appareil militaire russe, qu'Ankara a accusé d'avoir violé son espace aérien près de sa frontière avec la Syrie. Cameron veut frapper Daëch Le Premier ministre britannique David Cameron a plaidé auprès du parlement jeudi pour des frappes contre le groupe État islamique enSyrie soulignant que le Royaume-Uni ne pouvait pas «sous-traiter sa sécurité à d'autres pays». «Je pense que nous devons étendre notre campagne militaire contre l'EI à la Syrie», a-t-il écrit aux députés, afin de priver le groupe jihadiste d'un «sanctuaire» dans ce pays. «Nous devons nous occuper de l'EI en Syrie, comme nous le faisons dans l'Irak voisine, pour faire face à la menace posée par l'EI dans la région et pour notre sécurité ici. Nous devons les priver d'un sanctuaire en Syrie», a souligné M. Cameron. «Plus longtemps on permet à l'EI de se renforcer en Syrie, plus grande sera la menace», a-t-il ajouté. Ces commentaires ont été adressés à la commission parlementaire des Affaires étrangères qui, début novembre, s'était prononcée contre des frappes en Syrie, estimant que Londres devrait plutôt se concentrer sur les efforts diplomatiques pour y ramener la paix. Depuis ce rapport, la situation a changé, les attentats de Paris le 13 novembre ayant provoqué une onde de choc au Royaume-Uni qui craint de devenir la prochaine cible de l'EI. M. Cameron y fait d'ailleurs référence dans sa réponse aux parlementaires. Le Premier ministre, qui prône de bombarder en Syrie depuis des mois mais craignait de ne pas avoir la majorité au Parlement, doit défendre un peu plus tard dans la matinée sa stratégie devant les députés, dans l'espoir de faire basculer les députés réticents. Déjà, plusieurs députés travaillistes ont fait savoir qu'ils comptaient voter en faveur des frappes malgré l?opposition de leur leader Jeremy Corbyn.