Le faible taux d'accès des femmes aux postes de prise de décision politique au Maghreb est le résultat de "mentalités machistes" plutôt que des législations nationales, ont souligné samedi, à Marrakech les participants à une rencontre maghrébine sous le thème "la femme marocaine et maghrébine et les mutations démocratiques". Un décalage persiste encore entre la réalité effective et la législation notamment en ce qui concerne la mise en œuvre des dispositions des constitutions se rapportant à l'égalité homme-femme et à la parité, ont-ils relevé dans le cadre de cette rencontre de débats organisée par le projet Minbar Al Hurriya en partenariat avec la Fondation Hanns Seidel. "Les pays maghrébins, dont le Maroc et la Tunisie, sont dotés de constitutions très avancées. En dépit de cela, les femmes maghrébines souffrent encore de beaucoup de difficultés au niveau de la participation dans la gestion de la chose politique", a souligné le délégué régional résident de la Fondation Hanns Seidel au Maroc, Jochen Lobah. Et de relever qu'il ne peut y avoir de développement socioéconomique sans la pleine participation des femmes dans la société et la politique. L'enseignant à l'université Cadi Ayyad, Driss Grini, a noté que la question de la participation politique de la femme a suscité un grand débat dans les sociétés maghrébines notamment depuis "le printemps arabe". Il a, dans ce cadre, mis en relief la forte contribution de la femme dans les mutations qu'a connues le monde arabe, notant, par ailleurs, que la représentativité de la femme marocaine à la deuxième Chambre du Parlement (Chambre des Conseillers) reste encore faible. Le chercheur Mohamed El Ghali a, pour sa part, relevé que la justice constitutionnelle au Maghreb reste très "conservatrice" et n'a pas pu s'adapter aux grandes mutations que connait la société, notant dans ce contexte que le juge constitutionnel n'interagit pas assez avec la dynamique politique et sociétale. La représentante de Minbar Al Hurriya, Mme Ikram Adnani, a passé en revue les principaux acquis de la femme marocaine, notamment depuis 2002, ajoutant que le grand défi reste la mise en œuvre des dispositions de la constitution. La participation politique de la femme reste globalement faible, a relevé pour sa part le chercheur, Mohamed Ben Talha, ajoutant que le changement des mentalités n'a pas accompagné les grandes réformes législatives au Maroc. L'intervenant a appelé à la consécration de la culture de l'égalité Homme-femme et à œuvrer à éradiquer ce qui est de nature à entraver encore la pleine participation politique de la femme. Les participants à ce conclave débattent de thèmes se rapportant notamment aux "nouveautés des droits de la femme dans la nouvelle constitution", "la participation politique de la femme", "la participation politique de la femme en Turquie" et "la participation de la femme entre réalité et défis". Des chercheurs maghrébins exposeront les expériences de leurs pays dans le domaine de participation politique de la femme. Fondée en 1966, La Fondation Hanns Seidel participe dans plus de 60 pays à plus de 103 projets. Elle a pour vocation la promotion de la démocratie, de la paix et du développement.