En visite jeudi dernier à Ghardaïa, le premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a confirmé la volonté d'Alger de masquer son impuissance en détournant l'attention sur le Maroc qui profiterait de cette carence dans le système immunitaire de l'Algérie pour affaiblir et déstabiliser le pays. Selon le site algérien TSA, les notables de la région auxquels il s'adressait à l'abri des caméras, en ont plutôt souri, l'un deux se demandant si c'était le roi du Maroc qui donnait des ordres à la police et la gendarmerie algériennes, faisant ainsi allusion à l'implication des services d'ordre aux côtés des chaabas sunnites. Ce n'est certes pas sérieux, mais « les confidences » du premier ministre algérien aux notables de Ghardïa, signe du sceau du pouvoir miliaire les « indiscrétions » dont s'est fait écho la presse algérienne impliquant les services marocains dans les troubles entre Mozabites et Arabes. Indiscrétions qui ont alimenté une campagne hystérique contre Rabat à laquelle ont pris part, à quelques exceptions près, tout ce que l'Algérie compte comme titres de presse digitale, papier et audiovisuelle. L'accusation est si grotesque que le journal Al Khabar, piqué à vif dans son orgueil, s'est demandé s'il était concevable que les services algériens, dont le budget égalerait, selon le journal, 80% du budget global du Maroc, se laissent déborder par leurs homologues marocains à Ghardaï. Si c'est le cas, en déduit l'auteur de l'article, il faut se demander s'il y a encore un pouvoir en Algérie. La présomptueuse Algérie n'a pas tort de se sentir dans le collimateur de puissances étrangères qui chercheraient à la morceler. Elle est en cela équitablement au même rang que tous les pays de la sphère arabo-musulmane. Les experts de la géopolitique internationale résument cette stratégie en une phrase : «Aucun des pays de cette sphère ne doit être géographiquement plus grand qu'Israël ». C'est ce qui a commencé en Irak, s'est poursuivi en Syrie et en Libye. C'est ce qui est en train de se jouer dans le Sinaï égyptien et c'est ce qui atteindra l'Algérie et fort probablement d'autres pays. Avec un grain d'intelligence, Alger aurait compris que les maladies n'arrivent à bout que des organismes affaiblis et qu'il doit chercher les causes de ses accès fiévreux dans ce grand corps malade qu'est l'Algérie. Avec le même grain d'intelligence, le pouvoir militaire algérien aurait su depuis longtemps que la diplomatie marocaine n'est pas une diplomatie aventuriste, que les services marocains ne font pas dans la barbouzerie et que l'armée marocaine n'est pas une bande d'aventuriers. Imprégné de géopolitique pragmatique, Rabat, qui se défend bien mais n'agresse jamais, sait qu'une Algérie à vau-l'eau est un foyer de contagion incompressible et irréductible, comme l'est la Lybie pour la Tunisie et l'Algérie elle-même pour ses voisins du Sud. Mais Alger le sait certainement et en fait, comme à son habitude, une mauvaise lecture en prenant cette sagesse pour de la faiblesse. Il n'est donc pas prêt d'en sortir. Conscient de cet acharnement dans l'entêtement, le Maroc s'est lancé dans la construction tout au long de la frontière d'un mur de protection pour limiter les dégâts.