L'Union africaine (UA) a annoncé, en début de semaine, l'envoi au Burundi d'observateurs des droits de l'homme et d'experts militaires pour superviser le désarmement des groupes affiliés aux partis politiques, et a appelé le pouvoir à rediscuter le calendrier des élections. « Nos chefs d'Etat ont décidé le déploiement immédiat d'observateurs de droits de l'Homme et le déploiement d'experts militaires », a déclaré à la presse le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'UA Smaïl Chergui. Ce groupe d'experts devra notamment « vérifier le processus de désarmement des milices et autres groupes armés », a-t-il dit, à l'issue du 25e sommet de l'organisation panafricaine à Johannesburg. « Nous espérons déployer au moins 50 personnes. Nous discutons avec le gouvernement, et la réponse est positive pour l'instant », a-t-il dit. L'appui d'experts ou observateurs extérieurs fait partie des requêtes de l'opposition burundaise. Ces experts seront issus « de la région et d'autres régions du continent en collaboration avec le gouvernement et les autres parties concernées », a ajouté M. Chergui. « Leur mission sera d'observer ce qui se passe et de conseiller la police s'il le faut, de promouvoir le dialogue, la paix, et aussi le respect des droits de l'Homme dans le pays », a-t-il ajouté. M. Chergui a aussi annoncé l'envoi d'une mission d'observateurs électoraux « si les conditions pour la réorganisation d'élections libres, justes et transparentes (...) sont remplies ». D'ici là, « la date des élections doit être déterminée dans le consensus », a-t-il déclaré, alors que l'opposition burundaise accuse le pouvoir de vouloir passer en force. Il faut rappeler que le Burundi est sous haute tension depuis un mois et demi. En effet, la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat après dix ans de pouvoir a déclenché le 26 avril un mouvement de contestation et des violences qui ont fait une quarantaine de morts. Plus de 100.000 Burundais ont fui vers les pays voisins, terrorisés notamment par des miliciens fidèles au président. L'opposition menace de boycotter les élections, déjà reportées une fois, estimant que le climat d'insécurité ne permet pas la tenue du scrutin aux dates fixées unilatéralement par le pouvoir, le 29 juin pour les législatives et le 15 juillet pour la présidentielle.