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Pragmatique stratégique et tactique Instructif partenariat des Forces Armées Royales avec le Commandement des États-Unis pour l'Afrique : Entretien de journalistes marocains et tunisiens avec le Général David Rodriguez, commandant de l'Africom
Le Commandement des États-Unis pour l'Afrique (Africom) est l'un des six commandements unifiés combattants géographique des Forces armées américaines, aussi le dernier né, âgé à peine de 7 ans, mais qui a déjà fait couler beaucoup d'encre quand aux objectifs affichés ou inavoués qu'on lui prête. Répondre à une invitation de visiter son quartier général, à Stuttgart, en Allemagne, est forcément une opportunité à laquelle un groupe de journalistes marocains et tunisiens a répondu, avec tout l'appétit professionnel qu'un tel sujet ne pouvait manquer de susciter. Clou de la visite, qui s'est déroulée la semaine écoulée, un entretien avec le Général David Rodriguez, commandant de l'Africom depuis deux ans. Comme dit le proverbe marocain, il vaut mieux commencer par la fin. La géopolitique du pétrole ? « Le besoin des Etats-Unis en pétrole africain a diminué continuellement ces dernières années et va continuer à diminuer », affirme le Général Rodriguez, l'exemple type de l'officier issu de la fameuse académie militaire de West Point, parachutiste et rangers droit dans ses bottes. La quête d'un pays hôte pour relocaliser l'état-major de l'Africom sur le continent ? « Pour des raisons aussi bien politiques que financières, nous allons rester à Stuttgart ». Décryptage, nous sommes très bien ou nous sommes à présent et, de toute manière, nous n'avons pas actuellement les moyens d'aller nous installer ailleurs. Suspension jusqu'à nouvel ordre des supputations journalistiques sur le pays qui accepterait d'accueillir l'Africom, jusqu'à un éventuel retour d'années de vaches grasses. Et pour se faire mieux comprendre, le général américain aux quatre étoiles précise ; « Nous veillons à renforcer les capacités de nos alliés afin qu'ils soient eux-mêmes aptes à faire face aux défis auxquels ils sont confrontés ». Plus crûment ; « Les Africains sont les mieux placés pour résoudre leurs problèmes. Notre action s'inscrit en soutien de nos partenaires africains et du programme du Département d'Etat ». Bref, on aide les pays africains à apprendre à se débrouiller tous seuls, c'est le mieux qu'on puisse faire pour l'instant, du moins dans le domaine spécifiquement militaire ! Nul besoin d'ergoter sur un éventuel débarquement en force des Marines ou des GI's pour faire le coup de feu contre les groupes terroristes dans les zones chaudes en Afrique, car il faudra se faire à la réalité des finances et de l'opinion publique des Etats-Unis. Qu'est-ce qui justifie, dans ce cas, le financement par le contribuable américain du soutien de l'Africom à la lutte anti-terroriste sur le continent noire ? Explication en aparté d'un membre de l'Africom. « Le raisonnement est simple. Quand tu vois un incendie se déclencher dans la maison du voisin, il vaut mieux l'aider à l'éteindre avant que le feu n'atteigne ta propre maison. C'est la leçon que les Américains ont déduit des événements du 11 septembre 2001. Le propre de l'Africom, par rapport aux autres commandements géographiques, c'est son approche multidimensionnelle, qui ne s'arrête pas à la simple approche militaire et inclus également l'approche socioéconomique, humanitaire, etc. Le traitement des menaces existantes sur le continent africain est globale, du fait d'une analyse plus fine du phénomène terroriste ». Une offre de coopération adaptable à la demande En tenant pour acquis le pragmatisme politique, géostratégique, militaire, et financier des Marocains dans leur conception de la coopération des FAR avec l'Africom, de quelle manière celle-ci est-elle vraiment utile ne manquera pas de s'interroger l'opinion publique marocaine ? « Nous avons une forte relation de partenariat avec le Royaume du Maroc et nous œuvrons à renforcer ses capacités militaires », explique le Général Rodriguez. C'est un appui auquel participe également le Commandement central des États-Unis (Centcom), comme dans le cas du pilote marocain qui s'est crashé au Yémen. Il y a également les exercices et manœuvres militaires communes (African Lion et Majestic Eagle), dont les