Les jihadistes de l'Etat islamique (EI) suscitaient mercredi l'indignation mondiale après avoir revendiqué la décapitation d'un deuxième journaliste américain, Steven Sotloff, en réponse aux frappes des Etats-Unis qui ont annoncé l'envoi de 350 soldats supplémentaires en Irak. Quatorze jours après la décapitation du journaliste américain James Foley, l'EI a mis à exécution ses menaces de tuer le reporter Sotloff qui aurait été enlevé en août 2013 en Syrie, selon une vidéo publiée par le groupe de surveillance des sites jihadistes SITE. L'EI, qui a proclamé un califat sur les vastes régions conquises ces derniers mois en Irak et Syrie, a menacé en outre de tuer un troisième otage, un Britannique identifié comme David Cawthorne Haines, montré dans la vidéo.Ces annonces macabres, dernière démonstration en date de la brutalité de l'EI, ont été faites juste avant le départ du président américain Barack Obama pour l'Estonie, à la veille du sommet de l'OTAN jeudi au pays de Galles. M. Obama, qui a indiqué jeudi dernier n'avoir pas encore de stratégie pour combattre l'EI, qualifié de «cancer», a ordonné l'envoi de 350 soldats à Bagdad pour protéger le personnel et les locaux diplomatiques. Ils s'ajoutent aux 470 soldats déjà déployés depuis le lancement le 9 juin de l'offensive jihadiste. Washington a également poursuivi ses frappes aériennes, commencées le 8 août, qui ont permis aux forces irakiennes et kurdes d'infliger des revers ces derniers jours à l'EI au nord de Bagdad, en reprenant plusieurs secteurs notamment la ville d'Amerli qui fut assiégée pendant plus de deux mois par l'EI. Les Occidentaux et l'ONU, qui semblent dans l'immédiat incapables de stopper les atrocités commises par l'EI aussi bien en Irak qu'en Syrie, ont condamné la décapitation du journaliste américain, comme ils l'avaient fait pour James Foley. Consultations à l'OTAN La Maison Blanche a confirmé mercredi l'authenticité de la vidéo de cinq minutes après avoir exprimé sa consternation. «Les services de renseignement américains ont analysé la vidéo diffusée récemment et montrant le ressortissant américain Steven Sotloff et ont estimé qu'elle était authentique», a indiqué Caitlin Hayden, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. Elle a indiqué que M. Obama consulterait les alliés de l'Otan pour «développer une coalition internationale afin de dessiner une stratégie», et annoncé qu'elle continuerait à appuyer l'Irak dans son combat contre l'EI, un groupe dont se sont dissociés d'importantes organisations et de hauts dignitaires musulmans dans la région et le monde. Le Premier ministre britannique David Cameron a qualifié la nouvelle vidéo d'»absolument écœurante et ignoble», et devait réunir le comité d'urgence du gouvernement. Comme le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le président français François Hollande a condamné un «acte barbare» et le président du Conseil italien Matteo Renzi a souhaité que l'Otan s'implique. Intitulée «deuxième message à l'Amérique», la vidéo montre Steven Sotloff, à genoux, vêtu d'une blouse orange. Debout à côté de lui, un homme masqué, vêtu de noir et armé d'un couteau, condamne les frappes américaines et porte son arme à la gorge du journaliste de 31 ans. Le bourreau, qui s'exprime avec un accent britannique, présente ensuite à la caméra un autre otage, le Britannique David Cawthorne Haines, et menace de l'exécuter. ‘Je suis de retour Obama' «Je suis de retour, Obama, et je suis de retour à cause de ton arrogante politique étrangère envers l'EI», déclare l'homme masqué. Cette mise en scène est en tout point semblable à celle de la vidéo diffusée le 19 août, où un jihadiste aussi à l'accent britannique décapitait le journaliste James Foley, âgé de 40 ans, et enlevé en 2012 en Syrie. L'homme avait ensuite indiqué que Sotloff -montré alors dans la vidéo- serait le prochain, si les frappes aériennes ne cessaient pas. Sotloff, qui travaillait pour les journaux Time et World Affairs, aurait été kidnappé le 4 août 2013 à Alep en Syrie, mais son enlèvement avait été tenu secret. Sa famille, par l'intermédiaire d'un porte-parole, a fait savoir qu'elle était «au courant de cette horrible tragédie» et qu'elle pleurait «sa mort dans l'intimité». Par ailleurs, sur le front en Irak, l'armée ainsi que les milices chiites et les combattants kurdes poursuivaient leurs opérations contre l'EI au nord de Bagdad, qu'ils ont chassé ces derniers jours de plusieurs localités et de portions d'une autoroute stratégique, avec le soutien aérien américain. Ces succès, même s'ils sont d'une ampleur limitée, sont importants pour le moral des troupes qui avaient été complètement dépassées par les jihadistes au début de leur offensive. A Bagdad, le Parlement devait tenir une session d'urgence sur les soldats disparus au lendemain d'une violente manifestation de leurs proches. Quelque 1.700 soldats s'étaient rendus à l'EI en juin. En Syrie voisine, une équipe de négociateurs de l'ONU est arrivée sur le Golan pour tenter d'obtenir la libération de 40 Casques bleus fidjiens retenus depuis jeudi dernier par le Front al-Nosra, branche syrienne d'al-Qaïda.