Le leader syndicaliste et ancien ambassadeur Taïeb Ben bouazza est décédé la semaine dernière en Suède, où il résidait depuis sa retraite de la diplomatie et de l'activisme politique. Le défunt avait 92 ans et fut inhumé samedi dernier au cimetière Acchouhada à Casablanca en présence de nombreux proches et personnalités ayant fréquenté Si Ben Bouazza dans sa longue et riche carrière. Né le 1er Mars 1923 à Berkane, Taîeb ben Bouazza a fait ses études primaires dans cette ville avant de poursuivre ses études secondaires au prestigieux lycée Moulay Youssef de Rabat. Il s'intégra prématurément dans le mouvement et l'action militants, ce qui lui valut d'être arrêté dès 1944, puis à nouveau en 1948 et en 1952. Il fut élu, en 1951, Secrétaire Général de l'Union Générale des Syndicats Confédérés du Monde (UGSCM). Le 5 Janvier 1955, il fonda, aux côtés de plusieurs autres militants syndicalistes le Comité d'Organisation pour l'Etablissement et le Développement du Syndicalisme Libre au Maroc, dont il fut nommé le Secrétaire. Il est d'ailleurs auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, dont un d'anthologie, « La naissance du syndicalisme libre au Maroc », publié en 1992 et préfacé par maître Mohamed Elyazghi. Le défunt devait par la suite remplir les fonctions de Secrétaire Général de l'Union Marocaine du Travail (UMT) à partir du 20 Mars 1955 puis de Secrétaire Général-adjoint jusqu'en 1959, après avoir cédé son poste à Mahjoub Ben Seddik. Ce grand leader syndicaliste n'a jamais cessé de perdurer des rapports serrés et constants avec les membres de la Résistance et de l'Armée de Libération pour la coordination de la lutte pour la libération du joug du colonialisme. Taïeb Ben Bouazza fut, par ailleurs, membre de la Commission politique du parti de l'Istiqlal, composée alors d'hommes politiques, de syndicalistes et de résistants. Il fut de même Président de la Commission Sociale à l'Assemblée Nationale Consultative. On lui doit aussi d'avoir représenté le Maroc dans plusieurs conférences internationales, notamment à l'ONU, à l'OIT et à l'OUA et a ardemment participé à la bataille diplomatique pour la libération du Sahara Marocain. En effet, monsieur Taïeb Ben Bouazza entra de plain-pied dans l'activité diplomatique, puisqu'il fut nommé dès 1959 Ambassadeur du Maroc en ex-Yougoslavie, puis en Scandinavie de 1961 à 1965, au Ghana et occupa d'autres fonctions et postes de haut acabit. C'est un témoin privilégié du Maroc contemporain qui vient de nous quitter, témoignage qu'il avait décidé de pérenniser dans plusieurs ouvrages qu'il publia de son vivant, et sans doute d'autres à titre posthume grâce aux efforts de ses descendants, en particulier son fils, M. Ferhat, lui-même actuellement Ambassadeur du Maroc.