Encore un agresseur ! Celui-ci se fait appeler «Kraikiba», parce qu'il était tout le temps dans les vapes. Rivotril oblige! Il forçait les commerçants de la célèbre Kissariat Haffarine à lui donner de quoi s'alimenter en psychotropes. C'est avec le chef d'inculpation d'homicide volontaire avec préméditation qu'il s'est retrouvé devant la Cour d'appel de Casablanca. Le 7 décembre, vers 19H 40 mn se présentent devant l'arrondissement de police de Derb El Kabir deux personnes pour déposer une plainte. Les blessures étaient encore apparentes sur leurs corps. Elles venaient de se faire agresser par un marchand ambulant connu dans le quartier sous le nom de Kraikiba et qui portait un coutelas. Le fait n'était pas le premier du genre dans ce quartier à grande affluence. Kraikiba avait pris l'habitude de forcer les commerçants du quartier à lui donner de quoi s'approvisionner en psychotropes. Beaucoup de ces commerçants obtempéraient. D'autres, lorsque Kraikiba se retrouvait en état de veille, lui conseillaient de changer d'habitude et d'essayer de faire du commerce. De vagabond à marchand ambulant C'est ce qui a fait que de simple vagabond, il est devenu marchand ambulant. Mais pas pour longtemps. Dès qu'il se procurait deux sous, Hicham, ce jeune homme de 28 ans, courait chez les trafiquants de stupéfiants et de barbituriques pour s'approvisionner. Et du gentil garçon malheureux et docile, Hicham devient Kraikiba le dangereux et l'agresseur. Sous l'effet du Rivotril, il voyait des ennemis partout, de l'argent aussi. Il demandait et en redemandait. Lorsqu'il arrivait à un commerçant de refuser de lui donner quelques dirhams, Kraikiba devenait fou de rage. Il allait chercher de l'eau de javel et aspergeait rouleaux de tissu, caftans ou jellabah. Il lui arrivait aussi d'uriner sur la marchandise ou d'accoster clientes et fillettes des commerçants, façon de se venger. Dans ses moments de folie extrême, il sortait son coutelas et se prenait pour Rambo. Il tailladait tout le monde. Ce jour-là, 7 décembre, dans la rue Beyrouth du quartier Lâayoune, une colère bleue s'empare de Hicham. Il sort son coutelas et s'acharne sur un commerçant et un aide commerçant. Les blessures étaient profondes. Dans sa folie, Hicham s'éloigne du lieu de son agression et se donne des coups de couteau pour aller à l'arrondissement de police déclarer qu'il a été victime d'une agression. La plainte a été enregistrée. Mais il n'a pas fallu longtemps pour que la vérité éclate. Les véritables victimes ont été transportées d'urgence à l'hôpital Bouafi où l'une d'elles est restée sous soins intensifs au service de réanimation. La police devait prendre sérieusement l'affaire en main, ce qui n'était pas de tout repos. Kraikiba s'est réfugié dans une maison du quartier, chez une vieille dame sourde. Quatre véhicules de police- secours et une dizaine de policiers du corps urbain et de la P.J se sont déployés pour encercler la zone où se cachait Kraikiba. Pas moins de 3000 badauds se sont attroupés dans le quartier, connu par ailleurs par ses activités commerçantes et son populisme. L'opération qui a duré un certain temps s'est couronnée par l'arrestation de Hicham qui s'est avéré un repris de justice, recherché dans diverses affaires. Hicham Bouraq, marié et sans enfant, né en 1978, a été déféré devant la Cour d'appel de Casablanca pour tentative d'homicide volontaire avec préméditation, coups et blessures à l'aide d'arme blanche, extorsion, atteinte à la pudeur publique, violence et violation d'un local commercial, diffamation et voie de faits ayant entraîné blessures sur lui-même, fausses déclarations à un officier de la police judiciaire et dénonciation calomnieuses, port illégal d'arme blanche…