Si, même dans les économies développées, un monde où «personne n'est laissé pour compte» reste une « perspective lointaine », qu'en est-il, dans le reste de ce monde, sur le plan du développement du capital humain et du déploiement des potentiels ? Ces facteurs sont considérés comment les véritables déterminants de la croissance au vingt-et-unième siècle et auxquels le World Economic Forum, fondation organisatrice du forum annuel des élites mondiales de Davos, vient de dédier une étude, publiée dans son Rapport sur le capital humain. Ladite étude évalue la « capacité des pays à développer les talents par l'éducation, ainsi que le développement et le déploiement des compétences au cours de chaque phase du cycle de la vie humaine ». L'idée de capital humain et de libération des talents rejoint celle du capital immatériel, sur le plan de la dimension où se situent les éléments constitutifs du développement, qui sont autres que le capital classique et le PIB ou la croissance, et qui mettent à contribution les talents et le génie créateur de l'homme. « Dormants », comme les considère le Rapport du WEF, ou ensevelis en partie sous l'étendue des politiques économiques et sociales, d'éducation et d'enseignement impertinentes, inefficaces et inefficientes, les talents constituent, aujourd'hui, un « facteur essentiel liant l'innovation, la compétitivité et la croissance ». L'étude du WEF leur a consacré un indice (l'Indice de capital humain), qui établit un classement de 124 pays en fonction de leur niveau de développement et de déploiement du capital humain, avec un intérêt particulier prêté à l'éducation, les compétences et l'emploi. Le Maroc y figure à la 95ème place avec un développement et un déploiement de 60% de son capital humain potentiel. Il est précédé de la Namibie, du Koweït, de l'Afrique du Sud, du Venezuela, du Nicaragua et du Botswana, et devance le Honduras, le Cambodge, la Tunisie, le Bengladesh, l'Inde et le Kenya. L'Algérie est classée 114ème, avant l'Éthiopie, et les dernières places sont occupées par la Mauritanie, le Tchad et le Yémen. Les contre-performances nationales Le Maroc réalise les performances suivantes (sur un score de 1 à 7) : - Qualité de l'enseignement des math/sciences : 4,19 - Qualité des écoles d'affaires : 4,46 - Capacité d'attirer les talents : 3,90 - Capacité de rétention des talents : 3,78 Au niveau des réalisations par tranches d'âges et concernant le groupe d'âge au-dessous de 15 ans, sur le plan de la scolarisation, de la qualité de l'éducation et de la vulnérabilité (incidence du travail des enfants), le Maroc occupe le 84ème rang. Pour la tranche d'âge de 15 à 24 ans, sur le plan de la scolarisation, de la qualité d'éducation, de la participation économique de la population active et du taux de chômage, le Maroc se morfond dans la 103ème place. Vient ensuite la tranche d'âge de 25 à 54 ans. Par rapport à son niveau de scolarité, d'apprentissage en milieu de travail, de participation économique, des compétences et relativement à sa part des emplois hautement qualifiés, le Maroc se contente du rang 101. Concernant les Marocains âgés de 55 ans à 64 ans, compte tenu de leur niveau de scolarité et de participation au travail, le Maroc traîne à la 89ème place. Pour ceux de la catégorie des 65 ans et plus, toujours par rapport à leur niveau de scolarité et de participation à l'économie, le Maroc est enfoncé au 102èm rang. Ces indicateurs ne sont donnés qu'à titre d'illustrations et ne sont pas les seuls à déterminer le capital humain. Ils renseignent sur les efforts considérables que le Maroc doit déployer pour mettre en valeur ses talents.