On reconnait plusieurs personnes sur cette photo qui date des années 50. Ensemble, elles forment le premier noyau de la troupe du théâtre radiophonique dirigée alors par Abdellah Chekroun présent également sur la photo. Chekroun aurait pu suivre avec succès une carrière d'acteur puisque, dès 1955, il joua sous la direction de Henri Jacques dans "Le médecin malgré lui", cette coproduction maroco-libano-franco-égyptienne tournée entièrement au Maroc, entre les studios Souissi et les jardins des Oudayas et dans laquelle on va retrouver presque toutes les personnes présentes sur la photo, en particulier Amina Rachid, âgée alors de 19 ans et dont c'est le premier rôle au cinéma sous le véritable nom de Jamila Benomar. Tous vont graviter autour de la vedette égyptienne Kamal Chenaoui dans ce "Voleur de Baghdad" à la marocaine. Chekroun et Benomar vont lier leur destin dans la vie comme derrière le micro durant plusieurs décennies à la ferveur des auditeurs marocains suivant avec grand intérêt ce théâtre populaire. La première personne à gauche n'est autre que Ahmed Benmessoud ou Hamidou Benmessoud alias Amidou, devenu depuis, un second couteau dans le cinéma français, parfois acteur principal comme dans "La vie, l'amour, la mort" dont c'est la sixième collaboration avec le cinéaste français Claude Lelouch depuis "Le propre de l'homme" en 1960, film qui lui valut à l'acteur un grand prix au festival de Rio. Amidou fait partie, avec les acteurs El Kébir et Mohamed Zinet, des premiers acteurs maghrébins dont le cinéma français avait tant besoin bien avant les "beurs" d'aujourd'hui. Très peu sollicité par ses compatriotes, Amidou va revendiquer une carrière française, américaine et meme italienne riche de quelques 40 films. Larbi Doghmi a eu une carrière fulgurante au cinéma à l'instar d'Amidou, cependant en jouant le plus souvent avec les cinéastes marocains sans pour autant délaisser les productions étrangères. Il fut invité en tant qu'acteur professionnel à jouer dans des films tournés à l'étranger notamment en Irak et Zimbabwe. De même pour Hammadi Ammor qu'on va retrouver le plus souvent dans le rôle du bourgeois aidé par son accent citadin de Fès et qui servit amplement le cinéma marocain depuis "Le collier de beignets" (1957) de Jean Fléchet. Quant autres acteurs présents également sur la photo, notamment Abderrazak Hakam et Hammadi Tounsi, malgré leur talent et leur jeu sobre et spécifique, ils n'ont que très peu fait de cinéma et même de télévision. On regrette avec amertume leur quasi absence dans nos produits qui avaient tant besoin de ces immenses acteurs.