Le Maroc considère, dans le cadre de sa stratégie énergétique, l'électronucléaire comme étant une option à considérer dans le mix énergétique national à long terme, a affirmé, lundi à Rabat, le ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement. "Convaincu du rôle important de l'énergie nucléaire pour réduire la dépendance énergétique nationale, la lutte contre les émissions des gaz à effet de serre et l'atténuation des effets des changements climatiques ainsi que pour le dessalement de l'eau de mer, le Maroc considère l'électronucléaire comme étant une option à considérer dans le mix énergétique national à long terme", a relevé le ministre de l'Energie dans une allocution à l'occasion de la visite d'une mission d'experts de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), du 19 au 26 octobre. "Cette option présenterait également sur le long terme, des avantages précieux pour faire face aux problèmes liés au stress hydrique et ses conséquences sur l'économie et les populations que notre pays pourrait confronter à l'avenir", a précisé le ministre de l'Energie. Le ministre a noté que le Maroc prend en considération cette option dans ses prévisions à long terme à partir de 2030 et ce, dans le cadre du développement des énergies alternatives englobant aussi les schistes bitumineux, la biomasse, la géothermie et les énergies marines. Concernant la mission des experts de l'AIEA, le ministre de l'Energie a indiqué que ledit comité a pour mission d'évaluer les atouts et les insuffisances des capacités nationales dans le domaine nucléaire et examiner à partir de l'expérience, du benchmark et des enjeux énergétiques futurs nationaux et internationaux, les conditions et les exigences tant sur le plan politique, institutionnel, juridique, et technologique que sur le plan ressources humaines, nécessaires à la réalisation d'un programme électronucléaire. "L'objectif de cette mission est l'évaluation, conformément aux standards internationaux, de nos infrastructures nucléaires nationales en vue de l'identification des points d'amélioration nécessaires à un programme électronucléaire", a-t-il souligné, ajoutant que le Maroc applique déjà le nucléaire dans certains secteurs, notamment la santé, l'agriculture et l'eau. Le recours à l'énergie nucléaire est indispensable De son côté, le Directeur Général Adjoint chargé de l'Energie Nucléaire à l'AIEA, Mikhail Chudakov, a indiqué que l'objectif de cette mission est de vérifier l'état de préparation de l'infrastructure dont dispose le Maroc pour l'accueil l'énergie nucléaire à l'avenir. "Bien que le Maroc n'ait pas pris la décision ferme au sujet de l'énergie nucléaire, mais je suis sûr, qu'à l'avenir, il va la prendre parce qu'il dépend à 96% des ressources d'autres pays", a estimé M. Chudakov, notant qu'une décision éclairée doit être prise dans le sens de l'établissement d'une bonne infrastructure pouvant fonctionner pendant une longue période et fournir une puissance nucléaire fiable. Face à la demande montante d'électricité et à la croissance de la population, le recours à l'énergie nucléaire est indispensable, a-t-il ajouté. Cette mission porte sur une vingtaine de domaines concernant les aspects à la fois techniques, réglementaires, de sûreté et sécurité, de gestion des déchets radioactifs, des ressources humaines, de communication et d'autres. Comprenant une dizaine d'experts, les travaux de cette mission ont lieu en présence des membres du Comité de Réflexion sur l'Electronucléaire et le Dessalement de l'Eau de Mer (CRED), mis en place en 2009 par le ministère. Composé de représentants des départements de l'énergie, de l'eau et de l'environnement, du Centre national de l'énergie, des sciences et des techniques nucléaires (CNESTEN), de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE), du Centre national de radioprotection relevant du ministère de la Santé, d'Universités et de l'Association des ingénieurs en génie atomique du Maroc (AIGAM), le CRED a établi une étude d'auto-évaluation des capacités nationales nucléaires. Pour rappel, plusieurs pays tels que le Kenya, le Nigéria, l'Afrique du Sud, les Emirats Arabes Unis, la Jordanie, la Turquie, la Bélarusse, la Pologne, la Thaïlande et le Vietnam ont déjà bénéficié des services relatifs à la mission de l'AIEA.