Le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal devait démissionner jeudi pour devenir le directeur de campagne du président Abdelaziz Bouteflika qui a décidé de se présenter pour un quatrième mandat à la tête de l'Algérie. Sellal sera remplacé dans ses fonctions par le ministre del'Energie Youcef Yousfi, a indiqué une source proche de laprésidence algérienne. Par ailleurs, une dizaine de personnes ont été blessées, mercredi soir, dans la reprise des violences intercommunautaires dans la ville de Ghardaïa, à 600 km au sud d'Alger. Bouteflika, âgé de 77 ans, a annoncé sa candidature à la présidentielle du 17 avril lors d'une de ses très rares apparitions publiques depuis qu'il a été victime d'une attaque l'an passé. Pour l'opposition, l'état de santé du président pose des questions sur sa capacité à gouverner. Abdelaziz Bouteflika a été victime d'un accident vasculaire cérébral en avril dernier et n'a pu reprendre ses fonctions qu'à l'issue d'une longue hospitalisation en France. Il a poursuivi sa convalescence en Algérie et n'est que rarement apparu en public depuis lors. Même affaibli, il est pratiquement assuré de l'emporter le17 avril avec le soutien du Front de libération nationale (FLN),le parti au pouvoir, qui domine avec l'armée la politique algérienne depuis l'indépendance en 1962. L'opposition reste faible et divisée. Trois partis – le Rassemblement pour la culture et la démocratie, (RCD, gauche laïque) et les islamistes d'Ennahda et du Mouvement pour la Société de la paix (MSP) - ont appelé les électeurs à boycotter cette «mascarade». Cinq principaux candidats brigueront la présidence, dont une femme. Le principal rival de Bouteflika devrait être Ali Benflis, ancien chef du FLN et ex-Premier ministre. Poursuite des violences à Ghardaïa Une dizaine de personnes ont été blessées, mercredi soir, dans la reprise des violences intercommunautaires dans la ville de Ghardaïa, à 600 km au sud d'Alger, a indiqué une source officielle. Des groupes de jeunes se sont affrontés en se jetant des pierres et des cocktails Molotov dans les quartiers de Hadj Messaoud et Melika, selon l'agence officielle APS. Afin que les heurts ne s'étendent à d'autres quartiers, les forces de l'ordre, dont des unités antiémeutes, ont dû s'employer en force et utiliser des grenades lacrymogènes pour faire cesser ces affrontements qui ont repris après seulement quelques jours d'accalmie. Début février, une personne a été tuée et plusieurs autres blessées dans des violences similaires. A la mi-janvier dernier, plus de 80 commerces et maisons ont été incendiés et plus d'une cinquantaine saccagés et vandalisés. Plusieurs initiatives visant à apaiser la tension dans la région, par le dialogue, la réconciliation et le rapprochement entre les parties en conflit, ont été entreprises par les autorités, les notables et des personnalités nationales, mais en vain. La wilaya de Ghardaïa, dont le chef-lieu éponyme se situe à 600 km au sud d'Alger, est le théâtre de violences récurrentes entre la communauté mozabite berbérophone, de rite ibadite, et celle des Chaâmbas arabophones malékites. La nouvelle vague de tensions communautaires, qui a fait jusque-là cinq victimes toutes des Mozabites, a éclaté, le 22 novembre dernier, à la suite d'un match de football disputé dans la localité d'El Guerrara, à 130 km de Ghardaia. Les heurts se sont soldés par un mort, des dizaines de blessés et la traduction devant la justice d'une trentaine de personnes. Trois semaines plus tard, les violences ont atteint la coeur de la région, avant de dégénérer en actes de vandalisme, de pillage, d'incendie de magasins et de véhicules, ainsi qu'en destruction de biens privés. Le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaiz, avait accusé des parties «à l'intérieur du pays» de chercher à «pousser vers le pourrissement de la situation», estimant que la reprise des violences n'est pas «une preuve d'échec de l'initiative et des démarches du gouvernement». La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) avait mis en garde contre le fait que «la situation risque de balancer vers l'irréparable», assurant que les citoyens de Ghardaïa «pointent un doigt accusateur vers les forces de sécurité qui, par leur comportement, ont enflammé la situation». Le Premier ministre Abdelmalek Sellal et les représentants des deux communautés avaient pourtant convenu d'une série de mesures devant permettre le retour à la normale à Ghardaïa, notamment la création d'un conseil de sages en tant qu'»espace d'arbitrage et de conciliation».