La Syrie ne partagera ses renseignements avec la France que si Paris adopte une «politique réaliste» dans la région, déclare Bachar al Assad dans une interview à Valeurs actuelles à paraître jeudi, après les attentats à Paris revendiqués par l'Etat islamique. Interrogé sur le message qu'il souhaiterait adresser aux autorités françaises après la série d'attaques, le président syrien a répondu dans des propos recueillis samedi : «S'il m'appartient d'espérer certains changements dans la politique de la France (...), ce serait de redonner une politique réaliste à la France, une politique indépendante». Depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011 qui a fait plus de 250.000 morts, la France a adopté une ligne dure à l'égard de Bachar al Assad, dont elle réclame le départ. Lundi devant le Congrès, François Hollande a infléchi légèrement la politique française, en indiquant que l'ennemi de la France en Syrie était l'Etat islamique. Le chef de l'Etat a néanmoins précisé que Bachar al Assad ne pouvait constituer «une solution politique» pour la Syrie. Il a également réclamé un rassemblement «de tous ceux qui peuvent réellement lutter contre cette armée terroriste dans le cadre d'une grande et unique coalition». Toute coopération en terme d'échanges de renseignement avec la France passera par un changement de politique de Paris, estime Bachar al Assad dans Valeurs actuelles. «Si le gouvernement français n'est pas sérieux dans son combat contre le terrorisme, nous ne perdrons pas notre temps à collaborer avec un pays ou un gouvernement ou une institution qui soutient le terrorisme», indique-t-il. «Il faut d'abord que vous changiez de politique et que celle-ci soit fondée sur le seul critère (...) de faire partie d'une alliance joignant des pays qui luttent uniquement contre le terrorisme et non des pays qui soutiennent le terrorisme et le combattent en même temps», ajoute-t-il. La Russie a intensifié ses opérations en Syrie et tiré des missiles de croisière contre des objectifs du groupe djihadiste Etat islamique (EI) dans les secteurs d'Alep et d'Idlib en Syrie, a déclaré mardi le ministre russe de la Défense. Elle a engagé d'autre part des bombardiers stratégiques TU-160 et TU-95 dans les frappes en Syrie, rapporte l'agence de presse Interfax tandis que le chef d'état-major des forces russes annonce que Moscou va envoyer 25 avions à long rayon d'action pour procéder à d'autres bombardements. Au cours des 48 derniers jours, soit depuis le début des frappes russes le 30 septembre, l'armée de l'air a effectué 2.300 sorties en Syrie, précise le chef d'état-major, cité par Interfax. Par ailleurs, le président Vladimir Poutine a ordonné à la flotte russe d'entrer en contact avec le porte-avions français Charles-de-Gaulle et préconise un plan conjoint d'opérations avec la France. Le Charles-de-Gaulle doit partir jeudi à destination de la Méditerranée orientale afin de prendre part aux frappes aériennes contre les positions de Daech. L'armée française a mené mardi soir de nouvelles frappes contre la ville de Rakka, fief de l'Etat islamique en Syrie, le troisième raid français depuis les attaques de Paris de vendredi revendiquées par l'EI, a annoncé Jean-Yves Le Drian. «En ce moment même, notre aviation, dix chasseurs de l'armée de l'air française sont en train de frapper, toujours sur Rakka», a dit le ministre français de la Défense au journal de 20h de TF1. Le porte-avions français Charles-de-Gaulle, qui doit appareiller mercredi pour rejoindre la Méditerranée orientale avec 24 avions de chasse à son bord, continuera cette série de «frappes sur un certain nombre de sites privilégiés autour de Rakka et Deir-Ez-Zor qui sont les sites principaux de la formation des combattants étrangers» «C'est là qu'il faut toucher Daech dans ses forces vives», a-t-il ajouté. Le Premier ministre David Cameron s'est montré mardi déterminé à convaincre les députés britanniques du bien-fondé d'une extension en Syrie des frappes britanniques contre l'organisation de l'État islamique (EI), quelques jours après les attentats de Paris. «Je crois fermement que nous devons agir contre l'EI en Syrie», a martelé le dirigeant britannique devant les députés de Westminster, alors que les frappes britanniques contre l'EI se limitent pour l'instant à l'Irak. «Notre pays fait face à une menace directe et grandissante et nous devons nous en occuper, pas seulement en Irak mais aussi en Syrie», a-t-il estimé. «Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas nous attendre à ce que d'autres portent la responsabilité et (prennent) les risques pour protéger notre pays». Rappelant que le bastion de l'EI, à Raqa, se trouvait en Syrie, David Cameron a estimé que les arguments en faveur d'une action du Royaume-Uni en Syrie étaient «devenus plus forts après les attaques de Paris».