Le budget 2016 présenté au Parlement suit la longue liste des budgets présentés par ce gouvernement depuis 2012 marqués du sceau de l'imprudence et de la monotonie. Imprudence en ce qu'il continue d'être calculé sur les bases d'une croissance économique de la zone euro irréaliste, estimée en amélioration alors que le rapport économique de l'UE l'estime à 1,5% en 2016, estimation qui ne peut être qualifiée de « prudente ». On rappelle ainsi que la croissance de la zone euro au deuxième trimestre 2015 a été de 0% et que les prévisions de croissance dans le monde sont plus pessimistes que jamais contrairement aux avancées du MEF. En outre, dans le contexte européen actuel prévoir un boom au Maroc de l'investissement et de la consommation des ménages en 2016relève de la fantaisie pure. Pas plus que l'investissement de 2015- dont le montant est proche de celui de 2016 et qui concerne et le budget général et celui des entreprises publiques- n'avait permis de résorber le chômage et améliorerez le niveau de vie des citoyens en 2015.l'investissement prévu de 189 MM de DH en 2016 ne permettra pas d'améliorer les principales indicateurs économiques et sociaux du fait d'un manque structurel de débouchés et d'un manque obligé de la touche sociale. Il faut un niveau d'investissement plus important de 300 MM DH/an suivi d'un plan audacieux de réforme structurelle du tissu économique et d'un plan volontariste de création de grands conglomérats industriels orientés vers l'exportation pour pouvoir espérer gagner un niveau de croissance économique soutenu de plus de 5%. Encore faut-il veiller à la valorisation et à l'évaluation des investissements engagés et veiller aussi à réduire les délais de paiement. Qu'il faut aussi un vraie politique de chasse aux gaspillages et à la mauvaise dépense publique, et de lutte contre la fraude sociale et fiscale et aussi contre les coûts qu'engendre la mauvaise gestion des collectivités locales. Au final, les mêmes politiques produisant les mêmes effets. La seule prévision qui se réalisera en 2016 est bien celle de l'augmentation de la dette publique qui devrait atteindre un record de 620 MMM DH soit 66% du PIB.Le budget 2016 est un budget qui ressemble aux autres sans aucune touche de réforme structurelle ayant un impact substantiel sur l'amélioration du climat des affaires et sur l'amélioration du pouvoir d'achat des citoyens. Les prévisions– qu'on ne peut que saluer- sur l'amélioration du déficit budgétaire à 3.5% dues en gros à la baisse des dotations au titre de la caisse de compensation qui sont passées de 56 MM DH à 15 MM DH et à la pluviométrie exceptionnelle de 2015 ne doivent pas nous faire oublier le solde du compte courant qui demeure déficitaire et qui est un indicateur fiable de l'état de santé financière de notre économie nationale ce qui montre encore une fois que notre situation financière est fragile et loin d'être à l'abri des aléas. Depuis bien des années les citoyens continuent de supporter tous les sacrifices : dérégulation, précarisation de l'emploi, coupes dans les secteurs régaliens, augmentation de la fiscalité sur les ménages, baisse et/ou stagnation des salaires, casse de notre modèle social etc. Voici les seules solutions qui ont été envisagées et présentées comme l'unique issue raisonnable. Dans votre vision économique étriquée, en grande partie dictée par les bailleurs de fonds, vous voilà prisonniers de ces recettes imposées qui ont pourtant fait la démonstration de leur inefficacité loin de permettre le développement économique et social. Par contre Il y a d'autres outils pour relancer l'économie, augmenter les recettes et rembourser la dette sans imposer aux citoyens la casse sociale dénoncée sous le terme d'« austérité ». Ces outils sont ceux utilisés par 95% des pays du monde mais demeurent politiquement très incorrects à vos yeux la monnaie nationale,le protectionnisme aux frontières et une panoplie de réformes structurelles. Sur un autre chapitre les régions ont été dotées d'une enveloppe de 4 MM DH ce qui est insignifiant compte tenu des missions qui sont les siennes et qui prônent le développement économique et social des territoires qu'elles gèrent. Aussi et pour conclure il y'a un manque de concertation et de coordination lors de la préparation du projet de Loi de Finances avec les organisations syndicales et la CGEM pour ce qui est des réformes à mener au niveau fiscal, au niveau de l'amélioration du climat des affaires, au niveau de la revalorisation du pouvoir d'achat des salariés, au niveau de la caisse des retraites et au niveau de la caisse de compensation. *Expert Economiste