Les Etats-Unis veulent viser les «sanctuaires» du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, mais ils n'enverront pas de soldats au combat en Irak, a insisté la Maison Blanche pour tempérer les propos d'un général qui avait évoqué cette hypothèse. Selon le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey, le Pentagone n'exclut plus d'envoyer certains de ses conseillers militaires au combat pour épauler l'armée irakienne dans son offensive contre les jihadistes. «Si nous en arrivons au point où j'estime que nos conseillers doivent accompagner les troupes irakiennes dans leur offensive contre des cibles de l'Etat islamique, c'est ce que je recommanderai au président», a-t-il dit au Sénat. Pour autant les missions de ces conseillers, qui devraient représenter à terme 600 hommes, se feraient «au cas par cas». Mais la Maison Blanche s'est empressée de tempérer ces déclarations. Pour Josh Earnest, le porte-parole de Barack Obama, M. Dempsey «se fondait sur un scénario hypothétique (...) dans lequel il formulerait une recommandation tactique au président concernant l'usage de troupes au sol». Et de marteler que le déploiement de soldats américains au combat n'était pas à l'ordre du jour. Chose assez inhabituelle, le porte-parole de M. Dempsey, le colonel Ed Thomas, est lui aussi revenu sur les propos du général. Le chef d'état-major interarmées «ne pense pas qu'il y ait un besoin militaire (qui justifie) que nos conseillers accompagnent au combat les soldats irakiens». La discussion portait sur «la manière dont nos forces conseillent les Irakiens (...) et pas sur l'utilisation d'unités américaines de combat au sol», a souligné M. Thomas. En ce qui concerne la Syrie, le secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, a annoncé que la campagne aérienne viserait «les sanctuaires de l'Etat islamique», soit «ses centres de commandement, ses capacités logistiques et ses infrastructures». Cette campagne «sera acharnée et longue», a renchéri le général Dempsey. Nouvelles frappes près de Bagdad Depuis le 8 août, les forces américaines ont lancé 167 raids contre des cibles jihadistes en Irak. Jusqu'à maintenant, ils se déroulaient dans le nord et l'ouest du pays. Mais lundi le Centcom, le commandement militaire américain chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale, avait annoncé une première frappe aérienne près de Bagdad. Et au cours des dernières 24 heures, les forces américaines ont de nouveau mené des raids au sud-ouest de la capitale irakienne. Au plan stratégique, le président américain s'est entretenu avec le général à la retraite John Allen, chargé de mener la coalition internationale contre le groupe EI. M. Obama a, selon la Maison Blanche, «insisté sur la nécessité de mettre en place une coalition robuste avec une large participation internationale». A ce propos, le Premier ministre canadien, Stephen Harper, a annoncé que 69 soldats des forces spéciales canadiennes avaient été déployés dans le nord de l'Irak pour aider les troupes irakiennes à repousser l'EI. A Bagdad, le Premier ministre, Haïdar al-Abadi, a encaissé un coup dur après que le Parlement eut rejeté les personnalités qu'il avait proposées pour les postes de ministres de la Défense et de l'Intérieur, laissant ainsi vacantes ces positions clés. Face à l'offensive lancée contre le groupe EI, les branches maghrébine (Aqmi) et yéménite (Aqpa) d'Al-Qaïda ont exhorté dans un communiqué commun leurs «frères moujahidines en Irak et au Levant à cesser de s'entretuer et à s'unir contre la campagne de l'Amérique et de sa coalition diabolique». L'appel se réfère aux divergences entre le groupe EI, qui a pris ses distances avec Al-Qaïda et proclamé un califat sur une partie de l'Irak et de la Syrie, et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda. A la coalition anti-EI, les deux branches d'Al-Qaïda «promettent des journées noires», une menace à peine voilée contre les Occidentaux et leurs alliés arabes. Cet appel commun a été publié au lendemain de l'engagement pris par 27 pays arabes et occidentaux et trois organisations internationales de «soutenir le nouveau gouvernement irakien» par «tous les moyens nécessaires, y compris une aide militaire appropriée». Aux Etats-Unis, un Américain d'origine yéménite a été inculpé mardi pour avoir fourni un soutien matériel au groupe EI en recrutant des membres pour l'organisation jihadiste. Moufid Elfgeeh, naturalisé américain, a tenté d'enrôler trois personnes, dont deux travaillaient comme informateurs avec le FBI, pour le compte de l'EI. Cet homme a été également inculpé de tentative de meurtre pour avoir conspiré en vue de tuer des soldats à leur retour d'Irak. Les conseillers militaires américains pourraient aller au front en Irak Le Pentagone pourrait envoyer ses conseillers militaires au front avec l'armée irakienne pour lutter contre le groupe Etat islamique, a indiqué le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey. «Si nous en arrivons au point où j'estime que nos conseillers doivent accompagner les troupes irakiennes dans leur