Les États-Unis ont musclé, mercredi 11 mars, leur aide militaire à l'Ukraine et leurs sanctions financières contre les séparatistes pro-russes, mais se refusent toujours à fournir les armes «létales» réclamées par Kiev. Au même moment, le Fonds monétaire international approuvait un nouveau plan d'aide de 17,5 milliards de dollars en faveur de l'Ukraine, dont l'économie s'est effondrée. «Le programme est ambitieux et comporte des risques, provenant notamment du conflit dans l'est du pays», a reconnu Christine Lagarde, directrice générale de l'institution. Les mesures décidées par Washington ont été annoncées à l'issue d'un entretien téléphonique entre le vice-président américain Jo Biden et le président ukrainien Petro Porochenko. Les États-Unis ont gelé les avoirs sur leur sol de huit responsables de la région séparatiste de Donetsk, d'une banque russe active dans la région de Crimée, et de trois anciens proches du président ukrainien déchu, Victor Ianoukovitch. Washington va également livrer à l'Ukraine pour 75 millions de dollars d'équipements militaires «non-létaux», dont des drones d'observation Raven, des radars anti-mortiers ou des outils de vision nocturne, selon un haut responsable américain. Ils vont également livrer 230 véhicules de transport Humvee, dont 30 blindés, qui doivent être acheminés «dans les prochaines semaines». Mais le matériel militaire promis par les Etats-Unis ne comprend pas les armes demandées par Kiev, comme par exemple des petits missiles portatifs anti-blindés. Plusieurs hauts responsables américains, dont le secrétaire à la Défense Ashton Carter et le général Martin Dempsey, chef d'état-major inter-armées, se sont montrés favorables à la livraison de ces armes. Elles ne permettraient pas de changer vraiment le rapport de forces sur le terrain, reconnaissent beaucoup de responsables américains, mais seraient un signal fort en direction de Kiev, argumentent-ils. Mercredi, Josh Earnest, porte-parole de M. Obama, a laissé entendre que l'exécutif ne penchait pas en faveur d'un tel choix, mettant en avant les risques que cela pouvait représenter. «Le président est conscient du fait qu'il n'y a pas de solution militaire à ce problème», a-t-il déclaré, soulignant en particulier que fournir des armes aux Ukrainiens «pourrait provoquer une escalade de la part des Russes et des séparatistes qu'ils soutiennent». Plusieurs alliés des Etats-Unis, comme l'Allemagne et la France, restent aussi opposés à l'armement de l'Ukraine, par crainte de provoquer une escalade militaire incontrôlable. «Notre position n'est pas de livrer des armes mais des solutions pour la désescalade», a rappelé le Premier ministre français Manuel Valls. La chancelière allemande Angela Merkel a illustré à sa manière le délicat équilibre que s'efforcent de trouver les Européens et les Américains face à la Russie. La Suède est aussi venue à l'aide de l'Ukraine avec l'octroi d'un prêt de 100 millions de dollars à Kiev.