Un doublé de Balboa, dont un penalty très litigieux, a envoyé la Guinée équatoriale en demi-finale au détriment de la Tunisie (2-1 a.p.), furieuse de l'arbitrage, et avec une fin de match totalement confuse, samedi à Bata. L'équipe du pays organisateur, qui affrontera en demi-finale le vainqueur du quart dominical Ghana-Guinée jeudi à Malabo, accède pour la première fois de son histoire au dernier carré continental, pour sa deuxième participation après 2012, quand elle organisait déjà le tournoi (avec le Gabon). Le match s'est terminé dans la confusion la plus totale: l'arbitre a dû se faire escorter pour rejoindre le vestiaire et ne pas se faire frapper par les joueurs tunisiens, et dont certains l'ont été par les forces de sécurité locales. Le ministre des Sports, Francisco Pascual Obama, est descendu sur la piste d'athlétisme après le coup de sifflet final et a répété une vingtaine de fois, micro en mains: «Nous demandons le calme! Nous demandons le calme!» afin que l'ambiance électrique ne dégénère pas davantage. On appelle la sélection nationale le «Nzalang» (éclair): la soirée était en effet surchargée d'électricité. D'abord avec l'ouverture du score d'Akaichi, à la réception d'un centre de Hamza Mathlouthi et plus prompt que Mbele (70e) pour éteindre le courant. Un silence de mort, convoquant celui du «Maracanazo» de 1950, plombait le stade de Bata, jusqu'alors vibrant de quelque 35.000 supporters vêtus de rouge. ‘Penalty inacceptable' Deuxième coup de théâtre, dans le temps additionnel du temps réglementaire: c'est là que l'arbitre mauricien Rajindraparsad Seechurn accordait un penalty (très) litigieux à Bolado qui venait de tomber aux côtés de Hamza Mathlouthi. La délégation tunisienne et le stade explosaient, mais pas de la même manière, ni pour les mêmes raisons! Et Balboa transformait ce penalty (90e+3), son deuxième dans le tournoi, pour arracher la prolongation. Le sélectionneur belge de la Tunisie, Georges Leekens, avait spontanément évoqué l'arbitrage ces derniers jours, en martelant qu'il faisait «confiance à l'arbitrage», et qu'il avait préparé ses joueurs à toutes les circonstances... Il a fustigé après le match «la grosse erreur» de l'arbitre. Son défenseur «n'a même pas touché le joueur, a-t-il clamé. Je dois protéger mes joueurs et je dois aussi protéger le football. Je suis entraîneur depuis 30 ans, j'ai eu beaucoup d'expériences, j'ai travaillé à l'étranger, mais ça, on ne peut pas l'accepter. Le coup franc, d'accord, il était parfait, mais le penalty est inacceptable». Troisième et dernier coup de théâtre: le coup franc, donc, sublime, en pleine lucarne, du même Balboa (102e), qui ne souffrait cette fois d'aucune contestation et plongeait le stade dans une ivresse indescriptible. Et le défenseur Mbele venait chambrer le banc tunisien et mimer, en dansant, des coups de chicote. Cette fin de match folle contrastait avec une grosse heure sans occasion nette ni réelle sensation. Mais le match était déjà engagé, rude, physique, et les Aigles de Carthage ont mis vingt bonnes minutes pour prendre le contrôle du jeu, mais sans en profiter. Il y avait du caractère dans cette équipe, mais peu de construction, de combinaisons, et une manque criant de lucidité dans les derniers mètres. Les Tunisiens se sont aussi heurtés à l'homme fort du Nzalang nacional, le gardien Ovono, qui a sorti la reprise d'Akaichi (56e) et effectué des sorties judicieuses dans les airs et hors de sa surface. Les Equato-Guinéens, eux, n'ont eu qu'une occasion, quand Nsue perdait son duel face au gardien (83e).Seul Balboa, par sa technique soyeuse et ses feintes de corps, parvenait à bousculer, un peu, le bloc tunisien, mais sans pouvoir se montrer contondant. Jusqu'à ce que les circonstances et son talent sur coups de pied arrêtés ne lui offrent le statut de héros de la nation.