offensive contre des cibles de l'Etat islamique, c'est ce que je recommanderais au président» Barack Obama, a déclaré le général Dempsey lors d'une audition au Sénat. Ses déclarations contrastent avec les assurances répétées du président Barack Obama de n'envoyer aucune troupe américaine au combat en Irak, un peu plus de deux ans et demi après le retrait des derniers soldats américains du pays. A l'heure actuelle, près de 300 conseillers militaires américains épaulent l'armée irakienne dans ses efforts contre le groupe Etat islamique, auteur d'une fulgurante offensive au nord du pays. Quelque 300 autres conseillers devraient bientôt arriver en renfort. Le général Dempsey a pris soin d'expliquer que ces conseillers n'ont aucunement vocation à être impliqués directement dans les combats. Mais, si les circonstances venaient à l'exiger, et l'armée irakienne organisait une opération «extraordinairement complexe», ces conseillers seraient alors appelés à «fournir des conseils en combat rapproché» aux troupes irakiennes se battant sur le front, a encore expliqué le général. Aqmi et Aqpa appellent à l'unité des jihadistes contre la coalition anti-EI Les branches maghrébine (Aqmi) et yéménite (Aqpa) d'Al-Qaïda ont appelé les jihadistes en Irak et en Syrie à s'unir contre la coalition hostile au groupe de l'Etat islamique (EI), dans un communiqué commun. Dans ce communiqué sans précédent, les deux groupes exhortent leurs «frères moujahidines en Irak et au Levant à cesser de s'entretuer et à s'unir contre la campagne de l'Amérique et de sa coalition diabolique qui nous guette tous». «Faites de votre rejet de la mécréance un facteur d'unité», ajoutent les deux organisations à l'adresse des groupes jihadistes traversés par des divergences entre le groupe de l'EI et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaida. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa - fusion des branches saoudienne et yéménite de l'organisation) sont restés fidèles au chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri, qui est très critique du groupe de l'EI. Cet appel s'adresse aussi à l'opposition syrienne modérée qui cherche à renverser le président Bachar al-Assad et est soutenue par les Etats-Unis et leurs alliés arabes. Aqmi et Aqpa invitent ainsi, dans leur communiqué, «tous ceux qui ont pris les armes contre le tyran Bachar et ses milices à ne pas se laisser berner par l'Amérique, et à ne pas devenir leurs pions». Les deux branches sollicitent également les tribus sunnites d'Irak et de Syrie pour qu'elles «n'oublient les crimes des Etats-Unis (...) et qu'elles ne fassent pas partie de la coalition». Les Etats-Unis, qui ont déjà mené plusieurs raids aériens contre les jihadistes du groupe EI en Irak, tentent de bâtir une large coalition impliquant des pays arabes pour «anéantir» ces jihadistes qui occupent de larges pans des territoires irakien et syrien. L'Iran a rejeté une demande de coopération américaine L'Iran a rejeté une demande de coopération des Etats-Unis contre le groupe jihadiste de l'Etat islamique (EI), a déclaré le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, selon son site officiel. Dès les premiers jours de l'offensive des jihadistes, «les Etats-Unis via leur ambassadeur en Irak ont demandé une coopération contre Daesh (acronyme en arabe de l'EI, ndlr). J'ai refusé car ils ont les mains souillées», a déclaré l'ayatollah Khamenei, à la sortie de l'hôpital où il a été opéré de la prostate. «Le secrétaire d'Etat américain (John Kerry) a également demandé personnellement à (son homologue iranien) Mohammad Javad Zarif et il a refusé», a ajouté le numéro un iranien. Il a estimé que les Etats-Unis cherchaient «un prétexte pour faire en Irak et en Syrie ce qu'ils font au Pakistan, bombarder les endroits qu'ils veulent sans autorisation» du gouvernement pakistanais, en référence aux attaques de drones sur les bases des talibans. Pays voisin et allié de l'Irak, l'Iran n'a pas été invité à la conférence qui réunit lundi à Paris les représentants d'une vingtaine de pays, notamment les pays arabes du Golfe, pour définir le rôle de chacun dans la coalition internationale voulue par Washington pour combattre l'Etat islamique. John Kerry a estimé vendredi que la participation de Téhéran à cette conférence «ne serait pas adéquate», notamment en raison de «l'implication de l'Iran en Syrie et ailleurs». L'Iran est le principal allié régional du régime syrien et considère l'ensemble de la rébellion armée comme des terroristes. Cette absence a été regrettée par les dirigeants irakiens. Le président Fouad Massoum a affirmé que l'Iran avait fourni des les premiers jours de l'offensive des jihadistes une aide humanitaire et militaire à l'Irak et aux Kurdes irakiens. Pour lutter contre le groupe jihadiste qui a conquis de larges pans de territoire en Irak et en Syrie, l'Iran prône le renforcement des «gouvernements irakien et syrien qui luttent de manière sérieuse contre le terrorisme», a par ailleurs déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, cité lundi par l'agence Isna.