Vue de Bagdad et de la tour Mamoun. Une délégation saoudienne est attendue dans les prochains jours à Bagdad pour préparer la réouverture de l'ambassade du royaume wahhabite dans la capitale plus irakienne, fermée depuis un quart de siècle. Une délégation saoudienne est attendue dans les prochains jours à Bagdad pour préparer la réouverture de l'ambassade du royaume wahhabite dans la capitale irakienne, fermée depuis un quart de siècle, a annoncé samedi l'agence de presse saoudienne SPA. Un dégel dans les relations entre l'Arabie saoudite sunnite et l'Irak dirigé par les chiites est de nature à renforcer l'alliance des Etats de la région contre les visées expansionnistes de l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) qui s'est emparé de vastes territoires en Irak et en Syrie. L'Arabie saoudite a fermé les portes de son ambassade en Irak en 1990, lors de l'invasion du Koweït par les troupes du dictateur irakien Saddam Hussein. Ryad a longtemps accusé Bagdad d'être trop proche de l'Iran chiite, son grand rival régional, et de favoriser les discriminations contre les sunnites, malgré les dénégations de Bagdad. Un mouvement de rapprochement a été esquissé par l'Arabie saoudite après la nomination en août dernier d'Haïdar al Abadi à la tête d'un gouvernement irakien plus représentatif des différentes communautés. Certains dignitaires de la dynastie des Saoud, à la tête du royaume wahhabite, n'avaient pas hésité à traiter le précédent Premier ministre irakien, Nouri al Maliki, de marionnette de l'Iran, selon des câbles de l'ambassade des Etats-Unis publiés par le site internet lanceur d'alertes WikiLeaks. Ils l'accusaient aussi de diriger l'Irak au nom des seuls chiites. Les Saoudiens comptent également ouvrir un consulat général à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. L'équipe saoudienne est attendue à Bagdad pour choisir les bâtiments qui accueilleront les deux représentations, de façon à ce que les travaux commencent «dès que possible», écrit l'agence SPA. Selon Moustafa Alani, analyste irakien proche du gouvernement saoudien, la décision de Ryad a été non seulement déclenchée par le changement de Premier ministre en Irak mais aussi par la menace constituée par l'EI, qui a opéré une percée éclair en Irak en juin. «Les Saoudiens pensent que (...) s'ils laissent M. Abadi sans aide, il sera contraint d'aller vers les Iraniens», estime Moustafa Alani. «Avec un leadership et des circonstances qui ont changé, ils pensent qu'il est temps de ramener l'Irak (...) dans le giron arabe et de réduire l'influence de l'Iran.»