Avec 490.000 tonnes de viandes rouges produites en 2013, et une augmentation de 4% de la consommation annuelle moyenne par habitant, le contrat-programme 2009-2014 entre l'Etat et les producteurs de viandes rouges a dépassé la plupart de ses objectifs. «Le contrat programme a sans aucun doute connu un grand succès. Les réalisations de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges étaient exemplaires», a tranché Aziz Akhannouch, ministre de l'agriculture et de la pêche maritime, lors des premières rencontres nationales des viandes rouges, hier, mercredi, à Rabat. Lancé en 2009, ce premier contrat programme avait pour objectif une remise à niveau qualitative et quantitative du secteur, à travers le réaménagement des marchés de bestiaux, l'accompagnement de l'investissement privé dans le secteur, la réforme des textes de lois régissant la profession et la promotion de la consommation et de la qualité des viandes. Une enveloppe budgétaire de 6 milliards de dirhams avait été allouée pour atteindre ces objectifs. Pendant la durée du programme, la production annuelle a atteint, comme indiqué précédemment, 490.000 tonnes en 2013, dépassant ainsi l'objectif de 450.000 tonnes prévues pour 2014. La consommation annuelle par habitant était, elle, de 14,2 kg, tandis que l'objectif initial était de 13,5 kg. Sur le plan législatif, cette période a été marquée par une révision de la réglementation régissant le secteur à travers, notamment, la publication d'un décret relatif au contrôle de salubrité des viandes foraines et la libre circulation des viandes en provenance des abattoirs agréés, mais aussi de deux Cahiers de prescription spéciale (CPS) portant l'un sur les conditions sanitaires et hygiéniques des abattoirs et l'autre sur la gestion déléguée des abattoirs communaux. Par ailleurs, l'encouragement des investissements prévu par ce contrat programme a abouti à l'identification de sept projets d'agrégation. Parmi eux, un abattoir privé agréé est déjà fonctionnel à Meknès et un deuxième affiche un état d'avancement de 95% à Beni Mellal. «Les résultats très prometteurs lors des 5 dernières années nous ont poussés à mettre en place un deuxième contrat programme en avril dernier», a déclaré Aziz Akhannouch, introduisant ainsi le contrat-programme de la filiale des viandes rouges 2014-2020. Pensé pour être un levier de développement, ce nouvel engagement de l'Etat avec les professionnels du secteur vise à dynamiser toutes les activités de la filière, autant en amont qu'en aval. Son implémentation devrait nécessiter une enveloppe budgétaire globale de 5 milliards de dirhams, dont 1,45 MMDH supportés par l'Etat et 3,55 MMDH d'investissements privés. Ce contrat programme prévoit, à l'horizon 2020, l'accroissement de la production qui devrait atteindre 612.000 tonnes, la réduction des coûts de production d'au moins 10%, l'augmentation significative du chiffre d'affaires de la filiale qui devrait atteindre 35 milliards de dirhams, ainsi que la stimulation de la consommation annuelle par habitant avec l'objectif d'atteindre 17,3 kg. La dynamique engendrée par le contrat programme devrait, selon les estimations du ministère, créer pas moins de 80.000 emplois directs à travers la chaîne de production, de transformation, de commercialisation et de distribution des viandes. Clandestinité et manque d'hygiène : Deux points noirs de la filiale Si globalement le bilan de ces cinq dernières années semble positif, quelques dysfonctionnements entachent toujours la chaîne de production du secteur. «Grâce aux efforts que nous avons déployés, les prix ont significativement baissé chez les producteurs, mais cette baisse n'a pas été ressentie chez les consommateurs», a expliqué Hammou Ouhelli, président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR). «Ceci est à mettre sur le compte des intermédiaires très nombreux et qui ne font que parasiter la chaîne de production», a-t-il ajouté. Les questions des abattoirs clandestins et du respect des normes sanitaires et hygiéniques ont, elles aussi, été évoquées par le président de la FIVIAR en tant que freins au développement de la filiale. Les experts de l'ONSSA (Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires) rejoignent, à ce sujet, les inquiétudes des professionnels. «Les abattoirs du Maroc sont, pour la plupart, vétustes et ne répondent pas aux normes sanitaires», a déclaré l'un des représentants de l'ONSSA. Pour faire face à ces dysfonctionnements, les acteurs du secteur s'accordent sur la nécessité d'encourager l'investissement privé pour la création et la gestion des abattoirs. Ce que vaut la filière des viandes rouges au Maroc La filière des viandes rouges pèse au Maroc un chiffre d'affaires de 25 milliards de dirhams et représente 18% du PIB agricole du Royaume. Les fermes agricoles destinées à l'élevage représentent près de 75% de l'ensemble des exploitations agricoles. La filière assure quelque 1,9 million d'emplois directs, soit environ 40% de l'ensemble des emplois agricoles. Le nombre de têtes destinées à la production de viandes rouges en 2013 s'est élevé à 28,6 millions, dont 3,2 millions de bovins, 19,2 millions d'ovins, 6,2 millions de caprins et 200.000 camelins. La consommation annuelle moyenne de viande rouge par habitant a augmenté pendant les cinq dernières années (voir p.4), pour atteindre 14,2 kg. Un taux qui reste tout de même loin de la moyenne mondiale qui est autour de 40 kg. En ce qui concerne les infrastructures du secteur, le Maroc compte plus de 800 abattoirs, dont 182 abattoirs communaux, 711 tueries rurales, un abattoir privé agréé (récemment créé à Meknès) et un abattoir municipal agréé (à Al Hoceima). Trois abattoirs sont en cours de passation en gestion déléguée à Missour, Laâyoune et Taounate, et six projets d'abattoirs privés sont en cours de mise en place à Beni Mellal, Taroudant, El Jadida, Skhirat, Oujda et Rhamna. Le volume global d'investissement dans ces projets est de 585 millions de dirhams.