Israël et la Jordanie en tant que gardienne des lieux saints à Al Qods ( Jérusalem-Est), se sont mis d'accord sur de nouvelles mesures régissant l'esplanade des Mosquées, pour tenter de mettre fin à la flambée de violences entre Israéliens et Palestiniens. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a annoncé samedi à Amman cet accord qui prévoit notamment une vidéosurveillance permanente de l'esplanade, à l'issue d'entretiens séparés avec le roi Abdallah II de Jordanie et le président palestinien Mahmoud Abbas. Quelques heures plus tard, sans s'exprimer sur les mesures annoncées par M. Kerry, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé sa volonté de "maintenir le statu quo" sur l'esplanade des Mosquées, qui ne permet pas aux non-musulmans d'y prier. "Israël réaffirme son engagement à maintenir le statu quo (...) sur le papier et en pratique" et "continuera à appliquer sa politique suivie de longue date: les musulmans prient sur le Mont du Temple; les non-musulmans visitent le Mont du Temple", a déclaré M. Netanyahu dans un communiqué, employant le nom utilisé par les juifs pour désigner le lieu. La question du contrôle et de l'accès à l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam également révéré par les juifs comme l'emplacement de leur ancien temple, catalyse les tensions israélo-palestiniennes depuis des semaines. Les Palestiniens et la Jordanie accusent Israël de vouloir changer les règles (le "statu quo") qui régissent l'esplanade des Mosquées depuis 1967, et, au-delà, diviser l'esplanade entre juifs et musulmans. Le secrétaire d'Etat américain a assuré samedi qu'Israël est d'accord pour "respecter pleinement le rôle particulier" de la Jordanie, gardienne des lieux saints, et n'a pas l'intention de diviser l'esplanade. "Les autorités israéliennes et jordaniennes" doivent d'ailleurs se réunir "prochainement", selon M. Kerry, pour renforcer le dispositif de sécurité du lieu. Parmi les mesures de l'accord annoncées par M. Kerry figure une surveillance vidéo 24h/24 de tous les secteurs de l'esplanade des Mosquées, une suggestion du monarque jordanien. "Cela va offrir une visibilité et une transparence totales" et "décourager quiconque veut perturber la sainteté du lieu", a jugé le secrétaire d'Etat américain. Le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne sont soumis à la pression de la communauté internationale, inquiète du risque d'embrasement généralisé. Un Palestinien a été tué par des tirs israéliens après avoir tenté de poignarder un garde privé sur un barrage entre le nord de la Cisjordanie occupée et Israël. Ce décès porte à 53 le nombre de Palestiniens et d'Arabes Israéliens tués depuis début octobre. Les mouvements palestiniens avaient appelé vendredi à une "journée de la colère" devenue rituelle après la prière hebdomadaire, en Cisjordanie et à Gaza. A Gaza, les soldats israéliens, ont ouvert le feu sur des manifestants et fait plus de 120 blessés dont trois journalistes et quatre secouristes, selon des sources médicales. Un jeune, touché par une grenade lacrymogène la semaine dernière, a succombé à ses blessures dans l'enclave palestinienne. En Cisjordanie occupée, des tirs israéliens ont blessé 20 Palestiniens lors de manifestations, selon les secours palestiniens. La Vieille ville d'Al Qods ( Jérusalem-Est), par laquelle on accède à l'esplanade des Mosquées, est en revanche restée calme. Environ 25.000 musulmans y ont participé à la prière. Ces dernières semaines, ils étaient 10.000 à 15.000 du fait des restrictions d'âge imposées par Israël, a expliqué cheikh Azzam al-Khatib, chef de la fondation islamique qui administre l'esplanade.