L es professionnels de la filière des viandes rouges se sont donné rendez-vous le 11 février à l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II à Rabat pour débattre et traiter des atouts et contraintes de leur activité à l'occasion des Premières Rencontres nationales des viandes rouges. Inscrit dans la stratégie de développement de la filière des viandes rouges relevant du Plan Maroc vert et placé sous l'égide du ministre de l'Agriculture, l'évènement a offert l'opportunité aux principaux partenaires concernés dont la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR), les professionnels et des représentants de l'administration de procéder à un échange de points de vues sur l'état d'avancement de la filière et les handicaps qui freinent encore son développement. Déjà, les professionnels, toutes tendances confondues, s'accordent sur deux constats. D'abord le fait que, pour ce qui est de l'amont et sous l'effet conjugué d'une amélioration génétique du cheptel et d'un développement de techniques de production, le bilan s'avère positif. Et, que ce soit en termes de quantité ou de qualité des viandes, les résultats atteints sont qualifiés de probants et dépassent largement les objectifs initialement retenus. Toujours est-il que pour ce qui est de l'aval, ces mêmes professionnels estiment que son développement ne suit pas encore le rythme souhaité et comptent, à cet effet, sur le second contrat-programme allant de 2015 à 2020 pour consolider les acquis dans l'amont et accélérer le décollage de l'aval. Et ce sont justement les tenants et aboutissants de ce second contrat- programme qui ont servi de plate-forme d'information et de discussion lors de cet événement entre les professionnels et les représentants des divers organismes et administrations concernés. Pour rappel, la signature de ce second contrat-programme avec la FIVIAR s'est opérée lors des dernières Assises de l'Agriculture à Meknès, tenues en avril 2014, dans la perspective de traiter de manière qualitative de certains aspects liés tant à la valorisation qu'à la transformation et aux conditions de commercialisation des viandes rouges. Aux dernières informations, la portée de ce contrat-programme vient d'être renforcée, par le lancement début février de l'année en cours du Système National d'Identification et de Traçabilité Animale (SNIT). Un processus qui permettra à tout un chacun de disposer de plus de visibilité sur l'état de santé et de qualité nutritive du cheptel bovin et camelin et procurera, surtout aux opérateurs, des informations précises sur la vie de l'animal et son circuit de commercialisation. Présidant l'ouverture de ces premières rencontres nationales des viandes rouges, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche Maritime n'a pas manqué de se féliciter du "grand succès" du premier contrat-programme 2009-2014 conclu entre le gouvernement et la FIVIAR, traduit par la réalisation de résultats "prometteurs" dépassant de loin les objectifs fixés par ce contrat. Le ministre a souligné que, grâce aux mesures de ce contrat-programme, la production de viandes rouges a dépassé son objectif de l'ordre de 10 %, alors que la consommation annuelle par habitant a vu son objectif progresser de 4 %, et ce, par rapport à l'objectif initial. Cette production a atteint un volume de 490.000 tonnes en 2013, tandis les prévisions tablaient sur quelque 450.000 tonnes en 2014, a fait savoir le ministre, ajoutant que la consommation est passée de 11,7 kg/habitant/an en 2009, à plus de 14,2 en 2014. Et d'ajouter que le chiffre d'affaires de la filière des viandes rouges s'est renchéri de 25 %, au cours de la même période et que, du coup, les éleveurs ont vu leur revenu augmenter de plus de 20 %. D'autant plus que ce sont environ un million cent mille exploitations qui pratiquent l'élevage, ce qui représente près de 75 % des exploitations agricoles totales. Et qu'en terme d'opportunités d'emploi, l'élevage génère environ 85 millions de journées de travail et touchent 2,5 millions de personnes, soit 44% de la population active agricole. Le ministre n'a pas manqué de mettre en évidence l'intérêt de miser sur la modernisation des marchés bestiaux et des abattoirs, afin de réaliser les objectifs escomptés et assurer ainsi la continuité du développement de la filière à l'horizon 2020. De son côté, le président de la FIVIAR, Hammou Ouhelli, a versé dans le même ton en mettant l'accent sur les efforts déployés aussi bien par l'Etat que par les professionnels en matière d'amélioration génétique pour la production de veaux issus du croisement industriel et de la sélection des races pures ovines et caprines. Relevant l'importance de l'organisation et l'aménagement des marchés de bestiaux au niveau de la chaîne de valeur, le président a fait état de l'identification, à la lumière dudit contrat-programme, de 5 marchés prioritaires destinés à être aménagés et organisés. S'agissant de la mise à niveau et la modernisation des abattoirs, 7 projets intégrés et d'agrégation ont été identifiés, dont un est fonctionnel à Meknès, alors que le 2ème, se situant à Béni Mellal, est à 95 % d'état d'avancement. Les autres sont à différentes phases de réalisation. De même, les réalisations du contrat-programme en termes de révision de la réglementation en vigueur ont porté notamment sur la publication d'un décret relatif au contrôle de la salubrité des viandes foraines et la libre circulation des viandes en provenance des abattoirs agréés. M. Ouhelli a, dans ce cadre, souligné que des actions devront être développées dans l'objectif, notamment, de renforcer le contrôle de la salubrité et de lutter contre l'abattage clandestin. Autrement dit, une modernisation des abattoirs et une organisation des marchés, point de passage de l'amont vers l'aval. Et c'est justement sur ces deux points qu'a porté l'essentiel des interventions lors de la séance de débats et discussions prévue à cet effet. Presque tous les intervenants ont mis l'accent sur les mauvaises conditions d'hygiène et de manque de normes adéquates que connaît une bonne partie des abattoirs dont la mise à niveau ou la réhabilitation tardent à venir, surtout que l'actuel état des lieux révèle une vétusté des locaux, des infrastructures et des équipements, une insuffisance, voire un manque d'entretien de ces mêmes infrastructures, une gestion inadéquate, une sous-qualification du personnel y opérant et une défaillance de l'organisation du travail. Et pourtant, les dispositions de la loi n° 28-07, relative à la sécurité sanitaire des produits alimentaires, sont claires en la matière. Une situation on ne peut plus intolérable d'autant plus qu'ils appartiennent tous aux collectivités et sont gérés par les communes, exception faite de celui de Casablanca en gestion déléguée et celui de Meknès géré par le privé. A ce titre, et en guise de mot de la fin, le ministre de l'Agriculture, se référant au dernier Conseil des ministres tenu à Fès, a tenu à rassurer les professionnels quant à la révision du monopole pour ne pas dire la mainmise des communes sur les marchés et les abattoirs. Une sorte de changement de cap au niveau de la filière des viandes rouges et qui ferait que la chaîne des valeurs profiterait à celui qui la mériterait. Ceci étant et afin d'assurer la continuité du développement de la filière autour de l'amont et l'aval, ces mêmes intervenants ont mis l'accent sur l'amélioration de la productivité du cheptel à travers la poursuite des programmes d'amélioration génétique pour la production des reproducteurs ovins et caprins de haute valeur génétique et les veaux de croisement industriel ainsi que la mise en œuvre du système national d'identification et de traçabilité du cheptel.