Au Pakistan, 141 personnes dont 132 écoliers ont été tuées mardi dans une école accueillant des enfants de militaires à Peshawar, dans le nord-ouest du pays. Les assaillants, au nombre de six, sont passés de classe en classe pour exécuter les enfants. Le massacre a été revendiqué par les talibans pakistanais, qui entendaient ainsi se venger de l'offensive menée depuis le mois de juin par l'armée pakistanaise dans leur bastion du Waziristan. Ce mercredi, le Pakistan a annoncé la levée de son moratoire sur la peine de mort dans les affaires de terrorisme. Ce mercredi matin, il y a encore énormément d'agitation dans cet hôpital où la plupart des victimes ont été amenées mardi. Beaucoup de gens, y compris des proches des victimes, des victimes elles-mêmes mais aussi des survivants de l'attaque, sont toujours à l'hôpital, même s'ils ne sont pas nécessairement blessés. Ils sont venus réconforter leurs amis, leurs proches, leurs camarades d'école. Un adolescent de 14 ans raconte qu'il se trouvait dans l'amphithéâtre de l'école avec des centaines d'élèves. Il suivait un cours de premiers soins donné par des officiers de l'armée pakistanaise. A ce moment, les assaillants ont fait irruption et se sont mis à tirer. Il a survécu, mais il se trouve encore dans cet hôpital, sous le choc de ce qu'il s'est passé. Le jeune Pakistanais explique que ceux qui se sont couchés par terre, comme lui, ont survécu. Les autres, qui sont restés debout, sont morts. Sécurité renforcée Une vingtaine de patients ont été traités par l'hôpital de Peshawar. Plusieurs ont été opérés mardi et d'autres le seront ce mercredi. Sur place, on compte aussi beaucoup de gardes armés. De nombreux policiers sont déployés dans l'hôpital et autour de l'établissement. On sent que les autorités sont encore véritablement « sur les dents » ce mercredi à la suite de l'attaque meurtrière. Plusieurs personnalités politiques ont fait le déplacement mardi. Elles se sont présentées entre autres pour apporter leur réconfort aux victimes. Une réunion a été organisée avec le Premier ministre Nawaz Sharif, et 17 des plus grands partis politiques un peu plus tard à Peshawar. L'objectif était, sans doute, de discuter des leçons à tirer de cette attaque, mais aussi de ce qu'il faudra faire pour que l'horreur ne se reproduise plus à Peshawar ni ailleurs. Mardi, le Premier ministre avait déjà évoqué une éventuelle intensification de l'opération militaire, qui a lieu déjà depuis six mois dans le nord-ouest du pays à la frontière avec l'Afghanistan. Il faudra donc voir si c'est effectivement la voie qui sera suivie. On en saura certainement un peu plus dans les prochains jours. Des condamnations de toutes parts Barack Obama, le président américain, a parlé d'une « attaque terrifiante et odieuse ». « Aucune cause ne peut justifier ces horreurs », a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. De son côté, le président français François Hollande parle d'un « acte ignoble ». Quant au député UMP Pierre Lellouche, membre de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, il estime que « cette attaque relève d'un fanatisme absolu ». Le Pakistan lève son moratoire sur la peine de mort dans les cas de terrorisme Au lendemain de l'attaque de talibans contre une école de Peshawar, le Pakistan a annoncé, mercredi 17 décembre, la levée de son moratoire sur la peine de mort dans les cas de terrorisme.. Au Pakistan, les condamnations à mort sont relativement fréquentes, mais cette sentence n'était plus appliquée depuis 2008, hormis dans un cas lié à la cour martiale, le pays respectant un moratoire sur la peine capitale. 8 000 CONDAMNÉS À MORT Le premier ministre, Nawaz Sharif, arrivé au pouvoir à l'issue des législatives de mai 2013, avait jonglé avec la possibilité de réintroduire la peine de mort, un projet alors dénoncé par des organisations de défense des droits de l'homme et des diplomates européens. « Il a été décidé [par un comité ministériel] que le moratoire devait être levé. Le premier ministre a approuvé cette décision », a déclaré un porte-parole du gouvernement. Selon Amnesty International, environ 8 000 condamnés à mort se trouvent actuellement dans les prisons pakistanaises. Les organisations de défense des droits de l'homme dénoncent aussi le fait que certains d'entre eux ont été jugés par des tribunaux antiterroristes, réputés plus efficaces, même si leurs crimes ne sont pas liés directement à des affaires de terrorisme, Le maintien du moratoire avait été considéré comme l'un des points-clés ayant permis au Pakistan d'obtenir il y a un an le statut « GSP+ » lui permettant d'exporter sans barrière tarifaire de nombreux produits, notamment le textile, vers l'Union européenne, son premier partenaire économique.