Des rebelles syriens, dont des membres d'Al-Qaïda, ont lancé, mercredi 4 mars, une violente attaque contre le quartier général des services de renseignement de l'armée de l'air, à Alep, faisant au moins 34 morts, trois jours après le rejet par les rebelles d'une trêve proposée par l'ONU. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les rebelles ont déclenché une puissante charge explosive souterraine contre un bâtiment abritant des bureaux du service de renseignement de l'armée de l'air, le détruisant en partie, avant de lancer un assaut. «Des hommes armés ont fait exploser un tunnel qu'ils avaient creusé puis attaqué les environs du siège du renseignement de l'armée de l'air», a confirmé une source militaire syrienne. L'explosion était assez puissante pour être entendue dans toute la ville. Des habitants ont évoqué une secousse semblable à celle d'un tremblement de terre. D'après l'OSDH, au moins 20 membres des forces gouvernementales et 14 rebelles ont été tués dans ces violences. La branche d'Al-Qaïda en Syrie, le Front al-Nosra, a indiqué que ses combattants avaient participé, avec d'autres factions rebelles, à l'assaut. Ailleurs dans la ville, six civils ont été tués dans des bombardements rebelles sur des zones contrôlées par le régime. «L'objectif des rebelles était de prendre le contrôle du bâtiment des renseignements, mais ils ont échoué», a déclaré le directeur de l'OSDH. Ils ont dû faire face à une vive résistance, d'après l'ONG. «Des dizaines de rebelles ont été tués par l'artillerie et des frappes aériennes», a précisé la source militaire ajoutant que la situation était «calme à présent». Ancien poumon économique de la Syrie, la ville septentrionale d'Alep est entrée dans le conflit à l'été 2012 et est depuis divisée entre zones contrôlées par les rebelles à l'est et celles du régime à l'ouest. La nouvelle attaque à Alep survient trois jours après le rejet par l'opposition d'un plan du médiateur de l'ONU, Staffan de Mistura, pour un gel des combats dans cette ville. La Commission des forces de la révolution à Alep a annoncé, le 2 mars, «son refus de rencontrer M. de Mistura». L'opposition estime que les idées du médiateur des Nations unies «ne sont pas à la hauteur d'une solution à la crise humanitaire du peuple syrien». Troisième émissaire onusien depuis le début de la crise syrienne en 2011, M. de Mistura avait proposé une trêve provisoire permettant l'entrée de l'aide humanitaire à Alep. Il avait indiqué en février que le président syrien était prêt à suspendre les hostilités dans la ville pendant six semaines. Mais l'opposition a été ulcérée par les récentes déclarations du médiateur, qui a affirmé, le 13 février, que M. Assad «faisait partie de la solution», ce qu'elle rejette totalement. M. de Mistura espérait établir un gel localisé des combats à Alep, puis étendre cette trêve à d'autres zones et encourager ainsi un règlement politique du conflit qui a fait plus de 220.000 morts, selon l'OSDH, et poussé à la fuite plus de la moitié de la population. M. Assad a contesté ce bilan de 220.000 morts. «Ce chiffre est exagéré, l'Occident exagère toujours les chiffres en Syrie», a-t-il dit. Bachar : La Syrie n'est pas finie Le président syrien, Bachar al-Assad, a assuré, mercredi 4 mars, qu'il bénéficiait du soutien des Syriens estimant que l'image que l'on donne de lui en Occident, que le «peuple est contre lui, que les pays de la région sont contre lui, que l'Occident est contre lui», était biaisée. Il a aussi contesté l'idée d'un effondrement de l'Etat syrien : «Nous avons toujours des institutions qui fonctionnent, nous avons toujours des subventions, nous continuons à payer les salaires (...) même dans certaines régions sous le contrôle des terroristes». «La Syrie n'est pas finie et nous ne sommes pas un Etat failli». Il a précisé qu'il soutenait une solution «politique» au conflit mais qu'une grande partie de l'opposition était liée à des pays tiers y compris du Golfe, et qu'il préférait parler à «des gens représentant les Syriens en Syrie». A Washington, le plus haut gradé américain, le général Mardin Dempsey, a déclaré que les forces spéciales américaines pourraient éventuellement être envoyées en Syrie pour y épauler les rebelles modérés formés par le Pentagone. Mais un responsable du Pentagone a minimisé car, d'après lui, «il n'est pas question d'envoyer des troupes américaines en Syrie», sauf dans l'éventualité où un pilote américain devrait être secouru après la chute de son avion. Par ailleurs, le Mouvement de la Fermeté (Harakat Hazm), crée en janvier 2014, s'est effondré le 28 février 2014 et a été dissous. Cette armée, qui comprenait 5 000 combattants, avait été formée en regroupant des éléments de la brigade Al-Farouk de l'Armée syrienne libre et des éléments du Mouvement du temps du prophète (Harakat Zaman Mohamed), créé par les Frères musulmans. Le Mouvement de la Fermeté a été balayé par le Front al-Nosra, branche d'Al-Qaïda en Syrie, dans la région d'Alep. L'ensemble de son arsenal aurait été saisi par les jihadistes. Les survivants d'Harakat Hazm assurent qu'ils ne disposaient pas d'un armement qualitativement nettement supérieur à celui d'al-Qaïda et n'ont donc pas pu faire le poids. Ils étaient pourtant richement dotés, notamment de missiles anti-chars BGM-71 TOW pour remplacer leurs missiles anti-chars Milan.