C'est une triste nouvelle en ce jeudi 14 mai 2015: le décès de la comédienne Fatima Benmeziane. A l'instar de Habiba Madkouri, Amina Rachid, Ouafae Lahraoui, Fatima Benmeziane a acquis sa célébrité au sein de la troupe du théâtre radiophonique relevant de la R.T.M. (Radiodiffusion et Télévision Marocaine) dirigée par Abdellah Chekroune. Actrice à la voix spécifique, dénoncée par un accent de pure marrakchie, elle collabora à un nombre incalculable de pièces presque toujours dans le même registre, ralliant la sympathie d'une large frange du peuple marocain. C'était l'époque où la radio offrait du divertissement chez soi à travers des pièces montées dans un but de pure pédagogie. Le théâtre, dans sa diversité thématique, participait certes au développement social. Aux cotés de Mohamed Hassan Joundy, devenu son mari, mais également les ténors Larbi Doghmi, Mohamed Ahmed Basri, Abderrazak Hakam, Mohamed Hammad Lazrak, Hammadi Tounsi, Hachmi Benamar et Hammadi Ammor, Benmeziane va évoluer dans un milieu artistique privilégiant l'amitié, le dévouement, le sacrifice, le professionnalisme, au détriment de tout intérêt matériel. C'était l'esprit qui dominait la vie artistique de la période post-coloniale et qui va perdurer plusieurs décennies. La troupe en question ne va pas se contenter de la mise en scène radiophonique. Elle va élargir son audience en montant des pièces jouées sur scène. Les salles de cinéma vont constituer les lieux privilégiés pour accueillir ces pièces à travers tout le pays. Aussi, les débuts de la décennie 60 vont connaitre le lancement d'une seconde célébrité pour ces actrices et acteurs et parmi eux Fatima Benmeziane. La télévision nationale participa efficacement au développement de carrières tous azimuts. La retransmission des pièces, la réalisations des feuilletons et dramatiques, est l'occasion d'approcher les artistes au public. Benmeziane est un nom familier à des millions de fans. On regrette cependant que le cinéma marocain soit resté en laisse par rapport à cet épanouissement artistique. L'actrice n'a été que rarement sollicitée, par la faute de cinéastes privilégiant les jeunes "recrues" dans leurs films dès l'élaboration de leurs scénarios, ignorant certainement que l'Histoire ne pardonne pas.