L'armée pakistanaise a intensifié ces dernières semaines ses opérations dans une vallée du nord-ouest pour repousser les talibans, de plus en plus présents autour de la ville stratégique de Peshawar, et tenter de sécuriser la zone en vue des élections de mai. Réputée incontrôlable, la vallée de Tyrah, coincée entre des montagnes abruptes aux cimes enneigées et constellées de grottes, dans le district tribal de Khyber, est devenu l'un des sanctuaires du Mouvement des talibans pakistanais (TTP), le principal groupe rebelle islamiste du pays. L'instabilité de cette région montagneuse et mafieuse menace à la fois les convois de l'Otan en route ou qui reviennent de l'Afghanistan voisin et Peshawar, centre nerveux du nord-ouest situé à une centaine de km de là et théâtre d'intenses rivalités à l'approche des élections législatives du 11 mai. Ces élections sont considérées comme cruciales pour la stabilisation démocratique au Pakistan, car pour la première fois de l'histoire agitée de ce pays, un gouvernement civil élu vient de terminer un mandat complet de cinq ans. Autre première historique, les partis politiques pourront participer aux élections dans les sept zones tribales semi-autonomes qui bordent l'Afghanistan, dont celle de Khyber. Or les talibans pakistanais, mélange de milices islamistes et de groupes mafieux, ont fait de ces régions démunies et reculées leurs bastions. Ils ont appelé au boycott du scrutin et déjà assassiné plusieurs personnalités politiques locales ces derniers mois. Des insurgés ont attaqué les bureaux de Mutahir Zeb, le principal responsable gouvernemental de Khyber. Six personnes ont été tuées, mais M. Zeb s'en est sorti indemne.