L'élection présidentielle au Togo risque d'être reportée. C'est du moins le souhait de la CEDEAO qui a proposé, mardi 24 mars, que le scrutin soit reporté de 10 jours.Une présidentielle à un record de vitesse, c'est en ce terme que des observateurs qualifient le processus électoral en cours. Malgré les appels à des réformes politiques avant cette élection, la Céni, sous l'impulsion du gouvernement fonce et ne veut entendre parler de report, afin de donner la chance à l'audit du fichier électoral. Tel que le processus est conduit aujourd'hui, nombreux sont les voix qui s'élèvent pour demander un report afin d'éviter une élection bâclée, source de contestations qui pourraient engendrer des violences. Mais du côté du gouvernement, pas question de reporter la présidentielle prévue pour le 15 avril prochain. "Aucun report du scrutin n'est envisagé. L'élection présidentielle se déroulera bien le 15 avril prochain", a indiqué le ministre de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, Gilbert Bawara, hier quelques heures avant l'arrivée du chef de l'Etat ghanéen.Coup de théâtre suite à une mission de la Cédeao conduite par son président en exercice, John Dramani Mahama. Après avoir "pris bonne note du déroulement du processus en cours" et exprimé son "souhait que les efforts déployés puissent être poursuivis pour la tenue du scrutin présidentiel dans un climat apaisé et de transparence", John Mahama Dramani a proposé que l'élection soit reportée de dix jours. On sait que la décision finale revient aux autorités togolaises. Alors, on se demande qui le gouvernement va écouter. Son ministre de l'Administration territoriale ou le chef de l'Etat ghanéen ? Pour des observateurs, on ne sera pas surpris si le gouvernement, au nom d'une souveraineté qu'il n'a de cesse de brandir dans le cas d'espèce, refuse de se plier à la proposition de John Mahama Dramani. Dans tous les cas, on attend de voir la réaction du gouvernement togolais. Quoi qu'on dise la CEDEAO a remarqué une situation tendue dans le processus électoral après avoir rencontré tous les acteurs, surtout les candidats de l'opposition.En visite à Lomé, la capitale togolaise, John Dramani Mahama s'est entretenu avec les différents candidats de la Présidentielle. Tous selon lui semblent préoccupés par la transparence des élections qui ne semblent pas garantis. Ainsi pour Jean-Pierre Fabre du Combat pour l'alternance politique, « il faut que la transparence des élections soit au rendez-vous. Nous n'accepterons pas des élections qui ne soient pas transparentes », a-t-il précisé au président de la CEDEAO. Même son de cloche pour Aimé Gogué de l'Alliance pour la démocratie et le développement intégral qui aurait souhaité que des réformes aient lieu avant les élections. Tous les candidats semblent inquiets quant aux résultats des élections et à leur crédibilité. Gerry Taama du Nouvel engagement togolais va encore plus loin en déclarant qu'il « y a des candidats que l'on prend au sérieux apparemment et d'autres candidats que l'on ne prend pas au sérieux ».La Commission électorale nationale indépendante va jouer un rôle déterminant durant le scrutin. Elle promet d'organiser des élections équitables. Ce qui n'a pas suffi à convaincre le président de la CEDEAO de maintenir le scrutin au 15 avril.