Aux États-Unis, plusieurs organisations de défense des droits de l'homme ont porté plainte, mardi 10 mars, contre la puissante Agence nationale de la sécurité (National Security Agency, NSA) sur la constitutionnalité du vaste système de surveillance des communications téléphoniques et internet que l'Agence de sécurité nationale a mis en place. La plainte vise la NSA, son directeur Michael Rogers, l'Office national du renseignement (ODNI), son directeur James Clapper, ainsi que le ministère américain de la Justice et son actuel occupant Eric Holder. L'Union américaine de défense des libertés (ACLU) a déposé cette plainte devant un tribunal du Maryland (est), où la NSA a son siège, au nom d'Amnesty International USA, de Human Rights Watch (HRW) et de sept autres organisations non-gouvernementales, médiatiques et juridiques, dont la fondation Wikimedia qui chapeaute le site internet Wikipedia. « Cette surveillance a bafoué la promesse originelle d'Internet qui devait être un espace ouvert, pour la collaboration et l'expérimentation », a déclaré Jimmy Wales, fondateur de Wikipedia. En cause, le programme upstream qui a permis la surveillance des 500 millions d'utilisateurs de Wikipedia, comme l'avaient révélé des documents divulgués par Edward Snowden. Pour la fondation, cette surveillance de masse viole les premier et quatrième amendements de la constitution américaine et va au-delà de ce que lui permet le Foreign Intelligence Surveillance Act. Elle demande donc que le tribunal mette fin à cette activité des autorités. Pour le fondateur de Wikipedia, les internautes qui enrichissent l'encyclopédie collaborative devraient pouvoir travailler anonymement sans se soucier d'être surveillés par le gouvernement américain. « Malheureusement leur anonymat est loin d'être assuré », poursuit-il. Même chose pour ceux qui lisent des pages Wikipedia, insiste Jimmy Wales dans une tribune publiée dans leNew York Times. Pour lui, ce que les internautes consultent dans l'encyclopédie doit rester du domaine privé. La plainte argue que la NSA, un organisme gouvernemental du département de la Défense, et d'autres agences de renseignement «ont dépassé l'autorité que le Congrès» leur a confié. Elle souligne que les droits constitutionnels des plaignants sont violés par l'espionnage des courriels et communications téléphoniques, en particulier le Premier Amendement qui protège la liberté de parole et de la presse, et le 4e Amendement qui interdit «les fouilles ou saisies sans raison». Le document de 42 pages ajoute que ce système de surveillance de masse les empêche de faire leur travail de juristes, avocats et journalistes, en violant la confidentialité de leurs communications et en rendant les contacts difficiles avec les sources d'information