Lundi dernier vers 22 heures, le Jardin Moulay Abdellah à Salé a été le théâtre d'un acte d'agression d'une violence inouïe. La victime, un jeune garçon de plus de 20 ans, tout ensanglanté après avoir reçu un coup de sabre sur la tête, gisait sur la chaussée, semi inconscient, entouré de badauds. Dans l'attente de l'arrivée d'une ambulance et d'agents de police, les commentaires allaient bon train... Non, ce n'était pas pour lui extorquer de l'argent, ou quelque autre bien facile à écouler, que l'on avait sévi contre ce quidam malchanceux. Ce serait une de ses victimes, un autre jeune garçon, qu'il aurait, quelques jours avant, délesté de son téléphone portable et qui l'ayant reconnu, fait appel à des acolytes pour lui barrer le chemin et lui demander restitution de butin. La scène tourna au drame lorsque celui-ci, avec une dextérité coutumière - l'on s'en doute bien -, sortit son sabre. Mal lui en prit, puisque ses assaillants le lui avaient arraché et c'est avec sa propre arme prohibée que des coups lui ont été assénés, le réduisant à une masse gisante poussant des râlements affreux et pitoyables. Entre « bien fait pour lui » et « on n'a pas le droit de se faire justice soi-même », les avis étaient partagés. Les badauds - un attroupement s'était entre temps formé - se tenaient en groupes de trois ou quatre personnes et des discussions parfois virulentes s'animaient ça et là. Franz Kafka en aurait été bien inspiré pour un chapitre supplémentaire de son « procès ». Il y avait là des qui ont fait eux-mêmes, ou un des leurs, les frais d'une agression pour extorsion. Difficile de les convaincre ceux-là, en ce moment, du fait que le jeune énergumène au corps percé qui devait sans doute souffrir le martyr, méritait une quelconque pitié. Entrons maintenant dans le vif du sujet, pour justifier l'intitulé de cet article. D'abord, reconnaissons que le phénomène des agressions pour extorsion a pris des proportions inquiétantes. Il n'est nullement exagéré d'avancer que les foyers ne se comptent plus dont un membre au moins a eu à subir cet instant d'horreur, sous la menace, ô combien réelle, d'une arme blanche haut brandie. Sinon, pis encore, en avoir fait les frais d'une manière sanglante. Au début, cela se passait à la faveur de la nuit tombée ou de l'aube naissante, dans un endroit désert. Puis, en plein jour, la rue bondée. Le constat tiré par le citoyen lambda est que la situation est fort alarmante. Le fléau en question ne cesse de s'étendre. La sécurité dans la rue bat sérieusement de l'aile. Et il n'est pas question ici de clouer au pilori qui que ce soit. Il s'agit surtout de provoquer une réflexion sérieuse sur une plaie sociale, un syndrome de mal-vie. Aux spécialistes, les sociologues en premier, les sécuritaires leur emboitant le pas, de se pencher sur la question, ipso facto et manu militari - qui signifie selon Wikipédia « par le fait et avec tous les moyens nécessaires »...