Les avions de l'armée pakistanaise ont bombardé mardi matin une zone rebelle du nord-ouest, tuant au moins 15 «terroristes» selon les militaires, au lendemain de la sanglante et spectaculaire attaque de l'aéroport de Karachi par des insurgés talibans. L'armée ajoute avoir détruit «neuf repaires de terroristes ont été détruits» par ces frappes menées dans la vallée de Tirah, dans la zone tribale de Khyber, dans un communiqué dont le bilan ne pouvait être confirmé de source indépendante. La pression s'est accrue sur les autorités pakistanaises depuis qu'un commando taliban lourdement armé a pris d'assaut l'aéroport de Karachi mené dans la nuit de dimanche à lundi, une attaque qui a fait 20 morts en plus des dix assaillants. Les talibans revendiquent la 2e attaque à l'aéroport de Karachi Le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal groupe rebelle islamiste du pays, a revendiqué la brève attaque menée mardi dans la matinée à l'aéroport de Karachi, la seconde en deux jours. Le TTP avait déjà revendiqué la responsabilité de la première attaque contre cet aéroport, un assaut commando de 12 heures qui a coûté la vie à 37 personnes, dont les 10 assaillants, dans la nuit de dimanche à lundi. L'assaut a été revendiqué par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal groupe rebelle islamiste du pays et proche d'Al-Qaïda, dont les innombrables attaques contre le gouvernement ont fait plus de 6.000 morts depuis 2007. L'attaque symbolise selon plusieurs analystes l'échec de la stratégie d'apaisement du gouvernement du Premier ministre Nawaz Sharif qui a proposé ces derniers mois au TTP d'ouvrir des négociations de paix. Et elle a relancé les appels d'une partie de la société civile à ne pas faire de concessions au TTP et à lancer une offensive militaire d'ampleur dans les bastions du TTP, notamment la zone tribale du Waziristan du Nord, pour neutraliser le groupe rebelle. Mais l'armée s'y est jusqu'ici refusée, préférant répondre à aux attaques rebelles par des bombardements ciblés dans les zones tribales, comme cela a de nouveau été le cas mardi matin. Car si Khyber abrite nombre de groupes rebelles islamistes, notamment le Lashkar-e-Islam, elle n'est pas le principaux bastion du TTP comme peut l'être le Waziristan du Nord. Les alliés occidentaux du Pakistan n'ont eux aussi cessé ces dernières années d'appeler Islamabad à intervenir militairement au Waziristan du Nord pour y éradiquer les repaires islamistes qui y abritent également des combattants étrangers d'Al-Qaïda. Mais le gouvernement s'y est jusqu'ici refusé, par peur des attentats chez lui en représailles mais aussi parce que la zone est stratégique en raison de son influence dans l'Afghanistan voisin, lequel se trouve dans une année décisive à l'approche du retrait des forces de l'Otan à la fin de l'année, selon nombre d'observateurs. L'attaque de Karachi nourrit toutefois les rumeurs que l'armée se prépare finalement à passer à l'offensive au Waziristan. Ces tout derniers jours, des dizaines de milliers d'habitants de cette zone tribale ont fui leurs foyers par peur d'une opération terrestre imminente de l'armée, a indiqué lundi soir responsable gouvernemental à Peshawar, la principale ville du nord-ouest.