Des centaines de personnes ont protesté, samedi 20 février, à Tunis «contre le terrorisme» après une attaque ayant tué, le 18 février, quatre gendarmes, attribuée à des jihadistes liés à Al-Qaïda. La manifestation s'est déroulée sur l'avenue Habib Bourguiba, placée sous haute surveillance policière. «Tunisie libre, terrorisme dehors !», ont scandé les participants. Une manifestante s'est dite déçue par l'affluence alors que les deux principaux partis du pays avaient exhorté leurs partisans à défiler. «C'est très, très peu», a regretté cette retraitée, venue à l'appel de Nidaa Tounès, le premier parti de Tunisie après les dernières élections. Nidaa Tounès a appelé à cette marche après la mort, dans la nuit de 17 au 18 février, de quatre gendarmes près de Kasserine, au pied du mont Chaambi, principal maquis jihadiste de Tunisie. Le parti islamiste Ennahda, deuxième force au Parlement, a demandé à ses partisans de se joindre à la marche. Présent à la marche nationale contre le terrorisme organisée ce samedi 21 février à l'avenue Habib Bourguiba, le leader à Ennahdha, Abdelkrim Harouni, a déclaré que le but de cette manifestation est de donner au monde entier l'image d'une Tunisie « forte » et « unie » dans sa lutte contre le terrorisme. « Nous avons un État fort, car démocratique » a-t-il lâché. La Tunisie est confrontée, depuis la révolution de 2011, à un essor des violences jihadistes. Les forces de sécurité tentent de neutraliser, depuis 2012, les jihadistes retranchés sur le mont Chaambi, sans y parvenir malgré des bombardements et des opérations militaires, au sol, répétées. La Tunisie dispose, pourtant de la septième armée la plus puissante en Afrique, selon le classement 2015 du site américain Global Fire Power. La Tunisie est devancée dans ce classement par l'Égypte, première puissance militaire en Afrique, selon le site, l'Algérie, au deuxième rang et le Maroc qui arrive en sixième place. Sur l'échelle internationale, la Tunisie est 58e sur un total de 126 pays. Le ministère de l'Intérieur de Tunisie avait annoncé que le 18 février, à la suite d'une attaque terroriste à Boulaaba, dans le gouvernorat de Kasserine, quatre héros de la Garde nationale sont tombés en martyrs», dans un bref communiqué ne donnant aucune autre précision. Boulaaba est situé dans la région du Mont Châambi, un massif montagneux à la frontière algérienne où est actif le principal groupe jihadiste tunisien. Ce groupe, lié à Al-Qaïda, est pourchassé depuis décembre 2012 par les forces tunisiennes qui tentent de neutraliser ces combattants sans succès malgré plusieurs campagnes de bombardements et opérations terrestres. Des dizaines de militaires et policiers ont été tués ou blessés dans des embuscades et dans les explosions de mines disséminées dans la zone de Châambi mais aussi plus au nord, le long de la frontière. Le groupe, la «Phalange Okba Ibn Nafaâ», est notamment responsable de l'attaque la plus sanglante de l'histoire de l'armée tunisienne, qui a fait 15 soldats tués à Châambi, en juillet). Il a aussi revendiqué un assaut, fin mai, contre le domicile du ministre de l'Intérieur de l'époque. Ces derniers mois, à l'approche des élections générales de fin 2014, la police tunisienne a dit multiplier les arrestations, assurant avoir déjoué plusieurs attentats. Par ailleurs, la Tunisie est devenue l'une des principales terres de recrutement pour les groupes islamistes armés en Syrie, en Irak ainsi qu'en Libye. De 2.000 à 3.000 Tunisiens combattraient ainsi dans les rangs des jihadistes à l'étranger. Cinq cents autres sont pour leur part rentrés en Tunisie, selon la police, et sont considérés comme l'une des plus grandes menaces sécuritaires pour le pays.