dernières éditions se sont déroulée dernièrement au Maroc, qui ont permis à nos partenaires marocains de renforcer leurs capacités militaires terrestres et aériennes ». Ne trouvez-vous pas, Général, que ces exercices, aussi utiles puissent-ils être par principe, demeurent purement conventionnels et peu adaptés au mode opératoire adopté par les groupes terroristes qui sévissent au Sahara et au Sahel ? « Les FAR comprennent parfaitement la nature tactique de la menace terroriste à laquelle vous faîtes allusion et je précise que ce sont nos partenaires marocains qui ont mis l'accent sur cet aspect à prendre en considération dans nos exercices et manœuvres militaires communs. Les Forces Armées Royales nous ont demandé d'analyser la situation et de revoir le programme des exercices militaires communs African Lion et nous effectuons cela en réponse à leur proposition, ce n'était pas notre idée. Nous déployons beaucoup d'efforts pour soutenir les FAR dans le domaine du renseignement et de la mobilité de petites unités pour contrer ce type de menaces. Nous continuons à appuyer les forces spéciales marocaines, bien sûr, encore une fois à la demande même des FAR. Nous les aidons également à développer leurs capacités et leur rôle avec le commandement américain central (Centom). « Je veux féliciter les FAR pour leurs progrès qu'ils ont réalisé dans les capacités de communication Air-Terre et Air-Air. Il est très important de réagir rapidement et de manière ciblée, quand il s'agit de menaces terroristes. Les FAR ont beaucoup appris dans ce domaine, ils ont fait beaucoup de progrès et nous allons continuer à les appuyer. » Clarification pour les non-initiés aux questions militaires, les FAR ont pu avoir accès, grâce à leur coopération militaire avec les Etats-Unis, à la technologie du « Link 16 », un standard de transmission de données tactiques entre unités militaires aériennes, terrestres et martimes, les avions de combat parvenant ainsi, par exemple, à échanger des informations en temps quasi-réel avec des unités de combat terrestres, ce qui permet de procéder efficacement à des opérations de soutien aérien aux troupes au sol (acronyme anglais CAS). Sur le terrain de la lutte contre les groupes terroristes armés structurés en petites unités mobiles combattantes, contre lesquels un déploiement conventionnel de troupes nombreuses et lourdement armés est aussi couteux qu'inefficace, cette technologie de communication militaire sécurisée offre la possibilité à des unités militaires toutes aussi numériquement réduites de faire face en bénéficiant d'une couverture aérienne rapprochée, des frappes devenant possible sans risque même si l'ennemi est à proximité, car de manière précisément ciblée. Le Général Rodriguez insiste également sur le retour d'expérience de la participation marocaine à la Coalition anti-Da'ech. « Des pilotes marocains qui ont participé aux opérations de la Coalition internationale contre Da'ech ont pris part à la dernière édition des exercices d'African Lion et nous avons pu constater à quel point ils ont pu profiter de cette expérience, le commandant des Forces Royales Air en était très fier. Ces pilotes marocains ont pu partager leur expérience acquise au Moyen Orient avec les autres pilotes marocains. Ce fût un grand effort des FRA pour investir l'expérience des pilotes marocains de retour du Moyen Orient dans le renforcement des compétences de leurs frères d'armes ». Encourager la coopération et coordination entre les partenaires régionaux africains est, en principe, une bonne chose, mais qu'en est-il quand l'entente politique, nécessairement préalable en pareil cas, entre pays voisins n'existe pas, comme il en est pour le Maroc, dont la fermeture de ses frontières orientales avec le pays limitrophe rend inapplicable cette belle théorie ? Réponse du Génral Rodriguez ; « Nous préférons des solutions et des partenariats régionaux parce que les mieux adaptés aux problèmes existants. A travers notre coopération bilatérale avec nos partenaires, nous encourageons aussi la coopération avec les pays voisins, mais nous n'y parvenons pas toujours. Quelques fois, il nous est difficile de régler les mésententes entre nos partenaires et les inciter à adopter une vision similaire des choses. Dans une telle situation, nous aidons nos partenaires à un niveau bilatéral ».