Ironie du sort. C'est à plus de 5 000 km de distance que l'ex-couple présidentiel ivoirien sera jugé. L'un, Laurent Gbagbo, sera jugé à une date qui n'est pas encore déterminée par la Cour pénale internationale (CPI), aux Pays Bas. L'autre, Simone Gbagbo, comparaitra le 22 octobre prochain par une Cour d'assises composée de trente-six jurés qui viennent d'être désignés à Abidjan. Un procès tant attendu en Côte d'Ivoire et sur le reste du continent en raison des circonstances dans lesquelles ont été arrêtés Simone Bgagbo et son mari au lendemain de la crise post-électorale. Une crise qui a fait plus de 3000 morts Cette annonce de juger celle qui fût longtemps surnommée la dame de fer de la Côte d'Ivoire par la justice de son pays alors que la CPI continue de demander, en vain, son transfert à La Haye pour répondre aux accusations de crimes contre l'humanité est de nature à instaurer un climat de paix. Mieux, Face aux interrogations de la CPI quant aux capacités de l'appareil judiciaire ivoirien, des procès verbaux des interrogatoires de Simone Gbagbo, conduits par le doyen des juges d'instruction, ont été produits auprès de la CPI pour attester du sérieux de la procédure. En décidant de juger sur son sol, les autorités ivoiriennes montrent, à travers cette décision, qu'elles ont une justice d'équité. D'ailleurs, Simone Gbagbo fait partie des plus de 80 cadres du Front populaire ivoirien dont le procès débutera également à la même date. Des personnalités comme Pascal Affi Nguessan, Gilbert Marie Aké N'Gbo, Sangaré Abou Dramane ou Michel Gbagbo sont notamment concernés. Les avocats seraient en négociation concernant les conditions de comparution de leurs clients. A ce sujet, et selon la loi en vigueur, le procureur de la République a notamment la possibilité de les faire comparaître en liberté ou de les transférer à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) et de les placer sous écrou jusqu'à la fin du procès. A peine rendu public, ce procès que les langues délient. Pour Florent Geel, directeur du bureau Afrique de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme « Ce procès de Simone Gbagbo, c'est une bonne nouvelle pour montrer que la justice avance en Côte d'Ivoire et c'est une mauvaise nouvelle dans le sens où ce procès ne concernera pas les crimes et les violations des droits de l'homme commis lors de la crise post-électorale, puisqu'il s'agit de ce qu'on appelle un procès pour atteinte à la sûreté de l'Etat en Côte d'Ivoire. » Un avis diamétralement opposé à la démarche de l'Etat ivoirien. A ce sujet, Bruno Koné, ministre des Postes et des Technologies de l'Information et des Communications et porte-parole du gouvernement, est catégorique. Selon lui, « le souhait du gouvernement est que ce procès permette de faire éclore la vérité sur les tenants et aboutissants de la crise post-électorale, afin que plus jamais notre pays ne revive une telle situation. » Toujours est-il que Simone Gbagbo, Simone Gbagbo, 65 ans, devra répondre à ses actes. Elle qui a mené une vie présidentielle au goût de nectar empoisonné, qu'elle boira jusqu'à la lie. Simone Gbagbo parcours de guerrière * 20 juin 1949 : Naissance à Moossou (Grand-Bassam) * 1966 : Jeune lycéenne à Abidjan, elle mène sa première grève et subit sa première interpellation policière * 1972 : Étudiante, elle intègre un groupe révolutionnaire clandestin, la cellule Lumumba * 1973 : Elle fait la connaissance de Laurent Gbagbo, autre étudiant révolutionnaire * 1982 : Création dans la clandestinité du FPI, puis exil français de Laurent Gbagbo pendant près de six ans * 1989 : Ils se marient discrètement à Abidjan Février * 1992 : Sévèrement maltraitée par les forces de l'ordre, elle se réfugie dans la religion * 1995 : Élue députée, c'est son premier mandat