La hausse du chômage et du chômage de longue durée a de fortes répercussions sur la vie des individus et des ménages, et a exposé un grand nombre d'entre eux à la pauvreté. Les immigrés sont également davantage exposés au risque de pauvreté que leurs homologues nés dans le pays. En Italie, aux États-Unis, en Finlande, en Belgique et en Espagne, le taux de pauvreté des migrants est égal ou supérieur à 35 %, alors qu'il a atteint 45 % en Grèce en 2012. Dans tous ces pays, le taux de pauvreté des personnes nées dans le pays était inférieur d'environ 20 points de pourcentage, sauf aux États-Unis, où la différence entre les personnes nées à l'étranger et celles nées dans le pays était plus faible (14 points de pourcentage). Dans la zone OCDE, le taux de pauvreté a légèrement baissé de 15.7 % à 15.3 % entre 2006 et 2012 pour les personnes nées dans le pays, mais a augmenté de 27 % à 29 % pour les migrants. Dans quatre pays de l'OCDE (Grèce, Espagne, Pologne et Slovénie), le taux de pauvreté auquel sont exposés les migrants a connu une hausse exponentielle, de plus de 10 points de pourcentage, alors que ce risque n ‘a guère évolué pour les personnes nées dans le pays. Les États-Unis et la Hongrie ont enregistré une baisse de plus de 2 points de pourcentage du taux de pauvreté des immigrés pendant les années de la crise qui s'est accompagnée d'un recul plus faible du taux de pauvreté des personnes nées dans le pays. En Irlande et au Royaume-Uni, les immigrés et leurs homologues nés dans le pays ont affiché un repli similaire des taux de pauvreté. Au Portugal, seules les personnes nées dans le pays ont enregistré une réduction du taux de pauvreté, alors que celui des migrants a augmenté de 8 points de pourcentage. En Allemagne et en Hongrie, les immigrés ont enregistré une baisse du taux de pauvreté en 2012 par rapport à 2006. S'il est possible que dans certains pays la diminution du taux de pauvreté des immigrés témoigne réellement d'une amélioration de leurs conditions de vie, dans d'autres, elle peut simplement s'expliquer par le fait que la conjoncture économique défavorable a incité les plus fragiles d'entre eux à quitter le pays et que ceux qui sont restés étaient mieux armés pour résister à la récession. Dans les pays ayant connu des séries de mesures de consolidation fiscale, la crise a eu des répercussions également sur la vie des migrants en emploi. Le taux de pauvreté relatif des migrants en emploi {taux de pauvreté relative au travail) est à son plus haut niveau en Grèce {32 %), au Canada et en Italie {environ 29 %), et aux États-Unis et en Espagne {25 %). Dans tous ces pays, ce taux est bien plus faible pour les ménages autochtones, d'au moins 10 points de pourcentage et jusqu'à 19 points de pourcentage en Grèce. En Allemagne, Irlande, aux Pays-Bas et en Hongrie, l'écart est inférieur à 10 points de pourcentage. En moyenne dans la zone OCDE, le taux de pauvreté relative au travail parmi les ménages immigrés est passé de lS % en 2006 à 17 % en 2012, alors que celui des ménages autochtones est resté constant, autour de 8 %, au cours de la même période_ Cette tendance à la hausse du taux de pauvreté au travail parmi les migrants est plus répandue dans les pays de l'OCDE par rapport à l'indicateur de pauvreté dans son ensemble, près de trois quarts des pays ayant enregistré une augmentation. À l'opposé, les personnes nées dans le pays ont connu une hausse plus faible du taux de pauvreté au travail dans les trois-quarts des pays de l'OCDE. Les économies les plus touchées par la crise (Grèce, Italie, Espagne et Portugal) ainsi que la Slovénie et l'Estonie ont enregistré une hausse de plus de 5 points de pourcentage du taux de pauvreté au travail parmi les migrants au cours des années de récession. D'autres pays européens (Autriche, Belgique, Finlande, France et Norvège) ont affiché des hausses considérables de ce taux, bien que de moindre ampleur, contrairement au Danemark, à l'Allemagne, aux Pays-Bas et à la Hongrie où ce taux a chuté parmi les migrants. Globalement, c'est dans le groupe des individus peu qualifiés que l'on retrouve le plus de travailleurs pauvres; cette catégorie affiche des taux près de deux fois supérieurs à ceux des personnes qualifiées (OCDE, 2015).