La situation s'est de nouveau aggravée jeudi au Yémen où les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi ont réussi à reprendre le contrôle d'Aden (sud) après de violents combats contre des unités rebelles. Le palais présidentiel à Aden a été visé par un raid aérien mais le chef de l'État a été évacué vers un "lieu sûr". Le président du Yémen a été évacué, jeudi 19 mars, vers un lieu sûr, après qu'un avion de combat a effectué un raid contre le complexe du palais présidentiel à Aden, dans le sud du Yémen, sans le toucher, entraînant des tirs de la DCA en direction de l'appareil, ont indiqué des sources sécuritaires. Il y a eu deux survols par un avion de combat de son palais à Aden située dans le sud du pays, où il s'est réfugié en février, selon une source de la présidence. "Le président Hadi a été évacué vers un lieu sûr, mais il n'a pas quitté le pays", a déclaré cette source. L'appareil a survolé le palais, où se trouvait le président Abd Rabbo Mansour Hadi, mais ses tirs ont touché une colline avoisinante, ont indiqué ces sources, ajoutant que l'intervention de la DCA avait obligé l'avion à rebrousser chemin. Cette attaque a eu lieu après que des combats entre partisans et adversaires du président yéménite au sein des forces de sécurité ont fait au moins six morts et vingt blessés, jeudi matin, à l'aéroport international et dans Aden, la grande ville du Sud. L'intensité des combats a conduit à l'annulation des vols programmés, jeudi matin, à l'aéroport d'Aden où le trafic aérien n'avait toujours pas repris en milieu de journée, selon une source aéroportuaire. Les affrontements, qui ont éclaté dans la nuit, ont opposé des unités des forces spéciales, dirigées par le général rebelle Abdel Hafedh al-Sakkaf, à des membres des "comités populaires" (supplétifs de l'armée), qui défendent le président Abd Rabbo Mansour Hadi, ont rapporté jeudi des sources de sécurité. Les unités rebelles des forces spéciales ont finalement été forcées de battre en retraite, selon une source militaire. Le président Hadi s'est installé le 21 février à Aden après avoir fui Sanaa où il était assigné à résidence par la milice chiite des houthis, qui contrôle la capitale yéménite où elle est entrée en septembre. Trois membres des forces spéciales ont été tués et six blessés dans les combats à Aden, a indiqué une source proche du général Sakkaf. Un responsable des "comités populaires" a déploré la mort de deux de ses hommes, dont sept ont également été blessés. Combats à Aden Des tirs ont visé la tour de contrôle de l'aéroport, ont indiqué des témoins au moment où des combats se déroulaient dans l'enceinte. Des troupes de l'armée, conduites par le ministre de la Défense, le général Mahmoud al-Soubeihi, et soutenues par des chars et des blindés, ont été dépêchées sur place pour épauler les "comités populaires". Elles ont réussi, en fin de matinée, à reprendre le contrôle de l'aéroport, a affirmé une source militaire. "Soumis à un intense pilonnage, les hommes de Sakkaf ont été contraints de se retirer vers leur campement", situé à proximité du secteur nord de l'aéroport, a-t-elle ajouté. Des accrochages autour du campement se sont poursuivis par intermittence dans l'après-midi, alors que les routes menant à l'aéroport restaient fermées à la circulation par les forces loyales au président Hadi qui ont multiplié les barrages de contrôle dans divers quartiers d'Aden, selon des sources de sécurité et des témoins. Le général Soubeihi a rejoint récemment le président Hadi après avoir fui la capitale Sanaa où il était assigné à résidence par la milice chiite des Houthis. Pour sa part, le général rebelle Sakkaf refuse un ordre de limogeage du président Hadi. Il est allié aux Houthis qui se sont emparés du pouvoir début février dans la capitale yéménite. Des incidents nocturnes ont aussi été signalés ailleurs dans Aden. Un membre des forces spéciales a été tué et quatre blessés dans un affrontement avec des éléments des "comités populaires", qui ont déploré trois blessés, près d'un complexe de l'administration locale dans le centre-ville, selon un bilan de sources sécuritaires. En outre, les "comités populaires" ont fait prisonniers quinze membres des forces spéciales, qui étaient en faction devant l'antenne locale de la Banque centrale du Yémen, a indiqué une source des forces spéciales. Les combats ont éclaté après le déploiement d'unités du général rebelle Sakkaf sur plusieurs axes routiers, y compris près de l'aéroport. Plus au nord, cinq agents des forces de sécurité ont été tués et sept autres blessés dans une attaque armée par des inconnus contre leur caserne à Houta, chef-lieu de la province de Lahj, selon des sources de sécurité. Par ailleurs, le groupe Ansar al-Charia, émanation locale d'Al-Qaïda, a revendiqué, jeudi, l'assassinat la veille d'Abdel Karim al-Khiwani, un journaliste réputé et chargé de l'information au sein de cette milice. Abdel Karim al-Khiwani, tué par balle dans une rue de Sanaa, avait obtenu en 2008 le prix spécial d'Amnesty International pour les journalistes en danger.